Promotion de Dominique Faure : bonne ou mauvaise nouvelle pour la ruralité ?
Dominique Faure remplace Caroline Cayeux au poste de ministre déléguée chargée des collectivités territoriales. La ruralité se trouve à présent noyée dans un vaste portefeuille au moment où les attentes sont très fortes. Le sénateur Bernard Delcros, président du Parlement rural, demande une "grande loi d’orientation et de programmation pour la ruralité".
La promotion surprise de Dominique Faure ne fait pas forcément les affaires de la ruralité qui pouvait se réjouir, jusqu’ici, d’avoir un secrétariat d’État entièrement dédié à sa cause. La démission de Caroline Cayeux, lundi 28 novembre, à la suite d’un désaccord avec la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique jugeant sa déclaration de patrimoine sous-estimée, a en effet propulsé l’ex-secrétaire d’État au poste de ministre déléguée aux Collectivités territoriales. Dominique Faure reste sous la double houlette de Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, et de Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur et de l’Outre-Mer, comme l’a précisé l’Élysée dans un communiqué.
"Pas seulement un symbole"
L’ancienne maire de Saint-Orens-de-Gameville (Haute-Garonne) gardera cependant son portefeuille de la ruralité qui promettait déjà d’être bien chargé : suite de l’Agenda rural, promesse d’un plan d'action pour la ruralité annoncé pour le début de l'année 2023 (voir notre article du 23 novembre), réforme des zones de revitalisation rurale (ZRR) confirmée par Élisabeth Borne, lors du dernier Congrès des maires (voir notre article du 24 novembre 2022)... "Elle garde la ruralité dans son portefeuille et c'est ce qu'elle souhaitait, il lui tenait à coeur d'assurer une continuité par rapport à ce qu'elle faisait", souligne-t-on dans l'entourage de la ministre, ajoutant que sa position "lui permettra de faciliter la mise en lien avec les interlocuteurs".
Le tandem Christophe Béchu-Dominique Faure recevait d’ailleurs sous les ors de l’hôtel de Roquelaure, vendredi, les membres de Parlement rural, cette instance représentative du monde rural créée en 2019, impatiente de voir concrétiser nombre de ses revendications. La création d’un secrétariat d’État à la Ruralité sous le précédent quinquennat, en 2020, dans les remous de la crise des gilets jaunes, n’était "pas seulement un symbole", c’était "l’assurance d’un ministre qui se consacre entièrement à la ruralité", savourait le sénateur du Cantal Bernard Delcros, président du Parlement rural, à cette occasion. Assurance aujourd'hui remise en cause car les dossiers chauds du ministère des collectivités ne manquent pas : contrats de confiance budgétaires, crise énergétique, planification écologique... En tous cas, le courant est bien passé vendredi. Christophe Béchu a même promis de revoir le Parlement rural tous les six mois pour faire le point.
"Grande loi d'orientation et de programmation"
La liste de courses laissée par le Parlement rural est assez copieuse. Bernard Delcros demande de l’ambition pour la suite de l’Agenda rural et ses 181 mesures. "Il faut qu’on puisse passer d’une somme d’actions à une vision d’ensemble, qu’on fixe un cap, il faut un plan global, d’ampleur, pour la ruralité", a-t-il lancé aux deux ministres défendant l’idée d’une "grande loi d’orientation et de programmation sur la ruralité".
Le président de l’Association des maires ruraux de France (AMRF), Michel Fournier, président par intérim de l’Agence nationale de la cohésion des territoires (ANCT) depuis la nomination de Caroline Cayeux au gouvernement, a de son côté remis sur la table une revendication formulée au moment des élections. Après les programmes Action cœur de ville (ACV) et Petites Villes de demain (PVD) à présent en rythme de croisière, il faut "un troisième volet : les villages d’avenir", a-t-il avancé, en visioconférence. Selon lui, "le ruissellement d’ACV et de PVD n’existe pas sur ces villages (…) avec un bâti dégradé, des petites centralités, des centres-bourgs souvent déshérités". "Il est évident que ces programmes ne sont pas tout à fait adaptés à nos villages", lui a répondu Dominique Faure, indiquant que le sujet faisait bien partie de ses "réflexions". "À horizon de janvier 2023 nous aurons des propositions à vous faire", a-t-elle précisé.
Pour ce qui est d’inscrire la notion d’espace dans la Constitution, comme le demande l’AMRF, "c’est un travail qui ne peut s’inscrire que dans la révision constitutionnelle", a-t-elle indiqué, renvoyant à la "commission transpartisane" que le président de la République souhaite installer au premier trimestre 2023. "En visite dans mon village (Voisvres, dans les Vosges, ndlr) en 2018, le président de la République m’avait promis que cette notion d’espace méritait de se trouver dans notre Constitution", a assuré Michel Fournier. Beaucoup de promesses donc, qui ne demandent qu'à être concrétisées.