Personnes âgées et handicapées : des "états généraux" contre les maltraitances
Le ministre Jean-Christophe Combe a lancé le 6 mars les "états généraux des maltraitances" faites aux "personnes vulnérables", que ce soit à domicile ou en établissement. Cinq mois de travaux sont prévus, pour un rapport en juin et une "stratégie nationale" à l'automne.
Résidents d'Ehpad soignés à la va-vite, personnes handicapées victimes de violences sexuelles… le gouvernement a lancé lundi 6 mars des "états généraux" devant déboucher à l'automne sur une stratégie de lutte contre les maltraitances faites aux "adultes vulnérables".
S'attaquer à ce problème revient à cesser de "mettre la poussière sous le tapis", à rompre l'"omerta", a souligné le ministre des Solidarités, Jean-Christophe Combe, en lançant ce processus à Paris aux côtés de Geneviève Darrieussecq, ministre déléguée chargée des personnes handicapées : "On ne peut pas se satisfaire d'inspecter les structures si le mal n'est pas nommé en premier lieu. Les solutions sont aussi dans la prévention, les repérages précoces, la pédagogie", ainsi que dans "la coopération des associations et des gestionnaires d'établissements". "Avant d'être individuelle, la maltraitance est institutionnelle", "elle est dans les trous dans la raquette, dans des insuffisances ou manquements collectifs", a affirmé le ministre.
Pas question toutefois de "stigmatiser un secteur" ou "pointer du doigt certains professionnels", a-t-il insisté, refusant l'idée que parler du problème freinerait les vocations professionnelle. Et disant par ailleurs refuser l'idée que "l'État serait le premier des maltraitants".
Les personnes en situation de handicap, soumises à un risque élevé de maltraitances et autres violences, doivent pouvoir être défendues comme tous les autres citoyens, a souligné lors de la conférence de lancement Anne-Sarah Kertudo, responsable de Droit pluriel, une association d'aide juridique aux personnes handicapées.
Sylvie Vollot, responsable d'un collectif de familles de résidents dans la Loire, a pour sa part évoqué le sort de certains résidents d'Ehpad qui lorsqu'ils se plaignent, directement ou par l'intermédiaire de leurs familles, subiraient des "pressions" ou représailles de la part du personnel. La maltraitance naît par ailleurs souvent du peu de temps accordé à chaque résident par un personnel débordé, a-t-elle souligné.
Sur ce point, "l'urgence éthique se conjugue avec l'économique", a abondé dans un communiqué l'association AD-PA, qui regroupe des directeurs de services d'aide à domicile et d'Ehpad, mettant l'accent sur un nécessaire ratio minimal de 8 professionnels pour 10 résidents et sur un financement de 30 euros de l'heure à domicile.
La question des moyens ne doit pas être "éludée", a répondu Jean-Christophe Combe, mais elle ne peut pas constituer la seule réponse pour "éradiquer toutes les maltraitances".
Ces états généraux seront guidés par un comité de pilotage comprenant notamment "quatre personnes élues dans des instances représentatives des usagers, dans les champs de la lutte contre l'exclusion" et deux parlementaires. Une représentante de la commission nationale du débat public y sera associée.
Deux groupes de travail devront se pencher sur le "repérage précoce des situations de maltraitances à domicile et l'orientation des victimes" ainsi que sur "la mobilisation des forces de l'ordre et de la justice pour mieux répondre et mieux prévenir les maltraitances". Le tout se déroulera sur cinq mois, "pendant lesquels toutes les associations, les fédérations, les collectifs citoyens, pourront faire leurs propositions". On notera que les collectivités, notamment les départements, n'ont pas été mentionnés une seule fois dans l'intervention du ministre. Un rapport final sera remis au gouvernement en juin et Jean-Christophe Combe présentera une "stratégie nationale de lutte contre les maltraitances" à l'automne.