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Développement urbain - Paris : 10 milliards d'investissements autour de la ville intelligente

Dans une communication faite le 15 décembre au Conseil de Paris, Anne Hidalgo a détaillé le programme d'investissement, élaboré avec ses équipes, qui sera engagé d'ici 2020. Des 8,5 milliards initialement prévus, il passe à 10 milliards pour imprimer une nouvelle dynamique. Au-delà des cinq priorités énoncées - logement, transports, transition écologique, ville intelligente et équipements de proximité -, l'innovation s'affiche comme un axe majeur des politiques publiques dans la capitale.
Le détail de ce PIM (programme d'investissement de la mandature) est désormais connu : destiné en premier lieu aux parisiens, il devrait, selon ses promoteurs, contribuer aussi par son ampleur à la relance de l'économie française. "La capitale a un rôle à jouer, et va continuer à avancer, à surprendre et inventer", assure Anne Hidalgo qui attend des efforts budgétaires entrepris par la ville "un regain de croissance et la création ou le maintien des emplois".

820 millions d'euros fléchés "ville intelligente"

Tout en ciblant des investissements classiques dans les domaines du logement, des transports, du développement des services publics de proximité, de l'environnement et des espaces verts, la ville entend multiplier les projets et dispositifs innovants, avec ou sans le numérique. La feuille de route des investissements pour la période 2015-2020 n'est d'ailleurs pas complètement gravée dans le marbre. Il est question de faire évoluer les projets au fil des besoins "afin de mieux répartir les efforts".
Globalement, le fléchage des 10 milliards donne des clés de lecture sur les priorités : en première place, le logement avec 3 milliards d'euros dédiés notamment à l'habitat social "pour plus de mixité" ; suivent ensuite les transports à l'échelle du Grand Paris pour 1 milliard, puis la transition écologique à hauteur de 850 millions et la ville intelligente qui doit bénéficier d'une injection de 820 millions. La valeur ajoutée du Plan sera en partie concentrée dans cette dernière enveloppe très transversale qui comprend un volet spécifique et des projets affectant d'autres domaines thématiques .

Du wifi gratuit à la réorganisation de l'administration

Le modèle de "ville intelligente" est déjà esquissé. La mairie prévoit une enveloppe de 180 millions d'euros dédiés à la réalisation de projets informatiques et numériques, comme l'ouverture de l'accès WiFi gratuit sur Paris intra-muros ou encore la création d'un portail de téléservices unifié pour le grand public et les professionnels.
La ville annonce par ailleurs vouloir consacrer 30 millions d'euros aux réseaux intelligents dans le but "d'améliorer l'efficacité et de mutualiser les capacités". La mairie ne donne pas de précision sur l'usage de cette enveloppe, mais  annonce la poursuite des actions de performance énergétique sur le réseau d'éclairage public et l'amélioration du système de collecte des déchets publics, deux projets plutôt consommateurs de technologies et de numérique.
L'administration municipale va également faire l'objet de transformations structurantes qui passeront notamment par la "rationalisation des implantations administratives et des systèmes d’information", est-il précisé dans la note détaillée du Programme.
L'éducation et la culture ne sont pas oubliées. Ainsi, 19 millions seront consacrés à l'accès au très haut débit de 29 cités scolaires et au développement du parc informatique des établissements "en vue d'une généralisation de l'utilisation du numérique éducatif et des espaces numériques de travail dans les collèges". Ces crédits financeront également l'installation de postes pédagogiques et de salles informatiques ainsi que l'équipement des bibliothèques ou des centres périscolaires. Dans le prolongement de ces mesures, mais cette fois sur le secteur culturel, le réseau des bibliothèques et des médiathèques devrait lui aussi être peu à peu modernisé.

Incubation à tous les étages

Le développement économique est sans doute l'un des secteurs les plus impactés par le programme en dehors des grands chantiers d'aménagement. Depuis 2008, près d'un milliard d'euros a été investi dans l'accompagnement des écosystèmes innovants, multipliant par 20 la surface dédiée aux pépinières d'entreprises, passée en six ans de 5.000 m2 à 103.000 m2. Le dispositif mis en place a contribué à la création de 820 entreprises pour un chiffre d'affaires annuel de 800 millions d'euros et 15.000 emplois créés. Avec l'ouverture de la Halle Freyssinet, programmée en 2016, la ville bénéficiera d'une capacité d'accueil supplémentaire de 1.000 start-up. D'autres incubateurs seront lancés dans la foulée, comme "le Tremplin", dédié au sport, qui sera construit dans l'enceinte du stade Jean Bouin, ou encore comme le site de 15.000 m2 des anciens entreprôts Mac Donald dédié aux entreprises innovantes. Au total, 100 millions seront consacrés au soutien aux entreprises innovantes, aux pôles de compétitivité et aux pépinières d'entreprises, en complément des dispositifs "Oséo garantie" et "Paris entreprendre". L'objectif étant de doubler la surface d'accueil pour atteindre les 200.000 m2.

Un budget participatif pour co-construire avec les parisiens

L'innovation va irriguer d'autres secteurs, notamment celui du parc immobilier à travers des actions de performance énergétique (600 millions d'euros), notamment avec la poursuite des plans de rénovation des écoles, la modernisation du patrimoine administratif de la ville ou encore la réalisation du plan "1.000 immeubles énergivores".
Même tendance dans les transports. Les annonces de "dé-diésélisation" ont été abondamment présentées, début décembre, lors de l'annonce du Plan, mais d'autres projets emblématiques sont passés plus inaperçus, notamment dans le domaine des circulations douces, comme le nouveau "plan vélo" ou le programme de déploiement des mobilités électriques (160 millions d'euros).
Dernière nouveauté, la mairie a décidé de mettre en place un "budget participatif", autrement dit de réserver une enveloppe budgétaire dédiée à des projets initiés ou souhaités par les citoyens. Cette démarche de co-construction de projets, expérimentée en 2014, qui a mobilisé 41.000 parisiens et permis de retenir neuf projets financés à hauteur de 15 millions d'euros va être généralisée. La ville lui consacrera même 5% de son budget d'investissement, soit 480 millions d'euros. Les parisiens seront ainsi invités chaque année à soumettre leurs projets et leurs idées puis à voter en faveur de leurs préférences ou de leurs priorités. Une initiative originale et assez significative au regard des crédits qui sont en jeu.

APERCU DES autres programmes annoncés
Logement : il représentera le tiers de la dépense d'investissement avec la production annuelle de 10.000 logements supplémentaires, une politique volontariste d'acquisition (850 millions d'euros) et des campagnes de lutte contre l'insalubrité (70 millions d'euros) et une réduction de la consommation énergétique de 25% (120 millions d'euros).
Transports : bouclage de la ligne de tramway des boulevards extérieurs, réduction de la pollution liée aux émissions de gaz à effet de serre, entretien du réseau des canaux parisients (38 millions d'euros), doublement des pistes cyclables… font partie des projets les plus emblématiques de la prochaine mandature.
Transition énergétique : la rénovation thermique et la diminution des consommations d'énergies mobilisera 600 millions d'euros.
Education : 297 millions seront consacrés à la réhabilitation scolaire et à la construction de 15 établissements du premier degré et de 11 établissements du second degré. Par ailleurs 264 millions seront consacrés aux dépenses d'entretien récurrent
Sport : les activités sportives vont être plus encouragées avec des programmes de rénovation et de construction de onze nouvelles installations sportives d'envergure (gymnases et centres sportifs). Un plan "nager à Paris" (150 millions d'euros) doit permettre l'augmentation de 20% de la disponibilité des piscines pour tous les nageurs.