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Habitat / Social - Premier bilan pour l'appel à projets sur le logement accompagné

Un an après le lancement de l'appel à projets pour la création de 10.000 "logements accompagnés", 28 projets ont été sélectionnés, couvrant près de 900 ménages fragiles (personnes souffrant de troubles mentaux, victimes de violences conjugales, jeunes en difficulté, sortants de prisons, personnes à la rue...), avec l'objectif de leur permettre soit de rester dans leur logement, soit d'accéder à un logement. La démarche n'est toutefois pas garantie dans la durée.

L'Union sociale pour l'habitat (USH) publie un premier bilan de l'appel à projets pour la création de 10.000 "logements accompagnés". Cette évaluation - provisoire - intervient un an après le lancement de cet appel à projets, à l'initiative conjointe du ministère du Logement et de l'USH (voir notre article ci-contre du 27 mars 2014). La circulaire du 25 mars 2014, cosignée par les deux parties, précisait alors que la démarche avait "pour objectif de soutenir des projets associant un logement accessible dans le neuf ou l'existant, une gestion locative adaptée et un accompagnement ajusté en durée et intensité à la situation des ménages", mais aussi "d'expérimenter des solutions innovantes" (y compris en matière de cofinancement) et de "favoriser l'émergence de solutions reproductibles".

Les bailleurs se "professionnalisent" auprès des publics fragiles

Un an après, le bilan établi par l'USH apparaît plutôt positif, mais avec des points d'inquiétude. A ce jour, 28 projets ont été sélectionnés, couvrant près de 900 ménages accompagnés. Si le nombre de dossiers est encore limité, la dimension sociale est, elle, bien présente. Selon l'USH, "les dossiers retenus visent à la fois l'accès et le maintien dans le logement, et portent sur l'ensemble des publics cumulant des fragilités". Selon les projets, il peut s'agir soit de publics diversifiés, soit de publics plus ciblés : personne souffrant de troubles mentaux, victimes de violences conjugales, jeunes en difficulté, sortants de prisons, personnes à la rue... L'USH juge également que "les projets sont diversifiés dans leur forme, contenu et mode de financement" et que "globalement, ils correspondent à des formes d'accompagnement ciblées, centrées autour de la personne et modulable en termes de contenu et de durée", même s'ils sont pour partie dépendants du contexte local.
Autre point positif : "la construction des projets a permis d'impulser de nouvelles démarches et de développer de nouveaux partenariats", notamment avec les associations, ce qui a permis de "renouveler les pratiques existantes". De même, "la complémentarité des actions bailleurs/associations [...] permet aux bailleurs de se professionnaliser, de faire évoluer leurs propres pratiques et actions vis-à-vis d'un public de plus en plus précaire".

Quelle pérennité pour les actions engagées ?

La principale inquiétude concerne la pérennité des actions engagées sur les territoires. L'USH estime en effet que "l'appel à projets est un révélateur des 'manques' au niveau local, pour traiter des situations complexes et à la marge de différents dispositifs (santé, justice, aide sociale à l'enfance, urgence, etc.)". Il permet certes de lancer la démarche, mais ne garantit pas un financement dans la durée. Les porteurs des projets souhaiteraient, bien sûr, pouvoir compter sur un relais par les acteurs locaux, "mais cette question reste un point d'incertitude".
Dans son éditorial d'"Actualités habitat" du 28 février, Marie-Noëlle Lienemann - vice-présidente de l'USH et présidente de la Fédération nationale des sociétés coopératives de HLM - reste toutefois optimiste. Elle estime en effet que les nouvelles compétences qui se développent dans les organismes, "souvent fruit d'une collaboration avec les associations, facilitent aujourd'hui l'accès direct au logement HLM ordinaire de ménages rencontrant des difficultés et la prise en charge par les organismes de leurs parcours au sein de leur parc".