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Pierre-René Lemas : l'accompagnement des collectivités est "la vocation même" de la Caisse des Dépôts

Portée par la bonne santé de ses filiales et une politique "volontariste" de cessions, la Caisse des Dépôts a accru ses résultats nets de 30% en 2016. L'institution poursuit son retour dans les territoires. Son directeur général a notamment confirmé, jeudi, la prolongation de l'enveloppe des 20 milliards d'euros pour les projets de long terme des collectivités jusqu'en 2020.

Une activité "particulièrement dense". Un "groupe solide et innovant". C’est en ces termes que Pierre-René Lemas, le directeur général de la Caisse des Dépôts, a salué les résultats nets du groupe, jeudi 30 mars, en progression de 30%, à 1,7 milliard d’euros. Une progression mise sur le compte de la bonne santé des filiales du groupe et d’une "politique volontariste de rotation des portefeuilles" (cessions et achats de participations).
La contribution des filiales aux résultats du groupe a ainsi progressé de 42%, à 1,2 milliard d’euros contre 864 millions en 2015. La plus importante contribution est celle de CNP Assurances, avec 459 millions d’euros, soit une progression de 9%. Bpifrance a vu passer sa contribution de 234 millions d'euros à 317 millions d'euros. Ses résultats ont été portés par les plus-values, notamment après la cession d’Eiffage. La contribution de La Poste est aussi en forte progression : 225 millions d’euros, contre 162 en 2015. Icade, la SNI, la Compagnie des Alpes, Transdev ou encore Egis complètent le tableau de ces filiales dont les plans ont été "renouvelés, adaptés" pour en faire des "champions nationaux", s’est félicité Pierre-René Lemas. Exemple de ce dynamisme : le virage numérique de CNP Assurances qui a créé au Brésil "la première compagnie d’assurance entièrement online au monde".

Un logement social sur trois

Les cessions de participations ont permis au groupe d’engranger d’1,25 milliard d’euros, avec les ventes partielles ou non des titres de Veolia, Belambra, de la Sanef, de CDC Fast, Innovation Capital, AEW Europe. Dans le même temps, la Caisse des Dépôts a acquis pour 2 milliards d’euros de participations dans RTE, Transdev (montée au capital) et l’aéroport de Lyon (60% des parts en consortium avec Vinci et Predica).
Au total, le groupe a accru ses fonds propres de 2,6 milliards d’euros, à 34,2 milliards d’euros et gagné en "cohérence". "La Caisse des Dépôts est un groupe et pas un conglomérat de participations stratégiques", a résumé son directeur général.
Cependant, le fonds d’épargne a accusé une baisse de régime. Il a enregistré un résultat courant de 1,3 milliard contre 1,8 l’an passé (où il avait connu, il est vrai, une progression de 42%). "On ne peut pas être tous les ans au sommet du Tourmalet", a commenté Pierre-René Lemas. Le volume des nouveaux prêts s’est élevé à 17,3 milliards, contre 21,1 l’an passé. Cette inflexion est mise sur le compte de la fin de dispositifs tels que les prêts FCTVA. Le volume de prêts au logement social s’établit à 14,3 milliards d’euros, en retrait par rapport à "trois années successives de records historiques". Ces prêts ont permis l’acquisition de 109.000 logements sociaux (soit l’équivalent de la ville de Strasbourg) et la réhabilitation de 311.000 autres. La Caisse des Dépôts continue à financer un logement social sur trois.

Plus de la moitié des prêts pour des communes de moins de 3.000 habitants

Du côté des prêts aux collectivités, le niveau reste stable. Plusieurs dispositifs innovants ont été déployés, tels que le prêt "croissance verte à taux zéro" pour la réhabilitation des bâtiments publics (avec 600 opérations financées à hauteur d’1,5 milliard d’euros en 2016) ou le prêt "haut de bilan bonifié à taux zéro" en faveur des organismes de logements sociaux (2 milliards d’euros orientés aux trois quarts vers la rénovation thermique).
Fort de ces résultats, Pierre-René Lemas a dit être dans "l'anticipation" (avec les villes intelligentes ou l'économie sociale et solidaire financée à hauteur de 24 millions d'euros en 2016) et vouloir maintenir le cap, celui des transitions (écologique, énergétique, numérique, démographique…) et des territoires. A ce titre, il a confirmé que l’enveloppe de 20 milliards d’euros (sur fonds d’épargne pour le financement de projets de long terme des collectivités) serait prolongée jusqu’en 2020. A ce jour, 12 milliards ont été consommés, dont 3 en 2016.
Par ailleurs, l’année 2016 a confirmé le rapprochement des territoires. 65 conventions territoriales de partenariat ont été signées. La Caisse des Dépôts s'est engagée au côté des élus à travers ses conventions "centre-ville de demain" et "centre-bourg de demain". Plus d'une centaine de communes sont concernées dont 10 démonstrateurs.
A noter par ailleurs que 51% de ses  prêts aux collectivités vont à des communes de moins de 3.000 habitants. "Nous traitons de la même manière et dans les mêmes conditions toutes les collectivités locales", a martelé le directeur général, répondant au passage aux récentes mises en garde de la Cour des comptes sur un effet d’éviction des prêts de la Caisse des Dépôts par rapport au marché bancaire. Selon lui, cette concurrence n'existe pas. L’accompagnement des collectivités est "la vocation même de la Caisse des Dépôts", que ce soit en termes de "prêts, de fonds propres et en ingénierie juridique, technique et financière", a-t-il souligné.
"Nous continuerons d’accompagner les collectivités locales dans leur politique dans cette phase de disette budgétaire de l’Etat", a encore affirmé Pierre-René Lemas. L’investissement territorial du groupe (y compris les filiales) a atteint 5,3 milliards d’euros en 2016 (contre 4,5 milliards en 2015). Il envisage un montant de 29,5 milliards d’euros d’investissements dans les territoires d’ici à 2021.