Logement - Prévention des expulsions : afflux d'appels sur la ligne de la Fondation Abbé Pierre
Le 12 mars dernier, autrement dit à trois jours de la fin de la trêve hivernale, Christine Boutin, alors ministre du Logement, avait annoncé que "cette année, il n'y aura plus personne à la rue en conséquence d'une expulsion". Sans suspendre formellement les expulsions locatives, une instruction aux préfets, datée également du 12 mars, prévoyait diverses mesures en vue de prévenir ces dernières. Cette annonce avait laissé les associations plutôt sceptiques (voir notre article ci-contre du 13 mars 2009). La Fondation Abbé Pierre avait alors annoncé la mise en place d'une ligne téléphonique baptisée "Allô prévention expulsions". Celle-ci s'adresse "au grand public ou aux travailleurs sociaux sollicitant un appui face à une menace d'expulsion ou une situation d'impayé de loyer". La Fondation vient de dresser un premier bilan de la mise en oeuvre de cette ligne téléphonique, opérationnelle depuis le 1er juin.
En un mois, celle-ci a accueilli 627 personnes, soit une moyenne de 156 personnes par semaine, pour un total de 63 vacations et 157 heures d'écoute sous la coordination d'une juriste spécialisée en droit du logement. La Fondation estime qu'environ autant d'appelants n'ont pas réussi à joindre un interlocuteur, en raison de la saturation de la ligne. La majorité des appels concerne des familles en situation d'impayé de loyers - avant passage au tribunal - et qui sollicitent une écoute et des conseils (222 cas). Viennent ensuite les situations d'expulsion imminentes, avec 161 cas. A noter : le bilan dressé par la Fondation ne fait pas état d'expulsions effectives. Si le plus grand nombre d'appels (268 cas) provient de personnes logées dans le parc privé, la Fondation constate, "à [sa] surprise", le nombre important d'appels provenant de personnes logées dans le parc public (208 cas), "alors que les bailleurs sociaux disposent souvent de services sociaux susceptibles d'accompagner les familles et de les aider à résoudre leur problème".
Devant le succès de la ligne "Allô prévention expulsions", la Fondation entend renforcer son dispositif. Elle cherche par conséquent à étoffer son équipe d'écoutants, composée de salariés de l'association et de bénévoles, en faisant appel à des bénévoles supplémentaires disponibles une ou deux après-midi par semaine. Ces derniers seront formés par la Fondation, afin de disposer des bases nécessaires pour évaluer et traiter les appels.
Jean-Noël Escudié / PCA
Premier rapport positif pour le comité de vigilance de la ville de Paris
Installé le 5 juin 2008 à la demande du maire, le "comité de vigilance de la ville de Paris" a pour mission de "s'assurer que les engagements du programme pour la mandature 2008-2014 sont bien en oeuvre dans le domaine social, et en particulier en matière de logement". Présidé par Patrick Doutreligne, délégué général de la Fondation Abbé Pierre, et regroupant quatre personnalités indépendantes, le comité vient de rendre son premier rapport, consacré cette année à la politique d'hébergement de la ville. Au regard de ce domaine, le comité témoigne d'un certain embarras, dans la mesure où "l'Etat reste le principal responsable et donc le principal financeur de la politique d'hébergement et de prise en charge des sans-abri. Il est donc plus difficile que dans d'autres domaines de mesurer l'impact de l'engagement municipal". Le rapport délivre néanmoins un satisfecit en constatant que la ville apporte "une contribution financière et/ou foncière importante en termes d'investissement". En termes quantitatifs, sur les 2.000 places d'hébergement à créer sur la mandature, 278 l'ont été dès cette année et 1.500 autres sont déjà "identifiées". Le comité considère également que les actions de réhabilitation et de lutte contre l'habitat indigne (4.544 logements traités en 2008) et de mise à disposition de logements sociaux (6.111 financés en 2008) sont en phase avec les objectifs affichés.