Sports - Pour les élus du sport, la bonne gestion des équipements débute dès leur conception
Les temps sont plus que jamais à la maîtrise de l'argent public. S'il en fallait une preuve supplémentaire, l'Association nationale des élus en charge du sport (Andes) est venue l'apporter les 31 mai et 1er juin derniers à l'occasion de son congrès annuel, tenu à Metz. Les travaux avaient en effet pour thème "l'anticipation et la perception de l'économie du projet d'équipement sportif" et se sont concentrés sur deux angles en particulier. Tout d'abord sur les coûts de fonctionnement et d'investissement, avec cette question : "Comment réduire sa facture ?" Puis sur le conseil assistance à maîtrise d'ouvrage et la maîtrise de la relation avec le maître d'œuvre.
Jacques Thouroude, président de l'Andes, justifie ce choix : "L'anticipation et la perception de l'économie du projet d'équipement sportif ont des incidences sur les coûts de fonctionnement. Mieux maîtriser son dossier en aval et avoir des assurances pour bien le maîtriser par la suite, c'est aussi des économies dans les dépenses, et aujourd'hui ce n'est pas neutre." Les débats ont fait ressortir l'idée qu'il était nécessaire d'avoir une réflexion largement en amont. Une réflexion qui prenne en compte, non uniquement l'investissement mais aussi le fonctionnement, le type de gestion. "Il faut être très efficace dans la réalisation pour éviter les dérapages. Ce qui a vraiment été mis en avant, c'est la maîtrise des coûts de fonctionnement", commente Jacques Thouroude.
Le modèle de financement des équipements toujours en question
Par ailleurs, qui dit équipement, dit montage financier. Là encore, les débats de l'Andes à Metz ont été une nouvelle occasion de se pencher sur les différents modèles possibles aujourd'hui. Avec, pour illustrer les débats, un exemple tout récent à méditer : celui du Mans, dont le stade construit pour un coût de 104 millions d'euros - dont 47% à la charge des collectivités grâce à une concession de service public - et inauguré il y a deux ans à peine, risque de ne plus avoir de club professionnel résident après la déroute sportive et financière du Mans football club. "Un certain nombre d'outils juridiques existent pour financer, mais dans certains domaines, notamment le sport professionnel, on n'a pas encore tout dit et tout fait", explique Jacques Thouroude.
Au-delà de cette thématique, le congrès de Metz a également été l'occasion de faire un point sur l'action de l'Andes, dont le réseau compte désormais plus de 3.500 communes. Ces derniers mois, l'association a traité trois thèmes prioritaires : le financement des équipements, la problématique du sport professionnel, ainsi que le sport dans les zones rurales et de montagne.
Pour une protection des collectivités face au sport professionnel
Jacques Thouroude a ainsi pu revenir sur le plan de rigueur du Centre national pour le développement du sport (CNDS) et l'annulation d'une session consacrée à l'octroi de subventions aux projets locaux : "On est obligé d'avoir de la rigueur. Le sport n'est pas en dehors du phénomène national en ce qui concerne la dette. Mais une part de relance de l'économie et de l'emploi passe par de l'investissement. Or les investissements en équipements sportifs des collectivités territoriales, c'est pratiquement deux milliards d'euros par an." De plus, selon le président de l'Andes, la subvention du CNDS est souvent l'élément déclenchant de l'investissement. "Les collectivités qui ne l'ont pas reçue abandonnent souvent leur projet. On voit bien l'importance du CNDS dans l'effet de levier pour avoir des financements des régions et des départements", explique-t-il.
Sur le sport professionnel, les membres de l'Andes attendent beaucoup de la commission actuellement pilotée par la ministre des Sports et trois inspecteurs généraux. Son rapport devrait clarifier les questions de garanties, de risques, de l'aléa sportif. "Les clubs professionnels génèrent des déficits pour le moins inquiétants. Il va y avoir des propositions pour à la fois mieux encadrer la solidarité entre sport professionnel et sport amateur, et assurer une certaine protection des collectivités territoriales qui sont souvent trop soumises à la pression", précise Jacques Thouroude, qui attend de la loi-cadre prévue en fin d'année qu'elle mette à plat toutes les questions fiscales liées au sport professionnel.
Enfin, les débats sur le sport en zones rurales et de montagne a mis en lumière le problème de ces territoires : si les équipements existent, il y demeure en revanche un problème en termes de fonctionnement et d'animation. Le dossier fait aujourd'hui partie des priorités de l'Andes, qui s'est rapprochée du mouvement sportif mais aussi de la Fédération des maires ruraux. Les élus du sport espèrent également que cette question intéressera la Datar et le ministère des Sports.