Planification écologique : quels emplois et quelles compétences ?
Le Réseau emplois compétences organisait le 24 avril dernier une réunion thématique consacrée à la nécessaire adaptation des acteurs de l’emploi et de la formation aux exigences nouvelles des métiers de la transition écologique. Avec un maître-mot : l’anticipation.
Il va falloir "anticiper les transformations pour amortir, voire éviter les chocs". À l’occasion de la réunion thématique organisée le 24 avril dernier par le Réseau emplois compétences (REC) de France stratégie et consacrée à la planification écologique, Emmanuel Schneider, directeur de programme au sein du Secrétariat général à la planification écologique (SGPE), a ainsi résumé d’une phrase l’enjeu de la transition écologique en termes d’emploi. Le SGPE, qui avait livré en février dernier une première ébauche de ses travaux sur la question (voir notre article du 18 février), estime que près de 8 millions d’emplois sont en jeu d’ici 2030. Un horizon auquel 150.000 créations nettes pourraient même être enregistrées. Beaucoup de secteurs seraient impactés, mêmes si des "secteurs clés" sont d’ores et déjà clairement identifiés tels la rénovation énergétique des bâtiments, l’industrie ou encore les transports.
Placé sous la responsabilité du Premier ministre, le SGPE travaille à l’édification d’un plan d’action national de réduction des émissions dont des déclinaisons régionales seront proposées prochainement. "Cela implique la mobilisation de l’ensemble des acteurs économiques et le déploiement d’une véritable stratégie emplois compétences", a ajouté Emmanuel Schneider. "Désormais, il est nécessaire que le plus grand nombre possible d’acteurs se l’approprie."
Forte déperdition entre l’étape de la formation et le premier emploi
Sur le fond, a-t-il plaidé, "il y a trois grands défis à relever". Le premier concerne les secteurs les plus touchés et qui sont déjà en tension, tels le bâtiment et l’industrie. Des secteurs qui connaissent aujourd’hui une forte déperdition entre l’étape de la formation initiale et le passage au premier emploi, déplore le représentant du SGPE, et dont l’une des caractéristiques perçue, la pénibilité, pourrait bien s’aggraver avec le changement climatique. Le second défi, c’est celui de la coordination entre les acteurs concernés. D’où la nécessité d’une stratégie avec "une vision quantitative des enjeux qui permette de fixer des trajectoires par familles de métiers". Le dernier défi, c’est bien celui de la déclinaison dans les territoires à travers des stratégies régionales qui parfois "existent déjà" mais qui demain devront pleinement tenir compte des effets de la transition écologiques sur l’emploi et la formation.
Un travail à mener à la maille régionale
Face aux besoins nouveaux engendrés par la transition écologique, les métiers doivent évoluer. Des besoins de main-d’œuvre mais également de "renouvellement générationnel pour s’assurer que les personnes qui vont entrer sur le marché du travail acquièrent ces nouveaux gestes pour la suite de leur parcours professionnel". Globalement, ces besoins nouveaux concerneraient près de 3 millions de personnes à former sur la période 2019-2030, "soit entre 230.000 et 250.000 personnes à former chaque année dans des niveaux 3 à 5". Un travail qui ne pourra être mené, explique le directeur de programme, "qu’à la maille régionale" et qui pourra s’appuyer sur les COP régionales qui permettent de faire émerger des diagnostics partagés à l’échelle des territoires et de déterminer les actions à mener. Des groupes de travail sous l’égide des préfets de régions sont déjà à l’œuvre, confirme à ce titre Emmanuel Schneider.
Parmi les secteurs prioritaires de la transition écologique, le bâtiment est celui qui pourrait créer le plus d’emplois nets d’ici 2030, avec une feuille de route exigeante qui induit la réduction des émissions, la réduction de la consommation énergétique, la prise en compte du ZAN (zéro artificialisation nette), la réduction de la précarité énergétique ou encore l’adaptation du bâti au changement climatique. Une stratégie globale qui va nécessiter "une mobilisation massive" et un plan à l’échelle de la filière qui est déjà en cours à travers la refonte des référentiels et la révision des certifications professionnelles, ou encore la mise en place d’un plan de formation des enseignants et l’accent mis sur la formation continue. Autant de chantiers nécessaires, estime Emmanuel Schneider, pour s’attaquer à l’enjeu central qui reste celui de l’attractivité de ces métiers : "Aujourd’hui, seuls 44% des jeunes formés aux métiers du BTP exerceraient leur premier emploi dans ce secteur."