Environnement - Plus de 10.000 citoyens seront consultés sur le climat le 6 juin
Le 6 juin, durant 24 heures, 104 débats se tiendront de par le monde dans 83 pays durant lesquels des citoyens choisis en fonction d'un panel représentatif donneront leurs avis sur les cinq enjeux phare des négociations de la 21e conférence des parties (COP21) : importance de lutter contre le changement climatique, financement de la transition énergétique, transfert de technologies, responsabilité des Etats par rapport aux engagements qui seront pris à la COP21 de Paris, contrôle et suivi des promesses faites…
Protocole commun
"C'est sur ces questionnements d'apparence pointus mais qu'en fait tout le monde partage, des îles Fidji au Népal en passant par les pays d'Afrique, la France et les Etats-Unis, que des assemblées de 100 citoyens dans le monde entier vont être consultées en même temps le 6 juin, à partir du même questionnaire et du même matériel informatif, même s'il sera forcément présenté avec quelques variations et spécificités locales", éclaire Yves Mathieu, co-directeur de l'agence Missions publiques, spécialisée dans la concertation, et qui coordonne ce débat mondial aux côtés de la Commission nationale du débat public (CNDP). Une prouesse qui force l'admiration étant donné les problèmes d'accueil et d'organisation que cela pose, sans parler du budget. Difficile à établir, la coordination de l'événement se chiffre – sans compter la myriade de financements locaux - à 1,2 million d'euros selon Christian Leyrit, président de la CNDP. Dont un tiers apporté par le ministère de l'Ecologie, "sans quoi cela aurait été impossible à réaliser dans les pays les plus pauvres".
Des régions moteurs
Quatorze régions (Aquitaine, Auvergne, Basse et Haute-Normandie, Centre-Val de Loire, Franche-Comté, Guadeloupe, Ile-de-France, Martinique, Nord-Pas-de-Calais, Poitou-Charentes, Provence-Alpes-Côte d'Azur, la Réunion, Rhône-Alpes) ainsi que Grenoble-Alpes Métropole financent et organisent pour leur part des débats sous la coordination de l'Association des régions de France (ARF). Neuf d'entre elles soutiennent dans le cadre de leurs accords de coopération des débats dans les pays du Sud. Le tour de force de ces débats, c'est qu'ils sont organisés au même moment dans des conditions quasi homogènes et en respectant les mêmes règles. Il a fallu pour cela sélectionner et former des organisateurs locaux, avec l'appui notamment des ambassades. Cette méthode rigoureuse de consultation citoyenne, à cette échelle, est une première. "Elle permettra d'obtenir des données statistiques fiables et de comparer les priorités, points de convergence et de divergence en fonction des pays", observe Christian Leyrit.
L'après-consultation
Les résultats de cette consultation seront connus en direct au fur et à mesure de la journée du 6 juin. Puis les réponses de l'ensemble des citoyens réunis seront transmises dès le 10 juin aux négociateurs de l'intersession de la COP21 à Bonn. Des recommandations émises seront aussi présentées lors du sommet mondial Climat & Territoires organisé par la région Rhône-Alpes, à Lyon, les 1er et 2 juillet prochain. "L'intérêt, c'est aussi ce qui se passera après cette consultation, comment le rapport qui en sera tiré sera exposé aux décideurs, ce qu'ils en feront. Nous aurons à peu près six mois pour faire vivre ces résultats une fois le 6 juin passé", ajoute Yves Mathieu. Pour Björn Bested, directeur des relations internationales du Danish Board of Technology, qui a bâti ce protocole strictement appliqué d'un pays à l'autre, dit du "World Wise Views" et déjà utilisé à deux reprises, "c'est un outil, une solution pensée pour résoudre le gouffre qui s'installe entre citoyens et décideurs politiques". "C'est une méthode solide, qui débouchera à coup sûr sur des résultats pertinents et des décisions à prendre", confirme Jean-Jack Queyranne, président de la région Rhône-Alpes.