Plan d'investissement en faveur des transports : large satisfecit, en attendant le détail des financements
Collectivités et professionnels des transports publics ont réagi favorablement au plan en faveur des transports présenté par la Première ministre ce 24 février, tout en attendant des précisions sur la trajectoire financière.
Globalement, le plan d'investissement en faveur des transports présenté par Élisabeth Borne ce 24 février à l'occasion de la remise du rapport du Conseil d'orientation des infrastructures-COI (voir notre article) a reçu un accueil favorable de la part des collectivités, qui se montrent toutefois attentives à la déclinaison financière qui en résultera.
Les élus du Groupement des autorités responsables de transport (Gart) se sont ainsi félicités dans un communiqué ce 27 février qu'un "plan ambitieux" ait été retenu par la Première ministre, "d’autant que [ce plan] insiste sur l’importance des transports du quotidien, notamment avec la création de RER métropolitains" qui "renforceront l’indispensable lutte contre le changement climatique". Le Gart se dit aussi "satisfait" de voir que, pour la création de ces RER, un rôle spécifique va être donné à la Société du Grand Paris "dont l’expérience et le savoir-faire indéniables seront d’un précieux secours pour les AOM" (autorités organisatrices de la mobilité). Les élus du Gart demandent également que ce plan d’investissement "sans précédent dans les transports ferroviaires" s’accompagne de "mesures permettant de redonner des marges de manœuvres aux AOM en matière de fonctionnement".
"Accélérer la définition des périmètres des bassins de mobilité"
Intercommunalités de France a aussi salué dans un communiqué ce 24 février "le volontarisme affiché par le gouvernement". "L’annonce d’un plan de 100 milliards d’euros d’ici 2040 est un signal positif pour agir en faveur de solutions de transports décarbonés et dans un objectif d’aménagement et de désenclavement des territoires", a souligné l'association d'élus. "Néanmoins, des précisions devront être apportées dans la concertation sur l’essentielle question du financement du plan et du partage entre État, collectivités et acteurs privés", a-t-elle ajouté. Selon elle, "ce sont bien les collectivités, et au premier rang desquelles les intercommunalités, qui doivent avoir en mains les outils nécessaires pour mettre en œuvre des services de mobilités adaptés, y compris en milieu rural." Elle rappelle donc pour l'occasion sa "volonté ferme de voir rouvrir la possibilité de transfert de la compétence mobilités aux communautés de communes", les disparités régionales dans la prise de compétence restant "très importantes". Pour la mise en place des RER métropolitains et des zones à faibles émissions, Intercommunalités de de France insiste également sur "l’indispensable travail de coopération à mener avec les intercommunalités voisines, y compris rurales et périurbaines, dans l’intérêt de tous les citoyens". Il serait ainsi selon elle "opportun d’accélérer la définition des périmètres des bassins de mobilité et la signature des contrats opérationnels de mobilité prévus par la LOM" (loi d'orientation des mobilités).
Appel des présidents de région "entendu"
Carole Delga, présidente de la région Occitanie et de Régions de France, a salué pour sa part "la décision d’augmenter les moyens alloués aux mobilités décarbonées, en priorité le ferroviaire, par rapport au cadrage budgétaire envisagé initialement". "Lancé en octobre dernier, l’appel des présidentes et présidents de région en faveur d’un New Deal ferroviaire a été entendu", a-t-elle souligné dans un communiqué ce 24 février. Elle dit attendre désormais "des précisions concernant les moyens supplémentaires alloués par l’État et les calendriers de réalisation". "Les lignes de desserte fine souffrent d’un manque d’investissement criant depuis de trop nombreuses années, a-t-elle illustré. La Première ministre a annoncé 1 milliard d'euros supplémentaire d’ici la fin du quinquennat pour leur régénération, aujourd’hui majoritairement supportée par les régions. Je serai donc particulièrement attentive à ce que cela se traduise dans la négociation du volet mobilités des contrats de plan État-régions. Les ambitions affichées devront être traduites dans les faits et irriguer nos territoires périurbains comme ruraux." Elle réaffirme aussi son soutien à la création des lignes nouvelles entre Toulouse et Bordeaux et entre Montpellier et Perpignan car "elles seules permettront d’augmenter les trains du quotidien sur les lignes actuelles saturées et ainsi de diminuer le nombre de voitures et de camions en circulation sur nos routes" et affirme avoir "obtenu des garanties quant à leur réalisation dans les délais annoncés".
La Banque des Territoires accompagne la décarbonation des mobilités
La Banque des Territoires investit dans les lignes de desserte fine du territoire.
La région Auvergne-Rhône-Alpes s'est aussi félicitée ce 24 février du "nouvel élan donné au ferroviaire". "C’est une bonne nouvelle pour la région, qui attend désormais de voir quels seront les engagements concrets et financiers de l’État", a-t-elle souligné dans un communiqué. Elle lance aussi plusieurs "alertes". "Si la mobilisation de fonds pour les RER métropolitains est une bonne nouvelle, l’État ne doit pas non plus oublier les petites lignes ferroviaires, si importantes pour nos territoires ruraux, prévient-elle. Il est temps, aussi, que la SNCF se montre raisonnable. En ayant réalisé, l’an dernier, 2,4 milliards d’euros de profits, elle doit arrêter de ponctionner les budgets des régions en demandant des sommes toujours plus importantes (…)". Sur le Lyon-Turin, la région demande aussi "des actes forts" pour que l’État soit "à la hauteur de l’enjeu pour nos territoires". La région dit aussi espérer que le gouvernement consacre "des crédits importants à la réalisation des opérations routières qui s’imposent".
Des transports urbains du quotidien à placer "au coeur" du plan, selon l'UTP
L'Union des transports publics et ferroviaires (UTP) a pour sa part salué ce 27 février "des annonces ambitieuses" de la part du gouvernement. "Cet engagement pour une 'Nouvelle donne ferroviaire de l’ordre de 100 Mds d’euros d’ici 2040' est un signal fort que le secteur appelait de ses vœux, a souligné l'organisation professionnelle des entreprises de transport public. La régénération et la modernisation du réseau ferré sont indispensables de même que le déploiement des RER métropolitains." "Il convient toutefois que les projets d’investissement pour les transports urbains du quotidien soient également au cœur de ce grand plan d’avenir, a-t-elle ajouté. Comme la Première ministre l’a précisé : 'c’est lorsque nos concitoyens pourront trouver un transport en commun régulier, facilement accessible et fiable, qu’ils pourront réduire leur usage de la voiture'. Si les RER métropolitains y contribueront, il sera également indispensable d’amplifier le soutien de l’État aux projets de développement et de modernisation des infrastructures et systèmes de transport urbain ou périurbain (bus en site propre, trams, métros, cars express) portés par les AOM de toutes tailles."
Pour l'UTP, le gouvernement doit aussi "rapidement graver dans le marbre ses engagements, et ce au-delà des 1,5 milliard d’euros supplémentaires par an annoncés par la Première ministre pour la régénération et la modernisation du réseau ferroviaire". Comme l'a proposé le COI dans son rapport, elle souhaite ainsi l’élaboration d’une "loi de programmation pluriannuelle pour sécuriser un secteur qui se caractérise par des investissements au temps long".