Poubelle des Français : les apports en déchetterie en forte hausse
L'Ademe a publié les résultats de la 3e campagne nationale de caractérisation des déchets ménagers, en métropole, après celles de 1993 et 2007. Si la production de déchets augmente très légèrement (mais baisse rapportée au nombre d'habitants), l'étude relève des mouvements contrastés : les ordures ménagères résiduelles régressent de 20% ; à l'inverse, la collecte en déchetterie progresse, elle, de 20%.
L'Ademe vient de dévoiler les résultats de la 3e campagne nationale de caractérisation des déchets ménagers et assimilés, dite MODECOMTM, réalisée en 2017, après celles de 1993 et 2007.
En 2017, plus de 37,6 millions de tonnes de déchets ménagers et assimilés (i.e. incluant les déchets des activités économiques pouvant être collectés avec les déchets ménagers) ont été collectées par le service public de collecte des déchets dans la métropole, soit 580 kg annuels par habitant. Un total en légère progression par rapport à 2007 (36,7 millions de tonnes collectées), mais qui diminue rapporté à l'évolution de la population (592 kg annuels par habitant en 2007).
Les ordures ménagères et assimilées (OMA) représentent 21,6 millions de tonnes (soit 335 kg annuels par habitant), ainsi réparties :
- 16,4 millions de tonnes d'ordures ménagères résiduelles (OMR), qui poursuivent leur baisse (19,4 millions de tonnes en 2007). En rapportant le total à la population, la chute est plus que conséquente : 365 kg annuels par habitant en 1993, 316 kg en 2007 pour atteindre 254 kg en 2017.
Au sein de ces OMR, les parts de déchets putrescibles, de papier et de verre continuent de baisser au profit des plastiques et des textiles sanitaires qui, eux, continuent leur progression, mais à un rythme moins soutenu qu'entre les deux précédentes éditions (plus de 200% depuis 1993 !). Sur ces 254 kg/habitant, la part du gaspillage alimentaire représente 29 kg annuels ;
- environ 5,2 millions de tonnes de collectes séparées (soit 80 kg annuels par habitant) de verre (1,9 million de tonnes, 31 kg annuels /hab.), d'emballages et papiers graphiques (3,2 millions de tonnes, 50 kg annuels/hab.) et de biodéchets (74.000 tonnes, cette dernière collecte représentant alors, là où elle est organisée, 19 kg annuels par habitant).
Les apports en déchetteries sont quant à eux en forte croissance, puisqu'ils dépassent les 14,2 millions de tonnes (223 kg annuels par habitant) alors qu'ils étaient de 10,7 millions de tonnes (181 kg annuels par habitant) en 2007. Ces 223 kg annuels/habitant se répartissent ainsi : 67 kg de déchets verts, 57 kg de déblais et gravats, 52 kg de flux tout venant, 45 kg de matériaux recyclables, mobiliers ou déchets électriques et électroniques, et 4 kg de déchets dangereux et autres.
Tri : la route est encore longue
L'enquête souligne l'importance du chemin restant à parcourir en matière de tri. Ses auteurs estiment ainsi que près des 3/4 des ordures ménagères et assimilées (plus de 18 millions de tonnes à l'échelle métropolitaine, soit 248 kg annuels par habitant, le gaspillage alimentaire représentant 9% de ce gisement) pourraient être évitées en tenant compte des actions de prévention retenues par une étude de 2016 de l'Ademe ("Étude d’évaluation des gisements d’évitement, des potentiels de réduction de déchets et des impacts environnementaux évités"). Soit : la prévention du gaspillage alimentaire domestique et dans la restauration collective, la promotion de produits peu générateurs de déchets d'emballages, le développement de la vente en vrac, la promotion de l'eau du robinet, le développement de la consigne pour le réemploi des bouteilles en verre, la réduction des imprimés non sollicités (le "stop pub"), la réduction des papiers d'impression, la réduction de l'utilisation des sacs à usage unique, le recours aux couches lavables, les réemploi et réutilisation de textiles, linges, chaussures ou encore la promotion de la gestion de proximité des biodéchets. Relevons que certaines de ces actions ont été prévues (sans parler de la fin programmée des plastiques à usage unique), au moins partiellement, par la loi Agec et que d'autres (vente en vrac, dispositif "oui pub", consigne du verre…) sont promues dans le cadre du projet de loi Climat et Résilience en cours de discussion.
L'enquête estime également que près de 80% du flux des OMR pourraient être réorientés vers la valorisation matière. Il est ainsi relevé que près de 40% des flux OMR relèvent d'une filière REP.
De même dans les déchetteries, où il est estimé que 86% du flux tout venant pourrait être détourné du stockage, alors que seuls 45% font aujourd'hui l'objet d'une valorisation matière ou énergétique. Plus précisément, l'étude souligne que 28% des déchets relèvent d'une filière REP existante et 40% pourraient en complément faire l'objet d'une valorisation matière et 18% d'une valorisation énergétique.
L'étude détaille par ailleurs les "taux de captage moyens des collectes séparées sur les OMA", évalués à 69% pour le verre (et même 75% pour le verre de couleur), 64% pour les journaux, revues et magazines, 62% pour les imprimés publicitaires, 54% pour les cartons ondulés, 32% pour les cartons plats, 52% pour les bouteilles et flacons PET et 47% pour ceux en polyoléfines.