Piscines publiques : une réouverture frileuse
Deux semaines après la date autorisant la réouverture des piscines, une infime minorité d'entre elles accueillaient du public. Une enquête met en lumière le ressenti des usagers face aux nouvelles normes sanitaires.
Depuis le 2 juin, les piscines peuvent de nouveau accueillir du public. Combien ont rouvert ? Dans quelles conditions ? Comment le public vit-il les contraintes sanitaires ? L'Andes (Association nationale des élus en charge du sport) a mené l'enquête. Ses résultats ont été présentés lors d'un webinaire tenu le 15 juin.
Combien de piscines ont rouvert ? Seuls 2,5% des 243 gestionnaires répondants affirment avoir rouvert dès le 2 juin. 41% ont prévu d’ouvrir entre le 15 et le 28 juin. 27% entre le 29 juin et le 13 juillet. En cause : le temps de préparation et de désinfection des équipements pour y faire appliquer le protocole sanitaire et les différentes mesures de distanciation.
Ces mesures et conditions d'accueil encouragent-elles le public à revenir ? Oui pour 81% des usagers qui souhaitent "revenir le plus vite possible". 12% espèrent des conditions sanitaires moins contraignantes. 2% ne souhaitent pas y retourner dans ces conditions.
Revenir, pour quoi faire ? Dans les premières piscines rouvertes, une large majorité est venue pratiquer la natation sur un créneau public (59%). Suivent la pratique de loisir en club (12%), l’aquagym et l’aquabike (10%), et la pratique compétitive (8%).
Le public fait avec les contraintes…
Comment le public vit-il les mesures sanitaires ? Les notions de sécurité, confort et individualisation sont plébiscitées. On ne souhaite pas leur maintien pour autant. Sont jugées utiles la réservation d'un créneau horaire (69%) et la limitation de certains créneaux horaires à certaines personnes (74%). Moins d'un quart des usagers souhaitent les voir perdurer. La douche savonnée obligatoire avant l'accès au bain est jugée utile par 45% des usagers. Son maintien est souhaité par 52%. Le port du masque hors de l'eau est jugé utile par 63% des répondants. 7% souhaitent son maintien.
Pour 58% des personnes, le tarif d'entrée doit rester identique. Cyril Cloup, directeur général de l'Andes : "Il y a une compréhension du public vis-à-vis des contraintes que les gestionnaires de piscines doivent prendre en compte durant la période actuelle." Pour 40% des sondés, le tarif doit baisser. La raison : "une prestation dégradée."
Durant le même webinaire, Franck Cartier, chef de projet au sein de la société de conseil D2X International, a relaté les premiers retours des exploitants. Il pilote une expérimentation lancée le 2 juin, destinée à affiner les conditions de reprise de l'activité dans les piscines.
… les exploitants les jugent "pas viables"
Les exploitants mettent en avant le besoin de "favoriser les réouvertures par une procédure déclarative précise et uniforme sur le territoire". Aujourd'hui, ils déclarent une réouverture soit à l'ARS (agence régionale de santé), soit à la DDCS (direction départementale de la cohésion sociale). Ils ne savent pas s'ils ont bien fait. Ils veulent aussi alléger les obligations sanitaires, pouvoir élaborer un protocole adapté à leur site. Ils demandent de revenir à une FMI (fréquentation maximale instantanée) "normale". La FMI post-confinement est d'une personne pour 4 m2. En moyenne, les piscines ne reçoivent que 20% de leur public maximal autorisé habituellement. Pour les exploitants, ce n’est "pas viable."
Les conclusions de l'expérimentation sont attendues dans les tout prochains jours. Un protocole sanitaire mis à jour devrait suivre.