Plan Logement d'abord : premiers éléments de bilan
Richard Ferrand, ministre éphémère de la Cohésion des territoires, avait lancé le 6 juin 2017 la concertation pour la mise en œuvre d'une promesse de campagne d'Emmanuel Macron : un plan quinquennal pour le "logement d'abord" dont l'ambition serait "une réduction forte et durable du sans-abrisme en France". Un peu plus d'un an après, Jacques Mézard a livré à notre confrère La Croix un premier bilan, dans une interview publiée le 9 juillet 2018.
Pour rappel, le plan quinquennal avait été bouclé et présenté le 11 septembre à Toulouse par le président de la République (voir notre article). Trois objectifs quantitatifs étaient annoncés avec des temporalités différentes. Le premier est de "porter l’objectif de production de 40.000 logements très sociaux par an dès 2018". Le second est "l’ouverture sur cinq ans de 10.000 places en pensions de famille pour les personnes isolées en situation d’exclusion". Le troisième est "la création sur cinq ans de 40.000 places supplémentaires principalement dans le parc locatif privé, via les dispositifs d’intermédiation locative".
"On aura plus de mal à atteindre les 10.000 logements en pensions de famille"
"Pour le logement très social, je pense que nous atteindrons les 40.000 logements prévus en cinq ans", a indiqué le ministre de la Cohésion des territoires à La Croix. "Les premières remontées sont positives avec une estimation de réalisation à 95% de l’objectif pour 2018."
"On aura plus de mal à atteindre les 10.000 logements en pensions de famille et les 40.000 en intermédiation sociale", a-t-il ajouté. Ce ne serait ni une question de "dynamique" ni une question de "crédits". Pour les pensions de famille, il donne l'explication suivante : "On bute sur le fait que tout le monde ne veut pas en construire et qu’il y a de grandes lourdeurs administratives" (voir notre encadré ci-dessous). Selon lui, "il faut simplifier d’urgence la procédure, notamment les appels à projets".
Pour l'intermédiation locative, Jacques Mézard estime que si le dispositif ne se déploie pas comme prévu, c'est qu'il "n’est pas assez connu, parce qu’il n’y a pas assez d’intermédiaires". Mais ce devrait bientôt être résolu puisque "nous sommes en train de faire ce travail de communication et de formation".
Une commission d’enquête parlementaire sur le fonctionnement de l’hébergement d’urgence ?
Concernant les partenaires du plan, Jacques Mézard est moins sévère avec le monde HLM ("il n’y a pas de mauvaise volonté de leur part, même s’il peut y avoir des résistances"), qu'avec le milieu associatif de qui il "n’accepte pas les leçons de morale". "Si la solution était uniquement budgétaire, cela se saurait", s'agace le ministre (voir notamment notre article ci-dessous du 31 janvier 2018).
Il enchaîne alors sur la question de l'hébergement d'urgence, se félicitant qu'"aucun gouvernement n’a jamais fait autant que nous sur l’hébergement d’urgence avec 136.000 places mises à disposition chaque jour". Et d'ajouter : "Je souhaite d’ailleurs que le Parlement crée une commission d’enquête sur le fonctionnement général de l’hébergement d’urgence", soulignant que "l’objectif n’est pas de faire le procès des associations" car "elles font un travail formidable au service des plus démunis". Un travail pour lequel, il rappelle qu'"elles sont financées en très grande majorité par l’État (jusqu’à 90%), qui consacre 2 milliards d’euros chaque année pour l’hébergement d’urgence".
Nexity crée "Nexity non profit" avec l'ambition de produire 1.000 places en pensions de famille
Nexity, le géant immobilier français, vient de créer "Nexity non profit". Il s'agit d'une nouvelle "organisation ad hoc" au sein du groupe, avec pour objet le "logement des personnes défavorisées" et un modèle économique "financièrement neutre". Sa première action sera de produire 1.000 places en pensions de famille par an d’ici trois ans, sachant que "chaque pension offre une vingtaine de logements (principalement studios) privatifs, équipés et confortables, ainsi que des espaces communs". Il est précisé que ces pensions de familles seront réalisées "en priorité dans le cadre de projets immobiliers importants" et "en extension des savoir-faire existants du groupe en matière de résidences thématiques sociales (résidences hôtelières à vocation sociale, foyer jeunes travailleurs, résidence habitat jeunes)".
"En travaillant en collaboration avec les associations spécialisées, nous avons trouvé ensemble un modèle complémentaire combinant production (par Nexity) / exploitation (par les associations)", explique Christian Dubois, directeur général délégué de Nexity Immobilier résidentiel et pilote de cette activité. La fondation Nexity soutenait déjà, depuis 2005, des pensions de famille à travers une aide à la fondation Abbé-Pierre.
V.L.