Lutte contre l'exclusion - Pour Médecins du monde, l'accès aux soins des plus démunis se dégrade

A l'occasion de la Journée mondiale du refus de la misère, ce 17 octobre, Médecins du monde publie son baromètre annuel sur l'accès aux soins des plus démunis. Cette livraison porte sur les résultats observés en 2011. L'association considère notamment que, "dans la continuité de 2010, l'année 2011 est marquée par de nouvelles restrictions d'accès aux soins à l'encontre des plus démunis, et tout particulièrement des étrangers en situation précaire". Médecins du monde fait ainsi allusion à la réforme de l'aide médicale d'Etat, partiellement annulée par le nouveau gouvernement (voir notre article ci-contre du 20 juillet 2012). L'association se félicite d'ailleurs d'une mesure qui "semble annoncer la reprise d'un dialogue et d'une concertation longtemps rompus entre tous les acteurs". Mais elle entend cependant rester "particulièrement vigilante au respect des engagements pris au cours de la dernière campagne électorale" et insiste sur la nécessité "de mesures de solidarité exceptionnelles pour répondre à cette crise majeure".
En dépit de cette amélioration dans les relations avec les pouvoirs publics, le constat de fond reste plutôt négatif. Les 21 centres d'accueil de soins et d'orientation (Caso) de Médecins du monde ont ainsi enregistré une augmentation de 5,2% de leurs consultations médicales entre 2010 et 2011 (+22% entre 2008 et 2011), en accueillant au total 29.466 personnes au cours de 63.799 passages et en effectuant 40.627 consultations médicales et 4.112 consultations dentaires. Plus de 150 nationalités étaient représentées dans ces consultations, la Roumanie et l'Algérie étant les deux premiers pays d'origine, juste devant la France.
Les nombreux chiffres fournis par le baromètre reflètent bien les situations rencontrées. Ainsi, 85,5% des personnes accueillies ne disposent d'aucune ressource officielle et 98,9% vivent sous le seuil de pauvreté. Seules 28% disposent d'un logement stable, tandis que 46% sont en logement précaire et que plus d'un quart sont hébergées par un organisme ou une association ou sont sans domicile fixe.
De telles situations se ressentent évidemment sur la santé des intéressés. Sur ce point, les données fournies par Médecins du monde sont éloquentes. Ainsi, l'association estime que 38% des patients reçus présentent un retard manifeste dans les soins que nécessiterait leur état. De même, deux patients sur dix déclarent avoir renoncé à des soins durant l'année écoulée (une proportion au demeurant assez proche de celle déclarée en population générale). L'association relève également le nombre croissant de mineurs accueillis dans ses centres (2.800 en 2011). Leur nombre a progressé de 48% entre 2008 et 2011 et plus d'un sur deux est âgé de moins de sept ans.