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Fonctionnaires - Pouvoir d'achat : sur fond de grève, bataille de chiffres entre le ministère et les syndicats

La grève pour les salaires et contre les réductions d'effectifs dans la fonction publique, ce mardi 20 novembre, aurait mobilisé environ 30% des fonctionnaires d'Etat - hors Education nationale -, selon le ministère de la Fonction publique. Côté fonction publique territoriale, plus difficile de mesurer l'ampleur du mouvement... Celle-ci devrait toutefois être moindre. A titre d'exemple, la communauté urbaine de Lyon comptait en milieu de journée 13% de grévistes parmi ses agents. De même, la ville de Fécamp en recensait 12% dans ses services.
S'agissant de l'Education nationale, une moyenne de 39% des personnels participait à la journée d'actions, selon le ministère de l'Education, lequel a "démenti formellement les chiffres de la FSU" (65% dans le primaire et 58% dans le secondaire). En milieu de journée, le ministère comptabilisait également 23% de personnels TOS en grève. Qu'il s'agisse des chiffres des ministères ou des syndicats, il s'agit en tout cas des taux les plus importants enregistrés depuis le mouvement de 2003.
Syndicats et gouvernement mènent une autre bataille de chiffres... celle sur la question des salaires, les premiers estimant que les fonctionnaires ont perdu près de 7% de pouvoir d'achat depuis 2000 - et réclamant de ce fait une revalorisation du point d'indice au titre de 2007 - tandis que le second assure qu'il a augmenté de 3,5% par an depuis six ans en moyenne. "Ce n'est pas vrai que le pouvoir d'achat s'est amenuisé en 2007", a ainsi déclaré Eric Woerth mardi sur France Inter... tout en reconnaissant que "les fonctionnaires ne gagnent pas très bien leur vie". "Il y a une échelle de salaire qui est très courte", a expliqué le ministre, avant d'ajouter : "Mais en même temps, pour gagner mieux leur vie, il faut accepter de prendre plus de responsabilités, faire plus d'heures supplémentaires, (...) et il faut aussi accepter qu'il y ait moins de fonctionnaires." "La fonction publique ne peut plus rester comme elle est actuellement, (...) encadrée par un statut qui ne laisse plus libre d'avoir un parcours professionnel suffisamment épanouissant", a poursuivi Eric Woerth.

 

Les territoriaux seraient les plus confiants

Tandis que les syndicats se concentrent sur l'évolution du point d'indice pour calculer le pouvoir d'achat, pour le ministère, d'autres éléments sont à prendre en considération, comme les mesures catégorielles, l'avancement individuel dû à l'ancienneté et au glissement vieillesse technicité, ou encore les mesures sociales (aides au logement, etc.). En 2004, le salaire moyen net mensuel (primes comprises) était de 2.108 euros dans la fonction publique d'Etat et 1.578 euros dans la fonction publique territoriale, contre 1.849 euros dans le secteur privé.
Le ministère insiste aussi sur les diverses mesures salariales initiées ou poursuivies en 2007 au-delà de la revalorisation du point d'indice et du minimum de traitement : les exonérations sur les heures sup, la réforme des grilles indiciaires  de la catégorie C , les diverses "mesures salariales ciblées et concrètes"... "La conférence sur le pouvoir d'achat dans la fonction publique s'est ouverte le 8 octobre, et abordera jusqu'à fin décembre, tous les aspects de la rémunération. Elle devrait à terme permettre l'élaboration d'outils communs, indispensables à de futures rencontres salariales", a également assuré mardi le ministère dans un communiqué.
Fait exprès ou hasard, Eric Woerth et André Santini ont rendu publics ce 20 novembre les résultats de la deuxième vague du "Baromètre de la fonction publique". Selon ce sondage réalisé par Ipsos dans les trois fonctions publiques, 71% des fonctionnaires soutiennent le "besoin de changement au sein de leur administration" - un score qui s'établit à 79% dans la territoriale. Ces changements ou "efforts" doivent porter en priorité sur "la valorisation des fonctionnaires" (41%), la "prise en compte des attentes des usagers" (22%), la "recherche d'efficacité" (18%) et la "gestion des RH" (18%).
A la question "êtes-vous satisfait de la reconnaissance de votre travail", les territoriaux sont les moins critiques, se disant satisfaits à 47% (contre 36% dans la FPE et 33% dans l'hospitalière). Ils sont aussi les plus positifs dans leur vision de la qualité du service rendu à l'usager... et les plus optimistes concernant leur avenir professionnel (63% des territoriaux se déclarent optimistes, contre 46 et 52% dans les autres fonctions publiques).

 

C.Mallet, avec T.Beurey et AFP