Numérique, environnement… les métiers territoriaux se transforment
Les métiers exercés par les agents territoriaux évoluent-ils dans le cadre des transitions digitale, énergétique ou écologique ? Lesquels sont le plus touchés ? Le Centre national de la fonction publique territoriale (CNFPT) a recueilli avant la crise sanitaire l'avis de milliers de responsables RH sur ces questions. Les conclusions qui viennent d'être publiées, permettent aussi d'identifier les métiers en tension.
De toutes les grandes évolutions en cours et à venir, c'est celle du numérique qui, selon les responsables des ressources humaines (RH) dans les collectivités, a le plus fort impact sur les métiers territoriaux. Interrogés par le Centre national de la fonction publique territoriale (CNFPT) sur la période 2017-2019, près de 8.500 d'entre eux ont donné leur sentiment sur l'impact "au cours des trois prochaines années" des évolutions environnementales, de la transition énergétique, du numérique et de l'automatisation ou de la robotisation.
Les résultats de cette enquête figurent dans le Panorama des métiers territoriaux 2017-2019, que l'établissement public vient de publier.
Parmi les transformations, "celle qui retient le plus l’attention des collectivités est celle relative aux évolutions numériques", indique le CNFPT. À l’inverse, "les deux changements que les répondants citent le moins sont ceux liés à la transition énergétique ainsi qu’aux évolutions en termes d’automatisation et de robotisation".
Le secrétaire de mairie au centre des grandes évolutions
Selon les responsables RH des collectivités, seuls des métiers ayant des fonctions liées au management apparaissent comme affectés par l’ensemble des évolutions citées par le CNFPT. Au sein de cette famille de métiers, le métier de secrétaire de mairie semble très impacté, notamment par les évolutions numériques. Le métier d’assistant de gestion administrative est toutefois "le plus mentionné" par les collectivités parmi les métiers concernés par les grandes évolutions en cours ou à venir. Un bon nombre de métiers techniques (jardinier, métiers liés à la polyvalence en milieu rural, chargé de travaux espaces verts…) sont également cités par les collectivités, parce qu'ils vont être touchés par les évolutions environnementales. À l'opposé, les métiers liés à la relation aux usagers "sont ceux qui semblent le moins concernés" par toutes ces évolutions, ajoute le CNFPT.
À l'échelle nationale, un peu plus du quart des responsables RH des collectivités interrogées se déclarent concernés par les transformations numériques. Mais ce taux atteint 30% chez les répondants de Bretagne et 50% chez ceux de Guadeloupe. Quand ils sont interrogés sur les transformations environnementales, à peine plus de 16% des responsables RH répondent qu'elles auront un impact sur les ressources humaines ou les métiers territoriaux. Mais là encore des variations significatives sont observées entre les régions : les collectivités de Guadeloupe (37%), de Mayotte (27%) et de Bretagne (27%) sont celles qui se déclarent le plus concernées. S'agissant de la transition énergétique et de l'automatisation ou de la robotique, les résultats sont similaires : seulement 6% des professionnels des collectivités interrogées déclarent percevoir leur impact.
Il est à noter que les réponses des petites collectivités, très majoritaires, pèsent de manière importante sur les résultats d'ensemble. Or, les collectivités de grande taille (plus de 500 agents) se déclarent être davantage concernées par les grandes évolutions (20 % d'entre elles disent que l'automatisation aura un impact et 33% l'affirment pour ce qui est du développement durable).
Métiers en émergence
Dans un contexte de fortes mutations technologiques, des métiers pourraient voir évoluer "leur contenu en termes d'activité". 14% des collectivités ayant répondu à l'enquête ont cité certains de ces métiers. Arrivent en tête le métier d'assistant de gestion administrative, suivi de très près par celui de secrétaire de mairie. Un peu après figurent les métiers de directeur des ressources humaines, d'assistant de gestion des ressources humaines et de chargé d'accueil.
Interrogées sur les métiers en émergence, les collectivités citent principalement des métiers liés aux domaines de la communication ou de la gestion : chargé de communication, conseiller en organisation, chef de projet communication numérique, responsable sécurité des systèmes d'information, contrôleur de gestion, ou encore conseiller en prévention des risques professionnels.
D'autres métiers sont nettement identifiés comme étant en déclin : chargé de propreté des locaux, assistant de gestion administrative, agent de services polyvalent en milieu rural, animateur éducatif-accompagnement périscolaire. À noter que les deux premiers métiers - qui font partie des principales fonctions non remplacées lors des départs en retraite - sont encore ceux qui concentrent le plus d'effectifs (8,5% et 5,6% de l’ensemble des territoriaux en 2019).
Difficultés de recrutement
D'autres fonctions sont en revanche recherchées par les collectivités et leurs effectifs sont clairement en augmentation : animateur enfance jeunesse, agent d’accompagnement à l’éducation de l’enfant, animateur éducatif accompagnement périscolaire, aide à domicile ou encore assistant éducatif petite enfance. Certaines particularités régionales apparaissent. Ainsi, le métier de policier municipal arrive en tête des métiers cités en Île-de-France et en Provence-Alpes-Côte d'Azur.
Toujours selon le Panorama des métiers territoriaux, les difficultés de recrutement sont plus fréquentes pour les collectivités et établissements de plus de 500 agents (3 sur 5 en éprouvent) que pour les collectivités de moins de 50 agents (seulement 16 % connaissent ce type de problème). Elles touchent au premier chef les métiers d’agent de service polyvalent en milieu rural, policier municipal et animateur enfance-jeunesse. Pour ces métiers, les collectivités sont en concurrence entre elles. Mais pour d'autres métiers eux aussi cités (aide à domicile, ouvrier de maintenance des bâtiments, chef de projet technique des systèmes d'information), elles se trouvent en concurrence avec le secteur privé.
Comme l'a pointé récemment un rapport remis à la ministre chargée de la fonction publique, la fonction publique territoriale doit valoriser ses métiers pour faire face aux tensions de recrutement. D'autant que ses agents sont vieillissants. 24% des agents territoriaux avaient plus de 55 ans au moment de la réalisation de l'enquête.
Les 1,96 million d'agents territoriaux exerçaient pas moins de 244 métiers en 2019, mais à eux seuls les 17 principaux métiers concentraient un peu plus de la moitié des effectifs.