Polluants éternels dans l’air : de premiers résultats dévoilés dans le bassin lyonnais

Les équipes d'Atmo Auvergne-Rhône-Alpes ont rapporté, ce 5 février, les premières données de concentrations dans l’air ambiant de substances per- et polyfluoroalkylées (PFAS), dits polluants éternels, sur la région lyonnaise. Les mesures, réalisées à l'aide de préleveurs d'air à haut-débit en 2024, ont eu lieu sur deux sites de l’agglomération lyonnaise - un site urbain de fond et un site sous influence industrielle, en aval de Lyon, dans la vallée de la chimie - en ciblant de 22 à 38 molécules pour les derniers essais. Les résultats permettent pour la première fois de fournir "un ordre de grandeur" des PFAS dans l’air ambiant, souligne l’organisme référent-air sur le territoire régional. Ces concentrations sont de l’ordre de la dizaine de picogrammes (pg) /m3 en milieu urbain sur la commune de Lyon, et, de la centaine de pg/m3 sur la commune de Pierre-Bénite, "en milieu urbain sous l’influence de producteurs de PFAS", à proximité des sites des groupes chimiques français et japonais Arkema et Daikin. 

Parmi les molécules recherchées, le PFHxA et le 6:2FTS ont été retrouvés "à des niveaux plus importants que les autres composés" (en moyenne 92% de la masse totale des échantillons), "résultats pouvant être reliés aux activités de production de polymères fluorés du secteur". Le PFOA et le PFOS, dont l’utilisation est interdite depuis respectivement 2009 et 2020 (car classés comme cancérogènes), ont été retrouvés "dans des proportions beaucoup plus faibles" (environ 2%). 

Avec cette étude, il s’agit pour Atmo Auvergne-Rhône-Alpes "de répondre aux interrogations du territoire, de ses citoyens et de ses membres", et de développer "une méthode robuste" de prélèvement et d'analyse quantitative des PFAS dans l'air ambiant, en lien avec le plan interministériel sur les PFAS. "Actuellement, très peu de données concernant les PFAS dans cette matrice sont disponibles : aucune en France jusqu’à présent s’agissant de concentrations dans l’air ambiant", insiste l’organisme, qui entend poursuivre ses travaux en 2025, notamment en vue de définir à terme des valeurs toxicologiques de référence (VTR). Si des études scientifiques ont établi la nocivité de certains PFAS, "en l'absence de valeurs de référence, on ne sait pas quel taux est délétère pour la santé" et donc, pour le moment, "on ne peut pas dire quel est l'impact" des taux relevés à Lyon, a précisé à l'AFP Marine Latham, directrice générale d'Atmo Auvergne-Rhône-Alpes. De son côté, la préfecture du Rhône tire un bilan et assure, dans un communiqué du 5 février, que des mesures de traitement prises par Daikin à l'été 2024 ont réduit de 90% ses rejets de PFAS dans l'air, et qu'Arkema a bien mis fin en décembre à l'usage de 6:2FTS, une molécule retrouvée par Atmo dans l'air ambiant à Lyon. 

Quelques jours auparavant, le 3 février, le cabinet Kaizen avocat, de l’association Notre Affaire à Tous et du collectif PFAS contre Terre, a annoncé, lors d’une réunion publique à Oullins-Pierre-Bénite autour d’une centaine de riverains des usines Arkema et Daikin, le lancement d’une action collective en justice contre les deux industriels. L’objectif est de construire "la plus grande action contre les PFAS d’Europe, pour faire payer les pollueurs et obtenir la réparation des préjudices des riverain·es", indique le communiqué. Pour ce faire, il a été proposé aux participants de rejoindre cette "action de masse" au civil, "parce que ce sont des délais plus courts, on a des indemnisations plus importantes" a expliqué Louise Tschanz, ajoutant qu’il fallait au moins 500 signatures pour démarrer cette action. Un guide d’information citoyen a également été publié pour l’occasion.

 

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