Archives

Loppsi 2 - Passeports biométriques : la mobilisation des photographes continue

Les photographes ne comptent pas baisser les bras, tout comme les parlementaires qui les soutiennent. C’est le message donné lors d’une conférence de presse intitulée "Mon maire est photographe", organisée le 5 novembre 2010 dans le cadre du Salon de la photo. En octobre 2010, la commission des lois de l’Assemblée a rejeté l’amendement du Sénat au projet de loi d’orientation de programmation et de performance de la sécurité intérieure (Loppsi 2) qui ôtait aux mairies la possibilité de procéder elles-mêmes à la prise de photos pour la fabrication des cartes d’identité et passeports numériques. Une décision qui, si elle est confirmée, priverait les photographes d’un marché conséquent. Depuis la décision de la commission des lois, Valérie Boyer, députée des Bouches-du-Rhône, et Michel Houel, sénateur de Seine-et-Marne, ont cherché à mobiliser la profession et à sensibiliser parlementaires et maires sur la cause des photographes, espérant ainsi faire passer un amendement favorable lors des prochaines discussions autour du texte à l’Assemblée nationale, prévues fin novembre. "Il n’est pas possible que cette perspective de travail soit retirée aux artisans que sont les photographes", s’est exclamée Valérie Boyer, lors de la conférence de presse. Si ce marché leur était enlevé, les dégâts en termes d’emplois seraient importants. 8.000 professionnels sont ainsi concernés, pour qui la photo d’identité représente entre 10 et 30% de leur chiffre d’affaires. Pour Photomaton, la mesure "serait un grand désastre économique, puisque la photo d’identité pèse une grosse partie de notre chiffre d’affaires ; si demain on était privé de ce marché, on serait obligé de fermer des usines, et entre 3.000 et 4.000 personnes seront directement ou indirectement touchées", a expliqué à Localtis Eric Mergui, président-directeur général de Photomaton. Autre conséquence négative, redoutée par Michel Houel : la désertification des centres-villes. "Je suis très attaché aux commerces et aux artisans, ça fait partie de l’aménagement du territoire et il n’y a rien de plus triste que de voir un centre-ville vide, détaille ainsi le sénateur. C’est une profession qui veut vivre, on ne peut pas l’enterrer." Et le sénateur compte faire valoir des arguments de choc pour faire passer l’amendement. "Ces appareils [installés dans les mairies, ndlr]  ne peuvent prendre en photo les enfants ni les handicapés ni les personnes de couleur, a-t-il expliqué. Et quand ils seront caducs, que va-t-il se passer ?" Les parlementaires qui soutiennent les photographes sont plutôt confiants pour la suite. "Je reste optimiste, l’idée progresse", a souligné Valérie Boyer, qui appelle toutefois à la mobilisation en vue des discussions à l’Assemblée, qui devraient débuter le 23 novembre. "On doit mettre à profit les trois semaines qui viennent pour faire valoir notre point de vue pour la défense des photographes", a ainsi insisté la députée.

 

Emilie Zapalski