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Culture - Qui sont les publics des archives ?

Ils sont étudiants, chercheurs, généalogistes, visiteurs des Journées du patrimoine... et avant tout curieux. Une étude du service interministériel des archives de France dresse des portraits surprenants des différents publics des archives départementales.

Le service interministériel des archives de France publie une étude originale intitulée "Qui sont les publics des archives ?" et sous-titrée "Enquêtes sur les lecteurs, les internautes et le public des activités culturelles dans les services publics d'archives (2013-2014)". L'étude remonte à 2015, mais ses enseignements restent bien évidemment valables. Le "s" de publics n'est pas anodin, car ce travail met en évidence la grande diversité des utilisateurs des archives : étudiants, chercheurs, généalogistes, simples curieux, mais aussi visiteurs des Journées du patrimoine ou des expositions organisées par les services d'archives. Parmi les 28.500 questionnaires exploités, figurent ainsi 4.200 visiteurs des Journées européennes du patrimoine (JEP), 5.680 lecteurs et 18.560 internautes. En termes de typologie, l'enquête a été administrée dans 98 services d'archives : 2 services à compétence nationale, 56 archives départementales et 40 archives municipales.

Des profils atypiques

L'étude met en évidence "un profil sociodémographique atypique par rapport aux autres publics des patrimoines". Contrairement à ce qu'on aurait pu imaginer, le public est plus populaire que dans les musées : presque 40% des visiteurs des JEP et 50% des internautes ont un niveau inférieur ou égal au bac (contre un peu plus de 20% pour le public des musées). En revanche, le profil des lecteurs se rapproche de celui du public des monuments nationaux avec une prévalence des niveaux d'études supérieures (57% de niveau égal ou supérieur à bac +3).
Malgré cette différence de niveau d'études initial, les publics des archives sont très familiers du patrimoine et des pratiques culturelles, avec une fréquentation des lieux culturels et une pratique associative très supérieures à la moyenne nationale, ainsi qu'un fort attrait pour l'histoire (sept lecteurs et internautes sur dix fréquentent les musées et expositions historiques, contre un tiers de l'ensemble des Français).

Des publics très branchés

En termes démographiques, les lecteurs et les internautes sont plutôt âgés (54 ans de moyenne d'âge pour les lecteurs et 60 ans pour les internautes), tandis que les visiteurs des JEP sont un peu plus jeunes (51 ans). Ce profil d'âge n'empêche pas 77% des lecteurs et 83% des internautes de se connecter quotidiennement, contre 62% des Français. Un quart des lecteurs et internautes possèdent un compte Facebook et 5% un blog. La distinction entre lecteurs et internautes est d'ailleurs assez artificielle, puisque sept lecteurs sur dix utilisent également les archives par internet.
Tous les publics des archives manifestent un niveau de satisfaction élevé (entre 78% et 98% de "bien" et "très bien"). L'indice de recommandation est en revanche plus disparate. Le meilleur taux est attribué par les lecteurs (40%), ce qui est supérieur à celui affiché par les villes d'art et d'histoire (33%), les monuments (31%) et les musées (19%). Les visiteurs des JEP affichent un taux de recommandation de 32% et les internautes sont nettement plus sévères, avec 16%.

Des lecteurs fidèles

Autre élément intéressant : les motifs de la visite des lecteurs sont avant tout la recherche historique (50%) et la recherche généalogique (40%). Il s'agit en l'occurrence de lecteurs fidèles, puisque plus des deux tiers sont déjà venus en salle de lecture. Avant de venir, ils ont majoritairement consulté le site internet (69%) ou demandé conseil auprès d'un tiers (forum, réseaux sociaux : 6%).
Enfin, les internautes sont de gros consommateurs de données. La rubrique la plus consultée est celle des documents numérisés (93%), suivie par les bases de données (39%) et les instruments de recherche (21%), et cela dans un but de recherche généalogique (95%). La recherche historique, qui totalise 14%, "se présente comme un axe à développer". Les documents numérisés les plus appréciés sont les registres d'état civil (96%) - en lien direct avec la généalogie -, les recensements de population (49%) et les registres matricules militaires (38%).