Orientation - Premiers retours sur les sites labellisés "Orientation pour tous"
A ce jour, plus d'une vingtaine de sites ont reçu le label "Orientation pour tous, pôle information et orientation sur les formations et les métiers", le dernier ayant été décerné le 21 mars 2012 au bassin d'Orléans et aux dix organismes qui le composent. Ce nouveau label est issu de la loi du 24 novembre 2009 sur l'orientation et la formation professionnelle tout au long de la vie, qui a instauré un droit à l'information, à l'orientation et à la qualification professionnelle. L'objectif : garantir à toute personne le droit d'être informée, conseillée et accompagnée en matière d'orientation professionnelle. Un dispositif national a été mis en place dans le cadre de cette loi : une plateforme internet "Orientation pour tous" et une plateforme téléphonique avec un numéro de téléphone unique (0811 70 39 39). Des dispositifs dématérialisés qui sont effectifs depuis le 6 décembre 2011.
Concernant l'accueil physique, il y a aujourd'hui pléthore d'organismes : 574 centres d'information et d'orientation, 115 services communs universitaires d'information et d'orientation, 1.500 bureaux et points d'information jeunesse, 486 missions locales, 14 cités des métiers, 198 maisons de l'emploi… sans compter les 119 Cap emploi et organismes spécialisés comme les sites d'accueil rattachés aux chambres de métiers et de l'artisanat (CMA) et aux chambres de commerce et d'industrie ! Bref, une multitude de structures qui orientent les différents publics selon leur cible, jeunes, étudiants, salariés ou demandeurs d'emploi, mais dont le nombre et la diversité empêchent parfois ces publics de s'y retrouver...
L'idée du label consiste à renforcer la coopération entre les différents organismes concernés à l'échelle de chaque bassin d'emploi et de coordonner ainsi leurs activités sous le label. A terme, les 350 bassins d'emploi français devraient disposer d'un site labellisé "Orientation pour tous". La vingtaine de sites actuels sont notamment installés dans les régions Aquitaine (territoires Nord-Dordogne, Bordeaux Nord-Ouest, Libourne, Blaye, Bordeaux, Sud-Gironde, bassin d'Arcachon, nord et est des Landes, Dax, Oloron-Sainte-Marie), Picardie (Saint-Quentin), Auvergne (Livradois-Forez), Provence-Alpes-Côte d'Azur (Marseille), Ile-de-France et Centre (bassin d'Orléans). Leur organisation est différente selon le cas. Pour la région Auvergne, c'est la mission locale du Livradois-Forez qui assure la coordination et regroupe l'agence Pôle emploi d'Ambert, le CIO de Thiers, l'association régionale du CIBC et Cap emploi. Ailleurs, pour le territoire de Mulhouse par exemple, la coordination est assurée par la maison de l'emploi et de la formation.
L'expérience de la cité des métiers de Marseille
En Alsace, pour le territoire de Mulhouse, la coordination est assurée par la maison de l'emploi et de la formation du pays de la région mulhousienne. La procédure de labellisation se fait en plusieurs étapes, comme le décrit le décret n°2011-487 du 4 mai 2011, et impose des conditions importantes. Le label est ainsi attribué par le préfet de région après consultation du comité de coordination régional de l'emploi et de la formation professionnelle (CCREFP). Pour l'obtenir, le site doit répondre à un cahier des charges très précis. Il doit notamment montrer qu'il peut délivrer à toute personne, quels que soient son âge et son statut, des conseils personnalisés lui permettant de "choisir en connaissance de cause un métier, une formation ou une certification adaptés à ses aspirations, à ses aptitudes et aux perspectives professionnelles liées aux besoins prévisibles de la société, de l'économie et de l'aménagement du territoire", comme le mentionne l'arrêté du 4 mai qui fixe le cahier des charges. Des indications quant à son fonctionnement et son organisation (service gratuit, horaires d'ouverture adaptés aux besoins du public, indépendance par rapport aux organismes de formation…) sont également demandées.
La cité des métiers de Marseille a été le premier site labellisé, et le seul à l'avoir été en 2011. L'organisme, qui a ouvert ses portes au public en 2005, reçoit chaque jour quelque 260 personnes en moyenne, dont 50% de demandeurs d'emploi, 20% de scolaires, 20% de salariés et 10% de bénéficiaires du RSA. D'après son directeur, Jocelyn Meire, la labellisation n'a pas été si compliquée à obtenir, puisque "génétiquement la cité correspond aux caractéristiques demandées : ouverte à tous les publics, y compris les salariés, accueil anonyme et gratuit, fondé sur le multipartenariat, accessibilité géographique et horaire (ouverture six jours sur sept et jusqu'à 18 heures)", détaille le directeur. Forte de ces atouts, la structure a reçu le label en novembre 2011. "Ce label vient sécuriser, estampiller et reconnaître le travail mis en place depuis plusieurs années, mais il n'a en revanche rien modifié sur nos processus d'organisation", explique Jocelyn Meire, qui regrette aussi qu'il n'y ait pas de contrepartie financière au label. Au niveau national, le label est créé sans compensation financière immédiate, mais on se dit que demain, dans le contexte d'optimisation des dépenses publiques, on fera une distinction dans les subventions à ce type de structures, entre celles qui sont labellisées et les autres…" Actuellement, la cité des métiers a un budget de 1,77 million d'euros dont plus d'un million est issu de subventions (les trois quarts sont apportés par les collectivités locales) et 606.000 euros apportés sous forme de locaux ou de personnels mis à disposition. Une quinzaine de structures lui détachent ainsi du personnel, équivalent à dix emplois à temps plein. "Mais cela depuis 2005, souligne Jocelyn Meire. On n'a pas attendu le label." La cité peut ainsi offrir un accueil virtuel, avec un site dédié, compulsant les informations des différents partenaires, et un accueil physique, permettant à tout public de s'informer sur les métiers et débouchés, et d'avoir recours aux conseils du personnel des CIO, missions locales et autres. La cité des métiers vient de faire un premier bilan de son activité en tant que structure labellisée "Orientation pour tous"...
"Plus il y en aura, mieux ce sera"
Pour le moment, c'est la seule à l'avoir fait, les autres labels ayant été délivrés en début d'année 2012. Pour le directeur du site, la démarche de labellisation est une avancée : "Plus il y en aura, mieux ce sera. L'objectif étant de donner de la cohérence sur les territoires en termes d'actions dans le domaine de l'orientation."
Autre expérience : celle de la cité des métiers de Seine-et-Marne. La structure a récemment reçu le label "Orientation pour tous" qui lui donne le rôle de coordonnateur sur tout le département. "Cela formalise vraiment nos compétences en termes d'orientation, explique Sophie Bosset, directrice de la Place des métiers à la cité des métiers de Seine-et-Marne. On devient fédérateur de toutes les autres structures." Et l'atout principal du nouveau label se situe dans les liens qu'il permet de créer entre différentes structures et fonctions qui n'avaient pas l'habitude de travailler ensemble. "Auparavant, de nombreux partenaires, comme les conseillers d'orientation-psychologues et les conseillers de Pôle emploi par exemple, considéraient qu'ils n'avaient rien à se dire. Ce qui change à court terme avec le label, c'est que ces personnes ont envie de travailler ensemble maintenant", détaille Sophie Bosset. Après une période de réflexion pour mettre au point l'organisation concrète, les sites, qui seront installés dans les bureaux des partenaires, ouvriront leurs portes au public à partir du mois de juin 2012. Un site internet devrait aussi voir le jour en septembre 2012.
Seul point noir à ce tableau plutôt réjouissant : le positionnement des régions. Celles-ci aimeraient avoir un rôle à jouer dans la structuration et l'organisation de ce nouveau service public de l'orientation. "Or il s'agit d'une loi, et parfois les régions ne reconnaissent pas forcément l'organisation mise en place. Cela peut décourager les partenaires qui prennent part au nouveau service", affirme Sophie Bosset. Le rapport Larcher sur la formation remis au président de la République la semaine dernière propose justement de mieux associer les régions (voir encadré ci-dessous). Reste à voir les résultats de ces nouvelles organisations. La plupart des sites ayant été labellisés en début d'année 2012, leur bilan n'interviendra que l'année prochaine.
Emilie Zapalski
Orientation : ce que propose le rapport Larcher
Dans son rapport "La formation professionnelle : clé pour l'emploi et la compétitivité", rendu au président de la République le 6 avril 2012, Gérard Larcher, sénateur des Yvelines, estime notamment que le label "Orientation pour tous" devrait être délivré conjointement par le préfet de région et par le président du conseil régional "pour fédérer les initiatives et assurer une plus grande cohérence à la politique d'orientation professionnelle". Autre préconisation : installer au moins une cité des métiers dans chaque région et lui confier l'animation des structures labellisées dans le cadre d'un plan de développement signé entre le préfet, le recteur, le président du conseil régional et les partenaires sociaux. Enfin, le sénateur préconise d'associer étroitement les centres d'information et d'orientation (CIO), qui dépendent du ministère de l'Education nationale, au fonctionnement de ces cités des métiers et de les faire participer plus activement au réseau des structures labellisées.
L'Association des régions de France (ARF) s'est félicitée, le 12 avril, des conclusions du rapport Larcher, regrettant toutefois qu'il "reste à mi-chemin". La coordination des acteurs régionaux est "indispensable", juge l'ARF, mais "elle doit s’accompagner d’un véritable pilotage confié aux régions sur l’ensemble de la chaîne orientation/formation/emploi, en lien avec le développement économique".
E.Z.