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Baptême du feu de Joël Giraud devant le Parlement rural

Un comité interministériel aux ruralités devrait se tenir le 17 novembre, a annoncé Joël Giraud, à l’occasion de la deuxième session du Parlement rural. Le secrétaire d'État chargé de la ruralité défend notamment l’idée de "volontaires territoriaux en administration" qui pourraient être dépêchés dans les petites collectivités pour les aider à monter des projets.

Plutôt discret depuis sa prise de fonctions, le secrétaire d’État chargé de la ruralité, Joël Giraud, s’est volontiers prêté au jeu des "questions au gouvernement", jeudi 8 octobre, lors de la deuxième session du Parlement rural. Le Parlement rural ? C’est cette instance constituée l’an dernier à l’initiative d’élus, d'universitaires et d’associations représentatives de la ruralité, comme les "Nouvelles Ruralités", à la fois pour enrichir le débat public et pour peser dans les décisions politiques.

Contraintes sanitaires oblige, après une première session organisée en rase-campagne l’an dernier, sur le circuit de Magny-Cours, près de Nevers, au moment du lancement de l'Agenda rural, ce nouveau rendez-vous avait lieu dans les locaux du Cese, à Paris. Pour le sénateur PS de la Nièvre Patrice Joly, président du Parlement rural, les bouleversements survenus depuis lors ont pleinement conforté la démarche. "Selon les estimations, 1,7 million de Franciliens auraient rejoint la campagne à l’occasion de ce confinement." Mais derrière cet épisode, il y a "un mouvement général et plus diffus : enquête après enquête, les Français exprimaient un véritable désir de campagne." "La crise dans laquelle nous entrons aujourd’hui avalise nos positions et démontre qu’il y a urgence à agir", a-t-il déclaré, appelant à une "relance par le local".

"Le plan de relance sera rural ou ne sera pas"

Ne cachant pas une certaine familiarité avec le sénateur, Joël Giraud a défendu le plan de relance dont son ministère de tutelle (Cohésion des territoires) avait quelques difficultés, le mois dernier, à évaluer ce qui relevait de son périmètre. "Le plan de relance sera rural ou ne sera pas", a affirmé Joël Giraud, en réponse aux interrogations des "parlementaires". Il y a d’abord les 4,7 milliards d’euros sur le ferroviaire "dont beaucoup sur les petites lignes ferroviaires", les 500 millions d’euros prévus pour "étendre la fibre à l’ensemble des territoires dans un délai rapproché" ou l’accélération du New Deal mobile… "Dans cette affaire, nous sommes les partenaires très financeurs des collectivités locales. Dès lors qu’on met de l’argent en plus, il faut aussi qu’on ait des exigences en termes de couverture (…). Il faut aussi, après, qu’on n'ait pas contentieux sur contentieux parce qu’on a une antenne qui pousse dans les champs." Enfin, le gouvernement veillera à ce que "le rural ne soit pas oublié de la 5G".

S’agissant des projets alimentaires territoriaux, "on a mis 80 millions d’euros dont 75 pour consolider les démarches et 5 millions pour les nouveaux projets", a-t-il dit, se refusant à opposer les modèles agricoles. L’ancien président du Conseil national de la montagne (CNM) se veut aussi un défenseur de la pluriactivité. "Il va falloir de plus en plus, au-delà du modèle agricole, un modèle pluriactif dont on a l’habitude dans les zones de montagne. (…) Je vais tenter de demander une mission pour qu’on mette enfin en place la caisse pivot, parce qu’on en parle toujours mais c’est l’Arlésienne parfaite."

Volontaires territoriaux en administration

Accompagné du directeur de l’Agence nationale de la cohésion des territoires (ANCT), Yves Le Breton, Joël Giraud a souligné l’importance de l’ingénierie et détaillé l’architecture qui se met en place, en partant des préfets de départements qui sont les points d’entrée de la nouvelle agence. "Nous sommes en train de bâtir un ensemble où on sort de la logique de l’appel à manifestation d’intérêt. On est sur des logiques de projets territoriaux", a-t-il souligné reconnaissant quelques couacs dans la mise en route des "comités locaux de cohésion territoriale". "Tout ça va être fait en complémentarité parfaite (…) On ne fera appel à l’ANCT que là où le département n’est pas en capacité de faire, où les communes les plus rurales n’ont pas un guichet d’entrée au niveau de la région."

Joël Giraud a également indiqué défendre auprès du gouvernement la création de "VTA" (volontaires territoriaux en administration) sur le modèle des VTE (volontaires territoriaux en entreprise) mis en place dans les Territoires d’industrie. Il s’agirait de jeunes diplômés dépêchés auprès de petites intercommunalités pour accompagner l’ingénierie de projets. "Ce n’est pas encore arbitré ni au niveau du nombre ni du financement, mais cela me semble être l’étage complémentaire." La mesure, qui faisait partie des 200 propositions de la mission Agenda rural, pourrait être annoncée lors d’un prochain comité interministériel aux ruralités qui, selon le secrétaire d’État, pourrait se tenir le 17 novembre.

"Villages du futur"

Dans son introduction, Patrice Joly a insisté sur l’enjeu de revitalisation des centres-bourgs. Après le lancement, il y a trois ans, du programme Action coeur de ville dans les villes moyennes et plus récemment du programme Petites Villes de demain, il suggère un programme "Villages du futur" car "les petits bourgs ont été les grands oubliés de ces dernières années". Le sénateur a aussi regretté que les 614 millions d’euros du plan de relance en faveur du patrimoine privilégie les grandes structures et les agglomérations. "Si ce patrimoine joue un rôle essentiel pour le rayonnement de la France, il ne faut pas oublier le patrimoine rural", a-t-il dit, indiquant que "la dépense par habitant du ministère de la Culture est de 2,6 euros en Picardie contre 113 à Paris".