Mobilités : Clément Beaune souhaite la mise en place d'une "Conférence nationale des transports"
À l'occasion de la cérémonie des voeux du Groupement des autorités responsables de transport (Gart) ce 18 janvier, le ministre délégué aux Transports, Clément Beaune, a déclaré souhaiter la mise en place d'une "Conférence nationale des transports", forum permettant à l'État et aux collectivités locales d'aborder régulièrement les problématiques liées aux transports publics. Une manière de répondre aux attentes des autorités organisatrices, toujours nombreuses en matière de financements notamment.
"Je souhaite qu'on puisse mettre en place une sorte de Conférence nationale des transports (...) pour qu'on puisse mettre les désaccords sur la table, diffuser les bonnes pratiques, faire des diagnostics communs, et se voir tout simplement dans un cadre posé, serein", a déclaré le ministre délégué aux Transports, Clément Beaune, lors de la cérémonie de voeux du Groupement des autorités responsables de transport (Gart) ce 18 janvier à Paris. "On n'a pas un lieu où on se parle régulièrement", a regretté le ministre devant des journalistes, notant que son homologue allemand a régulièrement des réunions avec les responsables des transports des Länder (les régions allemandes). Ce forum, qui associerait Régions de France, France urbaine, Intercommunalités de France et le Gart, pourrait se réunir "tous les trimestres par exemple", selon lui. "ça serait bien qu'on ait une réunion d'ici la fin du premier trimestre", a-t-il ajouté.
Louis Nègre, président du Gart et maire LR de Cagnes-sur-Mer (Alpes-Maritimes), a rappelé les attentes encore nombreuses de l'association, déjà exprimées avant l'élection présidentielle au printemps dernier (voir notre article du 4 avril 2022). Il a mis en avant notamment la transformation en subventions des avances remboursables versées par l'État pendant la crise du Covid, une baisse de la TVA à 5,5% "pourtant votée par une majorité de sénateurs mais rayée d'un coup de 49-3", a-t-il cinglé. L’aide financière de 300 millions d’euros accordée en décembre dernier par l’État aux autorités organisatrices de la mobilité (dont 200 millions d'euros pour l'Île-de-France) peut paraître "dérisoire, en pleine politique de transition écologique au regard des 8 milliards d’euros engagés en 2022 en faveur de l’usage des véhicules carbonés", a-t-il poursuivi. Avec Intercommunalités de France et France urbaine, le Gart a proposé à la demande du ministre des pistes de répartition des 100 millions d'euros entre les différentes AOM de province. "Le schéma trouvé consiste à réserver 20% de l'enveloppe aux AOM à faible densité de population et de calculer la répartition à partir des surcoûts de l'énergie", a indiqué Louis Nègre.
"Revoir en profondeur le modèle économique du transport public"
Mais "au regard des enjeux et des impatiences qui s'expriment de plus en plus frontalement", a-t-il appuyé, "il faut aller plus loin et revoir en profondeur le modèle économique du transport public" comme le préconisait déjà le rapport Duron remis en juillet 2021. "Il est temps que les collectivités disposent de moyens financiers leur permettant de mettre en place des politiques d'offres plus denses et plus adaptées aux besoins de nos concitoyens", a-t-il déclaré, notant que le conseil scientifique du Gart préparait un rapport sur la question et ferait prochainement des propositions au gouvernement. Louis Nègre a une nouvelle fois cité en exemple le modèle suisse, reposant sur "une loi de programmation intangible" assurant aux transports "un financement fléché, stable et pérenne".
"Dégager plus de moyens pour la mobilité, cela passe évidemment par un rééquilibrage entre les aides publiques apportées à la route et celles apportées au transport collectif", a-t-il insisté. Il a ainsi réitéré l’une des propositions phares de l’association, à savoir un engagement de l’État à hauteur de 5 milliards d’euros en faveur des mobilités du quotidien sur les cinq années à venir - 3 milliards d’euros pour développer l’offre de mobilité (appels à projets transports collectifs en site propre, pôles d'échanges multimodaux et mobilité douce) et 2 milliards d’euros pour la conversion de l’ensemble du parc de véhicules vers des matériels à plus faibles émissions.
Titre unique : un projet d'avenir
Mais en sa qualité de porte-parole national des AOM, le rôle du Gart n’est pas uniquement revendicatif, a insisté Louis Nègre. "Nous nous inscrivons résolument dans une démarche constructive et prospective", a-t-il ajouté, citant l'une de ses propositions phares : la création d’un titre unique de transport pour toutes les mobilités à l’échelle nationale. Il s'agit de permettre à tout usager d'accéder à l’ensemble de l’offre publique de mobilité, sans devoir à chaque fois s’adapter à la diversité des supports et des titres propres à chaque réseau de transport. Favorable à cette initiative, Clément Beaune a convié le Gart et son président au Hackathon "Imaginer le titre de transport de demain" organisé par l’Agence pour l’innovation dans les transports les 7 et 8 février prochains.