Ressources humaines - Prime à la performance collective : jusqu'à 300 euros par agent
Encore des textes réglementaires concernant la fonction publique paraissant en toute fin de mandature. Cette fois, il s'agit d'un décret fixant les modalités de la prime d'intéressement à la performance collective dans les collectivités territoriales et leurs établissements publics, et d'un second décret déterminant le plafond annuel de cette prime. Ces textes, parus ce 4 mai au JO, transposent au secteur public local, en les adaptant, les dispositions prévues par le décret du 29 août 2011 qui concernait l'Etat (lire notre article du 1er septembre 2011).
Les collectivités locales seront libres d'instituer la prime. Pour cela, leurs assemblées locales devront prendre une délibération et définir les grands paramètres du dispositif. La prime sera attribuée à l'ensemble des agents titulaires et non titulaires des services qui auront atteint les résultats fixés, au terme d'une période de douze mois. La prime ne pourra excéder un montant de 300 euros par agent et par an.
Le nouvel "outil de management" doit permettre de "fédérer les équipes autour d’objectifs de performance collective et de favoriser la culture de l’esprit d’équipe". Il contribuera ainsi "à l’amélioration de la qualité du service rendu aux usagers et à la maîtrise des coûts", a affirmé le ministre de la Fonction publique dans un communiqué, ce 4 mai.
Un avis que ne partagent pas les organisations syndicales, qui ont rejeté unanimement, en mars 2010, le projet d'accord-cadre sur l'intéressement collectif proposé par le ministre de l'époque, Eric Woerth (lire notre article du 12 mars 2010). Selon la CGT et la FSU, la logique de l'intéressement collectif, fondée sur la "culture de la concurrence", est contraire à la prise en compte de l'intérêt général qui doit servir d'aiguillon au service public. De plus, le développement de la logique d’objectifs et de résultats risquerait de "conduire les services et donc leurs agents à se concentrer sur certaines missions, plus aisément mesurables, au détriment d’autres et donc de la qualité du service public". De son côté, la CGC a critiqué "une mesure qui ne permet pas de récompenser les agents à la hauteur de leur investissement", notamment parce que le gouvernement ne prévoyait pas de montant minimum pour la prime.
De leur côté, les employeurs territoriaux ont considéré lors de la séance du Conseil supérieur de la fonction publique territoriale du 21 décembre dernier que le dispositif était "incompatible avec une gestion transversale des projets", indique le communiqué de presse publié à l'issue de la séance. L'instance avait émis un avis défavorable sur le décret, qui était alors à l'état de projet (23 voix contre et 11 abstentions).
Thomas Beurey / Projets publics
Références : décret n°2012-624 du 3 mai 2012 pris en application de l'article 88 de la loi n°84-53 du 26 janvier 1984 portant dispositions statutaires relatives à la fonction publique territoriale et fixant les modalités et les limites de la prime d'intéressement à la performance collective des services dans les collectivités territoriales et leurs établissements publics ; décret n°2012-625 du 3 mai 2012 fixant le plafond annuel de la prime d'intéressement à la performance collective des services dans les collectivités territoriales et leurs établissements publics.