Pour diffuser l'innovation, l'Anru organise la rencontre entre collectivités et entreprises
Des territoires en renouvellement urbain soutenus par un programme d'investissement d'avenir et une quarantaine de "start-up et structures de l'ESS" se sont rencontrés le 6 juin, lors d'un événement du Club Anru+ dédié aux "innovateurs".
L'Anru réunissait le 6 juin à Paris, en présence du ministre chargé de la ville, Julien Denormandie, le Club Anru+, son "réseau d'innovateurs du renouvellement urbain" qu'elle s'attache à structurer. L'objectif, selon Nicolas Grivel, son directeur général, est d'"ouvrir" ce réseau, pour valoriser les expérimentations conduites dans le cadre des programmes d'investissement d'avenir (PIA), actuellement dans une trentaine de territoires, et diffuser au-delà, dans l'ensemble des 450 quartiers en renouvellement urbain, une culture de l'innovation.
121 millions d'euros de subventions pour favoriser l'innovation
Opérateur du PIA "Villes et territoires durables", l'Anru dispose à ce titre de 200 millions de crédits d'investissement en fonds propres, et de 121 millions d'euros de crédits de subvention pour accompagner "l'innovation dans le renouvellement urbain". 71 millions sont fléchés vers "la très haute performance et l'innovation environnementale" et 50 millions ajoutés en 2017 – c'est le volet "Anru+" - visent notamment à "renforcer les dynamiques d'innovation et les pratiques exemplaires dans les PRU" (voir notre article du 17 mars 2017).
Une quarantaine de "start-up et structures de l'ESS" (économie sociale et solidaire) assez diverses - de la petite association à la PME - ont eu ainsi l'occasion de présenter leurs solutions à des collectivités ce 6 juin, dans des domaines allant de la performance énergétique aux services aux habitants, en passant par l'agriculture urbaine, la mobilité, la construction et l'économie circulaire. Certaines ont eu l'occasion de "pitcher" en trois minutes, le même temps accordé à des collectivités telles que l'agglomération de Besançon ou la métropole de Grenoble pour présenter leur projet soutenu par le PIA.
Inciter les collectivités à s'ouvrir à de nouvelles idées
L'Anru entend ainsi faciliter la rencontre entre "le monde du renouvellement urbain et le monde de l'innovation", a poursuivi Nicolas Grivel. Ou encore encourager les collectivités à piocher davantage dans les innovations portées par des entreprises. C'est par exemple le but du projet "Rêves de scènes urbaines" porté par Vinci, issu de l'appel à projets "démonstrateurs de la ville durable". L'agglomération Plaine Commune reçoit chaque année dans ce cadre "150 idées d'industriels" et fait ensuite son marché, a expliqué Raphaëlle Vert, chef du projet chez Vinci. Cela permet selon elle de "sortir un peu de la relation client-fournisseur".
L'enjeu est donc double : fournir des idées nouvelles à la collectivité et trouver des débouchés à des start-up et PME jugées innovantes. Y compris dans la sphère de l'ESS où l'accès à la commande publique peut se révéler plus difficile, d'où le dispositif particulier mis en place dans la perspective des Jeux olympiques de 2024 (voir notre encadré ci-dessous).
Quelles stratégies derrière l'injonction à l'innovation ?
"Il n'y aurait rien de pire que l'innovation soit réservée aux beaux quartiers", a conclu Olivier Klein, président de l’Anru?. "L'innovation doit être pour tous et diffusée à tous les endroits", a renchéri Julien Denormandie. L'innovation, qui est pour lui gage d'"inclusion" et rime avec la notion d'"excellence", nécessite d'"inventer un système d'accompagnement, notamment des élus locaux". Prochaines étapes à l'agenda du ministre sur ce plan : les "tiers lieux numériques" et les "banlieues vertes".
Le risque, avec une telle "injonction à l'innovation" qui serait "dans la tête de beaucoup d'élus", c'est de perdre un peu le sens de l'action avec une approche "problem solving", "parfois très court-termiste", a souligné Thierry Marcou, directeur de programme à la Fondation internet nouvelle génération (Fing). À l'issue d'une étude sur la "ville numérique" menée avec l'Iddri et publiée en 2018, la Fing a invité les décideurs à "donner leur chance à d’autres modèles que la seule innovation start-up", à "mettre en débat les politiques d’innovation déployées sur les territoires urbains" et à expliciter davantage les stratégies privilégiées.
Un dispositif pour faire une place à l'ESS dans les marchés des JO 2024
Portée notamment par l'association Les Canaux – maison des économies solidaires et innovantes de Paris, la plateforme "ESS 2024" vise à mieux informer les entreprises de l'ESS des opportunités offertes par les Jeux olympiques de 2024, via une veille sur les marchés. L'association propose également des événements et un service d'accompagnement aux acteurs de l'ESS, qui peuvent être référencés sur le site pour pouvoir être repérés par les donneurs d'ordre. Ces derniers sont en effet soumis à une clause sociale de 10% du volume d'heures travaillées et à une "clause de développement économique territoriale" réservant pour la première fois 25% à des TPE et PME de l'ESS ; cela sur un volume de marchés publics estimé à 7 milliards d'euros. L'engagement à organiser les Jeux "les plus inclusifs, les plus solidaires" et "l'enjeu de visibilité" expliquent le démarrage précoce de ce dispositif, a souligné Christophe Divi, directeur Impact 2024 à l'association Les Canaux.