Culture - Musique et environnement ne font pas toujours bon ménage
Dans une démarche commune, plusieurs associations fédérant les acteurs parisiens des musiques nouvelles - Technopol, My Electro Kitchen et Plaqué Or - ont adressé une lette ouverte aux ministres de la Culture et de l'Intérieur, au préfet de Paris, au préfet de la région Ile-de-France, au préfet de police, ainsi qu'au maire de Paris et au président du conseil régional. Intitulée "Paris : quand la nuit meurt en silence", cette lettre ouverte veut alerter l'opinion et les décideurs publics sur "les graves conséquences des pressions [subies] actuellement dans la gestion des problèmes de voisinage et de nuisances". Les signataires considèrent que "la loi du silence généralisée qui s'abat sur nos événements et nos lieux de vie est en passe de reléguer la Ville Lumière au rang de capitale européenne du sommeil", au risque d'entamer le rayonnement culturel et l'attractivité touristique de la capitale. Selon eux, Paris est d'ores et déjà dépassée, en matière de vie musicale, par des villes comme Londres, Barcelone, Prague et Berlin. Les signataires estiment donc qu'il est "urgent d'interroger le cadre juridique et réglementaire qui régit nos activités mais aussi (et peut-être surtout) la manière dont il est traduit au quotidien sur le terrain".
De façon plus précise, la lettre ouverte détaille un certain nombre d'arguments. Elle rappelle ainsi que Paris souffre, "du fait de son urbanisation hypercentralisée et de la pression foncière subséquente", d'un manque critique de lieux d'expression culturelle. Ce manque touche tout particulièrement les musiques actuelles, "qui n'ont pas toujours été soutenues à la hauteur de leur popularité par l'Etat et les collectivités territoriales". Sur le plan juridique, les signataires pointent surtout les conséquences de la loi anti-tabac. Rappelant qu'ils ont appliqué cette loi "de façon exemplaire" au sein des établissements, ils déplorent d'être mis en cause pour les rassemblements de fumeurs sur la voie publique devant leurs établissements, alors qu'ils non aucun pouvoir pour intervenir. Ils estiment que cette situation peut créer des confusions entre les nuisances provenant de la diffusion musicale et les troubles de voisinage liés à l'occupation des trottoirs. Ils s'insurgent aussi de voir "réactiver des contraintes réglementaires jusque-là oubliées (interdiction de danser dans les bars ou les salles de concerts...) dans le seul but de durcir ou d'accélérer les sanctions".
Considérant qu'il ne peut pas y avoir de vie nocturne sans tolérance, les associations de musiques actuelles demandent notamment que "la législation soit clarifiée, rééquilibrée et remise en adéquation avec la réalité des pratiques culturelles et sociales". Ils réclament également un soutien public aux travaux d'isolation phonique des lieux de diffusion et une prise en compte de la voix du public des lieux de vie, au même titre que de la voix des riverains.
Jean-Noël Escudié / PCA