Tourisme/Culture - Paris organise des états généraux de la nuit pour rattraper son "retard"
La ville de Paris prépare les états généraux de la nuit, qui auront lieu les 12 et 13 novembre prochains, et inscrit ainsi la question de la vie nocturne dans une réflexion plus large sur l'offre culturelle et touristique de la capitale. Organisé en collaboration avec les professionnels de la nuit, les associations de riverains, les maires d'arrondissement, la préfecture de police et la région Ile-de-France, cet événement répond à la pétition "Quand la nuit se meurt en silence" adressée, en novembre 2009, aux ministres de l'Intérieur et de la Culture, ainsi qu'aux autorités franciliennes. Cette lettre ouverte, signée par 16.000 acteurs de la vie nocturne (exploitants de lieux, artistes, organisateurs de soirées, syndicats, etc.), dénonçait notamment "la loi du silence généralisée qui s'abat sur nos évènements et nos lieux de vie […], en passe de reléguer la Ville Lumière au rang de capitale européenne du sommeil" (voir nos articles ci-contre des 9 novembre et 21 décembre 2009). La municipalité, consciente de l'enjeu économique et touristique - Paris est la première destination au monde en nombre de visiteurs -, s'attelle à réveiller la nuit. Un forum participatif en ligne intitulé "La nuit porte-t-elle conseil ?" a d'ailleurs été ouvert en amont des états généraux afin de recueillir les commentaires et suggestions des noctambules. Les propositions - faire fonctionner les transports en commun la nuit, ouvrir les piscines municipales en nocturne, diminuer les nuisances sonores, ne pas délaisser la banlieue parisienne dans la réflexion, etc. - viendront enrichir les débats. Les états généraux siègeront afin de trouver des solutions pour "mieux vivre ensemble la nuit". A ce titre, ils aborderont différents thèmes comme le développement de la culture nocturne, la sécurité, la mobilité nocturne mais également la tranquillité publique. Parmi les récriminations, les conséquences de la loi anti-tabac sont souvent pointées du doigt. Les établissements de nuit déplorent notamment leur impuissance face aux nuisances sonores liés à l'occupation des trottoirs (cf. notre article ci-contre du 9 novembre 2009). La mairie de Paris revendique, pour sa part, "une nuit dynamique et créative dans une vision de la ville équilibrée, qui prend en compte les rythmes différenciés, les attentes et les besoins de ses habitants, de ses visiteurs, de ceux qui travaillent, de ceux qui font la fête, mais qui préserve aussi leur qualité de vie". Le 12 et 13 novembre, Paris souhaite ainsi ouvrir le dialogue et concilier les "trois nuits de la ville" - le repos, le divertissement et le travail – et devenir, à l'instar de ses rivales européennes comme Londres, Barcelone ou Berlin, la reine de la nuit.
Jean-Noël Escudié / PCA