Quels impacts de la transition écologique sur l’emploi ?

La Direction de l’animation, de la recherche, des études et des statistiques (Dares) du ministère du Travail se penche sur les incidences économiques de l’action pour le climat à travers le prisme du marché du travail. Elle le fait dans un rapport thématique qui vient nourrir les conclusions de la mission confiée par Elisabeth Borne à Jean Pisani-Ferry, dont l’objectif est d’évaluer les impacts macroéconomiques de la transition écologique.

Dans sa contribution au rapport déposé par Jean Pisani-Ferry à Elisabeth Borne la semaine dernière, la Dares reconnaît que la transition écologique "va entrainer des chocs significatifs sur le marché du travail". Mais au-delà du niveau d’emploi, c’est bien au rythme de l’ajustement du marché du travail qu’il conviendra de prêter attention ainsi qu’à "l’ampleur des frictions associées", préviennent les auteurs du rapport. La Dares évoque à ce titre l’importance de la question de la réallocation des emplois, l’horizon retenu, l’évolution des compétences requises ou encore la modification de la géographie des actions.

Des effets indirects "potentiellement plus importants"

Quoi qu’il en soit, "de fortes incertitudes demeurent", liées au scénario de la transition lui-même ainsi qu’aux politiques qui l’accompagneront et qui "affecteront les (des)équilibres sur le marché du travail". En premier lieu, estime la Dares, les emplois directs impactés par la transition écologique représentent une part limitée de l’emploi total. Bien que certains secteurs soient potentiellement plus touchés que d’autres, notamment ceux où l’on relève les plus fortes concentrations de gaz à effet de serre (GES) tels que l’agriculture, l’énergie, la construction, les transports et l’industrie d’une manière générale. S’agissant des effets indirects, si la réponse tient dans la prise en compte du poids de ces activités dans des territoires donnés ainsi qu’à leur insertion dans la chaîne de valeur, "ils pourraient être potentiellement plus importants", souligne le rapport.

Destruction d'emplois, tous les niveaux de compétences affectés 

A court terme, la transition écologique pourrait aggraver des tensions sur des métiers qui en connaissent déjà, comme ceux de techniciens, d’agents de maitrise ou de cadres du bâtiment. A moyen et long terme, les effets de la transition écologique sur le marché du travail vont dépendre, estime la Dares, "de notre capacité à anticiper les effets négatifs de court terme et à accompagner la réallocation de la main-d’œuvre concernée vers des secteurs porteurs". Quant aux niveaux de qualification, les effets de la transition devraient être limités. La Dares évoquant même "une montée en compétence généralisée" qui pourrait s’illustrer par le cas de figure du bâtiment, secteur dans lequel l’adaptation des compétences permettrait de répondre aux besoins croissants en matière de rénovation énergétique, par exemple. S’agissant en revanche des destructions d’emplois, la transition écologique affecte aussi bien les ouvriers que les ingénieurs ou les cadres. Un constat qui s’applique également aux créations d’emplois, conclut le rapport.

La dimension géographique induit quant à elle une problématique spécifique : "une partie des métiers qui bénéficieront de la transition rencontrent déjà actuellement des difficultés de recrutement pour partie liées à une inadéquation géographique entre l’offre et la demande de travail". Une tendance qui fragilise déjà certains secteurs tels que l’automobile, note l’étude. Mais dans le même temps, le développement conjoint d’une économie circulaire et de circuits courts "devrait s’accompagner d’une répartition plus équilibrée territorialement des emplois", suggèrent enfin les auteurs.