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Petites lignes ferroviaires : les premières pistes d'optimisation

Le devenir des 12.000 kilomètres de petites lignes assurant une "desserte fine des territoires", mais fragiles économiquement et tenues à bout de bras par l'État et les régions, ont fait l'objet d'un débat organisé le 5 février par le "think tank" TDIE qui rassemble des élus, professionnels et experts des transports. 

Transport de masse ou de proximité ? Les "petites lignes" tiennent un peu des deux : "Leur classification UIC (Union internationale des chemins de fer, ndlr) de 7 à 9 selon le tonnage qui y circule, c'est l'arbre qui cache la forêt. Certaines voient circuler plusieurs dizaines de trains par jour, d'autres un seul", a souligné Patrick Jeantet, PDG de SNCF Réseau, lors d'un débat organisé le 5 février par le "think tank" TDIE avec la revue "Transports, infrastructures et mobilité".

Même constat d'une forte hétérogénéité dressé par le préfet François Philizot, chargé par le gouvernement d'établir pour fin mars, avec les régions, un diagnostic et une hiérarchisation des chantiers prioritaires. Pour l'heure, il a rencontré quatre régions sur les douze prévues (hors Corse) et fera des propositions d'ici la fin avril : "L'enjeu n'est pas le même entre les petites lignes d'une région comme l'Île-de-France et celles qui, comme en Nouvelle-Aquitaine, représentent jusqu'à 60 % du réseau régional."

Trouver des lignes directrices nationales 

Apporter de la "consistance", de la cohérence, de la lisibilité à ce maillage de 12.000 kilomètres de lignes - dont 9.000 km sur lesquels circulent des voyageurs - tel est le leitmotiv du préfet Philizot. Le 8 février, il rencontrera Carole Delga, présidente de la région Occitanie. "Au-delà des flux et du trafic, c'est d'aménagement du territoire dont il est question : en Occitanie, ces petites lignes représentent la moitié du réseau. Il s'agit aussi d'agir dans un court terme. Notre dernier état des lieux de 2016 recense des travaux urgents à réaliser d'ici deux ans. Faute de quoi la vitesse de circulation y sera abaissée voire la ligne fermée", s'inquiète Jean-Luc Gibelin, vice-président de cette région et chargé des mobilités et infrastructures de transport. 

Faire mieux en dépensant moins

La fragilité économique est particulièrement prégnante sur le tiers de petites lignes où circulent moins de dix trains par jour. "Par sécurité, sur plus de 5.000 kilomètres de petites lignes, la vitesse des trains a été réduite. Les trois quarts des petites lignes voient circuler moins de vingt trains par jour. Leur maintenance est assurée, l'entretien courant réalisé. Mais vu leur dégradation, cela ne suffit pas", presse Patrick Jeantet. À ses yeux, comprimer les coûts de rénovation, renchéris par la présence régulière de passages à niveau, devient prioritaire.

Pour les faire baisser, SNCF Réseau propose aux élus un kit méthodologique et une batterie de cinquante mesures d'économie. "La discussion avec les régions porte aussi sur l'exploitation, l'usage de ces lignes. Ces usages pourraient évoluer en accueillant par exemple des navettes d'un seul train faisant des allers-retours", poursuit-il. Pour Jean-Baptiste Djebbari, député LREM de la Haute-Vienne et rapporteur de la loi pour un nouveau pacte ferroviaire, "ce n'est pas d'en haut mais des territoires qu'émergeront des solutions". Encore faut-il pouvoir travailler en toute transparence avec SNCF Réseau : "Nous gagnons en transparence, tout n'est pas aussi fluide que je le souhaiterais mais nous sommes sur la bonne voie", temporise Patrick Jeantet. 

Restaurer la confiance

Entre les régions qui financent et l'opérateur, la confiance est à restaurer : "Nulle solution uniforme n'est possible mais du sur-mesure, en réfléchissant par exemple avec les régions à réutiliser des voies pour faire autre chose que du train", illustre François Philizot. Autre vecteur de confiance, un changement de posture côté SNCF Réseau, prêt à rendre plus transparente l'attribution de marchés passés auprès de prestataires. Les chantiers de régénération sont en effet souvent confiés au privé.

Pour Michel Neugnot, à la tête de la commission Transports et mobilité de Régions de France, il est important que ces sujets techniques soient plus qu'auparavant mis au débat et sortent du cercle d'experts. L'élu bourguignon place de l'espoir dans le dispositif de "comité des partenaires" prévu au niveau national par la LOM. Libre également aux collectivités de mieux partager leurs décisions et de les concerter (et faire évaluer) avec les usagers et acteurs concernés. L'Occitanie a ainsi mis en place des comités de ce type réunissant deux fois par an des acteurs de la mobilité dans ses treize départements. "C'est en favorisant l'échange et l'expression des besoins que nous trouverons des réponses en région", conclut Jean-Luc Gibelin.