Terrorisme - Prévention de la radicalisation : les collectivités "partenaires indispensables", selon Bernard Cazeneuve
Dans une circulaire publiée le 24 février, le ministre de l'Intérieur presse les préfets de mettre en place la cellule de suivi pour la prévention de la radicalisation et l'accompagnement des familles.
Composées de représentants de la Justice, du renseignement territorial, des collectivités, de l'Education nationale et des services sociaux, ces cellules ont comme objectif de prendre en charge les personnes en cours de radicalisation. Dans une précédente circulaire du 29 avril (voir notre article ci-contre du 20 mai 2014), le ministre avait demandé l'installation de cette cellule. Mais "au vu des rapports mensuels qui [lui] sont transmis, il apparaît que plusieurs préfectures ne l'ont pas encore installée à ce jour", fait-il savoir.
Ces cellules constituent la clé de voûte du dispositif de prévention contre la radicalisation qui repose avant tout sur l'accompagnement des familles et le signalement des situations inquiétantes. Un numéro d'assistance et d'orientation (0800005696) avait été mis en place. Lors du sommet international sur la lutte contre le terrorisme à Washington, la semaine dernière, Bernard Cazeneuve avait indiqué que "plus d'un millier de signalements pertinents ont déjà été recensés" en France.
Dans sa nouvelle circulaire, le ministre rappelle la composition de ces cellules et demande aux préfets de "veiller à ce que les collectivités territoriales, partenaires indispensables en matières de politiques sociales, y soient associées".
Les cellules de suivi devront articuler leur action avec les conseils locaux ou intercommunaux de sécurité et de prévention de la délinquance (CLSPD) et les équipes de réussite éducative.
"Dans le cadre de votre cellule de suivi, votre action gagnerait à ce que soient suscités localement la création de groupes de parole associant les familles", recommande le ministre.
Par ailleurs, un appel d'offres a été lancé pour la mise en place d'une "équipe mobile d'intervention" qui assurera des "prises en charge psychologiques individuelles". "Compte tenu des délais inhérents à l'appel d'offres, le prestataire devrait être en mesure d'intervenir au niveau territorial dans le courant du mois d'avril prochain", est-il précisé.
Crédits FIPD
Enfin, le ministre de l'Intérieur insiste sur le fait que le bon fonctionnement de la cellule de suivi "conditionnera l'octroi des crédits du FIPD". En janvier dernier, le Premier ministre avait indiqué que le Fonds interministériel de prévention de la délinquance, destiné à financer des actions de prévention des collectivités, serait en effet mis à contribution. 60 millions sur trois ans doivent ainsi être consacrés aux actions de prévention de la radicalisation. "Le fonds a vocation à soutenir les actions engagées par les cellules départementales de suivi pour l'action prévention et l'accompagnement des familles", précise la circulaire.
"Nous pouvons ainsi mener plusieurs types d'actions, adaptées aux différents profils rencontrés : délinquants ; jeunes en situation d'échec social et/ou de fragilité psychologique ; jeunes apparemment 'sans problème', mais 'en quête de sens'", avait résumé Bernard Cazeneuve à Washington, avant de plaider pour "une meilleure coordination dans la lutte contre la propagande et le recrutement terroristes sur Internet, en pesant collectivement sur les opérateurs". Il avait également invité ses partenaires à harmoniser les législations "en matière de retrait des contenus illégaux", et à adapter au "fonctionnement de l'information mondialisée le cadre juridique de la coopération internationale". Lors de ce sommet, Bernard Cazeneuve avait estimé que "plus de 400 jeunes Français sont aujourd'hui présents dans la zone irako-syrienne" et que "près de 1.400 Français sont impliqués, d'une façon ou d'une autre, dans les filières combattantes".