Archives

Musiques actuelles - Plateforme nationale Cafés culture : la culture au comptoir

La plateforme nationale des "Cafés culture" a été présentée à Paris le 29 mars, en présence des différents acteurs concernés. Fruit de deux années de travail, ce dispositif résulte d'une initiative du collectif "Culture bar-bars" (Fédération nationale des Cafés culture). Il réunit plusieurs parties prenantes, dont la ville de Nantes - qui représente l'Association des maires des grandes villes de France (AMGVF) - et les régions Aquitaine et Pays-de-la-Loire, et bénéficie du soutien des ministères de la Culture et de l'Intérieur. Le principe est assez simple : les Cafés culture offrent aux jeunes artistes "en développement" des lieux pour se faire entendre et se frotter à la scène, avant de rejoindre d'autres lieux d'expression pour les plus talentueux ou les plus persévérants d'entre eux. Ces Cafés culture sont également des lieux d'animations des villes et des quartiers, particulièrement dans les villes grandes ou moyennes, d'où la présence de l'AMGVF. Ils participent aussi à l'animation des réseaux de musiques actuelles soutenus par les régions (d'où la présence de ces dernières).

Dépasser les difficultés juridiques

Si le projet est séduisant, il soulève cependant un certain nombre de difficultés, notamment d'ordre juridique. En effet, ces structures n'ont pas de véritable existence en dehors de leur activité relevant de la convention des hôtels, cafés et restaurants (HCR). L'absence de toute identification spécifique (pas de code APE) interdit même tout recensement précis : le collectif Culture bar-bars compte 150 adhérents, mais estime à 7.000 le nombre de cafés accueillant, à des degrés divers, des manifestations culturelles. Cette absence de cadre juridique peut soulever de sérieuses difficultés lors de l'organisation de concerts dans ces établissements, même si le public est par définition réduit (rarement plus d'une centaine de places) : nécessité théorique de disposer de la licence d'entrepreneur, conformité et mise aux normes au regard des règles acoustiques, risque de reclassement en établissement de spectacles alors que la vocation première de ces établissements reste celle de débits de boissons... Les promoteurs de la plateforme espèrent que la visibilité ainsi donnée à cette forme d'activité culturelle vaudra reconnaissance et facilitera la résolution de ces difficultés.

Un fonds de financement dédié

Les relations entre les Cafés culture et les artistes ne sont pas non plus toujours des plus claires. La plateforme entend donc améliorer les conditions d'emploi artistique. Pour cela, elle prévoit notamment un protocole de "bonnes pratiques", avec en particulier une limitation de la programmation de groupes non rémunérés à un maximum de 15% de la programmation totale. De même, elle demande au ministère de la Culture de publier une circulaire précisant les règles applicables et de mettre en place un module de formation à la sécurité des spectacles. Enfin, elle prévoit la mise en place d'un fonds de financement de l'emploi, qui regrouperait des financements publics et privés et serait géré par le Guso (Guichet unique du spectacle occasionnel, qui collecte les cotisations sociales correspondantes). Ce fonds pourrait être abondé par les collectivités territoriales, mais aussi par les fabricants et distributeurs de boissons. Qualifiée par ses promoteurs de "dispositif global et unique en France qui s'attache à répondre aux besoins de nos concitoyens tout en décloisonnant les politiques et les pratiques culturelles" et de "nouvelle page pour les arts et la culture dans notre pays", la plateforme devrait au moins contribuer à donner une visibilité et une reconnaissance à une pratique en plein développement.