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Habitat - Paris a un plan pour réaliser 10.000 logements par an

Difficile de ne pas y voir un parallèle avec la démarche "Objectifs 500.000" engagée par le gouvernement (voir notre article ci-contre du 19 mai 2014) : Anne Hidalgo a lancé, le 23 juin, la démarche de la ville de Paris en vue de produire 10.000 logements par an.
La parallélisme vaut aussi pour la méthode. De même que Sylvia Pinel rassemblait, le 16 mai dernier, tous les grands acteurs du secteur pour mettre en place le comité de suivi de la démarche, la maire de Paris a réuni 200 acteurs publics et privés de la construction et de l'immobilier : élus, entreprises du bâtiment, bailleurs, promoteurs, architectes, mais aussi grands institutionnels détenteurs d'emprises foncières dans la capitale (AP-HP, RATP, RFF et SNCF)...

Foncier et PLU, les clés du logement

Pour tenir l'objectif de 10.000 logements par an, tous ces acteurs ont signé un "Pacte logement pour tous", discuté le matin même en ateliers. Le pacte et les ateliers mis en place à cette occasion balaient ainsi plusieurs composantes du logement, à commencer par les obstacles à son développement dans la capitale. Sur la question cruciale du foncier disponible, Anne Hidalgo a rappelé qu'il existe "à Paris plus de 20 hectares de foncier disponible de l'Etat et des opérateurs publics que nous voulons mobiliser pour faire du logement".
De même, la maire de Paris a apporté des précisions sur la modification du PLU, dont les travaux doivent être lancés par le Conseil de Paris au début du mois de juillet. Le nouveau document devrait comporter plusieurs dispositions favorables à la construction, comme la réduction du nombre de places de parking obligatoires pour construire, l'accroissement des possibilités de surélévation ou encore une meilleure exploitation des opportunités offertes par la suppression du coefficient d'occupation des sols (COS).
En revanche, dans une interview aux Echos du 23 juin, la maire de Paris se montre prudente sur la question de la "verticalisation" et des tours, que défendait son prédécesseur. Pour elle, "il y a en aura peut-être d'autres dans les nouveaux quartiers, à Bercy-Charenton (12e) ou Chapelle International (18e)". Mais la maire de Paris ajoute aussitôt : "Je ne fais pas des tours une obsession ou un tabou". Il est donc peu probable de voir émerger des projets d'une hauteur supérieure à 50 mètres...

Transformation des bureaux et ciblage sur les classes moyennes

Pour la municipalité, la solution semble passer plutôt par la transformation de bureaux en logements, avec l'objectif affiché de reconvertir 200.000 m2 de bureaux qui ne répondent plus aux standards attendus des entreprises.
Autre projet : la création d'une agence Multiloc, regroupant acteurs publics et privés et chargée de remettre sur le marché des logements à destination des jeunes et des classes moyennes. Dans son interview aux Echos, Anne Hidalgo évoque aussi une autre proposition innovante : faire en sorte que, dans une opération, la ville conserve la propriété du foncier dans le cadre d'un bail emphytéotique, ce qui permettrait de débloquer plus rapidement les opérations de construction.
Au titre des projets destinés à attirer l'attention sur la démarche, on retiendra notamment l'hypothèse de construction de deux ponts habités - comme le fut le Pont Neuf - à l'est et à l'ouest de la capitale.

"Priorité absolue" et 2,5 milliards d'euros pour le logement

La ville entend consacrer au logement - qualifié de "priorité absolue" - une enveloppe de 2,5 milliards d'euros sur la durée de la mandature. Interrogée par le quotidien économique sur l'opportunité d'une telle démarche alors que la compétence logement devrait passer à la métropole en 2016, Anne Hidalgo répond - tout en affirmant son attachement à la métropole - qu'"[elle ne va pas] perdre deux ans ou [se] défausser sur la métropole, alors qu'il y a aujourd'hui tant de besoins dans Paris".
Les cinq ateliers installés le 23 juin devraient remettre leurs propositions avant la fin de l'année, en vue d'une mise en œuvre des premières mesures dès le début de 2015.

Un premier engagement de signataires qui libérerait 20 ha de foncier

Au lendemain de la signature du pacte 'Logement pour tous', les dirigeants de l’AP-HP, de la RATP, de la SNCF et de RFF ont annoncé la mobilisation de 20 ha de foncier, soit un potentiel de 10.000 logements qui pourraient être réalisés sur plusieurs années. Les quatre opérateurs ont fait part à la maire de Paris de leur engagement ferme à "saisir toutes les opportunités de mutation foncière", y compris en engageant "des restructurations de leur outil industriel" ou "une réorganisation territoriale pour libérer ou densifier des emprises", et contribuer ainsi "à la création d’une offre de logements qui puisse également bénéficier à leurs salariés".