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Social / Jeunesse - Pourquoi tant d'écarts dans les aides des FAJ ?

La direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees) des ministères sociaux publie une étude consacrée aux bénéficiaires des fonds d'aide aux jeunes (FAJ). Les chiffres fournis portent sur l'année 2013 et l'étude couvre l'ensemble des aspects du fonctionnement de cette aide départementale de dernier recours essentiellement financée par les conseils généraux bénéficiant aux jeunes en grande difficulté. Il en ressort plusieurs enseignements intéressants.

Répondre à des situations de grande précarité

Tout d'abord, les aides individuelles représentent 79% de l'ensemble du budget des FAJ, qui s'élève au total à 36 millions d'euros. Ces aides individuelles répondent, dans environ un cas sur deux (48%), à un "besoin vital de premiers secours à vocation alimentaire". Une aide sur quatre est destinée à faciliter les transports en vue d'une démarche d'insertion professionnelle (rendrez-vous pour une formation, un entretien d'embauche ou un emploi) ou se situe dans le cadre plus général d'un soutien à la mobilité.
Les autres motifs d'attribution sont plus marginaux : la formation (13%), le logement (4%), la recherche d'emploi (4%), l'attente de versement d'un salaire ou d'une prestation sociale (3%) et la santé (1%), ce dernier domaine étant couvert par la CMU. Par ailleurs, une aide sur cinq est attribuée en urgence par les FAJ, donc sans examen préalable du dossier par la commission d'attribution, qui valide alors la décision a posteriori. Cette procédure d'urgence est utilisée notamment pour l'achat de nourriture, le paiement d'une nuit d'hôtel, l'acquittement d'un titre de transport... En principe, ces aides d'urgence ne devraient pas représenter plus de 5% du volume du fond, mais elles atteignent en pratique 21% de l'ensemble des aides individuelles en 2013.

Des actions collectives pour compléter les aides individuelles

Face à des situations de grande précarité, l'étude met également en évidence la faible sélectivité des aides accordés : en 2013, 90% des aides financières individuelles demandées ont ainsi été attribuées.
En termes de fonctionnement, les trois quarts des demandes sont instruites par les missions locales, contre 17% par les services du département et 3% par les centres communaux d'action sociale.
En termes de profil des bénéficiaires, les 148.000 aides individuelles allouées en 2013 l'ont été en majorité à des femmes (52%) et sont concentrées sur la tranche des 18-25 ans, seuls 37 départements ayant accordé une aide à des mineurs de 16 ans et plus et 25 départements ayant versé des aides à des jeunes de 26 ans ou plus. Près des deux tiers (60%) des bénéficiaires sont sans ressources financières et 35 % se trouvent en situation de précarité vis-à-vis du logement.
Par ailleurs, la moitié des départements met en place des actions collectives pour compléter les aides individuelles. Il s'agit, le plus souvent, d'aides à l'insertion (25%), au logement (19%), au transport (16%) ou à la formation (16%).

Des écarts difficiles à expliquer

L'un des principaux intérêts de l'étude est la mise en évidence d'écarts importants entre départements. Ces écarts concernent en premier lieu le montant du fond, qui varie fortement selon les départements. Ainsi, les enveloppes budgétaires relatives aux FAJ varient de 33.000 euros à 2,6 millions d'euros d'une collectivité à l'autre.
Mais le principal écart concerne le montant moyen de l'aide allouée. Si la moyenne nationale est de 189 euros, celle-ci recouvre de très forts écarts selon les territoires. Ainsi, des départements comme le Val-d'Oise ou la Seine-Saint-Denis versent des aides d'un montant moyen compris entre 45 et 125 euros, alors que le Val-de-Marne et les Hauts-de-Seine versent une aide moyenne comprise entre 275 et 455 euros. Ces écarts ne sont pas l'apanage des grands départements urbains. La Nièvre, par exemple, se situe dans la tranche des 45 à 125 euros, quand le Gers verse des allocations moyenne de 275 à 455 euros. On pourrait ainsi multiplier les exemples, sans pouvoir pour autant les expliquer par des considérations démographiques ou socioéconomiques. Seule explication avancée par la Drees : "Les départements peuvent prescrire une utilisation du FAJ selon le contexte social auquel les jeunes sont confrontés, mais aussi en fonction de la priorité qu'ils souhaitent accorder à cet outil d'insertion sociale par rapport aux autres dispositifs existants."