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Le CNFPT a fixé ses priorités pour les cinq ans à venir

Les instances du Centre national de la fonction publique territoriale (CNFPT) ont adopté le "projet" de l'établissement dans le cadre du nouveau mandat de François Deluga. Il s'agit notamment de réaffirmer la place du CNFPT en tant que "maison des territoriaux", d'accompagner plus que jamais les nouveaux besoins des collectivités en termes de formation, de renforcer la part des catégories C parmi les agents formés, de répondre aux voeux de reconversions professionnelles... et de conforter le modèle économique du CNFPT, y compris en proposant des partenariats spécifiques aux collectivités volontaires.

En mai dernier, François Deluga était réélu pour six ans à la tête du Centre national de la fonction publique territoriale (CNFPT), dont les instances venaient d'être renouvelées. Dans le cadre de ce nouveau mandat, le conseil d'administration a adopté le 26 janvier à l'unanimité le "projet du CNFPT 2022-2027". Un document préparé depuis plusieurs mois, auquel toutes les instances ont été associées, dont le conseil national d'orientation (CNO), ainsi que les associations d'élus membres de la coordination des employeurs territoriaux. Les deux précédents projets d'orientation n'avaient pas donné lieu à cette unanimité tant du côté des élus que des organisations syndicales. Pourtant, "ce n'est pas un projet à l'eau tiède", a assuré François Deluga le 2 février en le présentant à la presse. Un projet, en revanche, qui par nature définit de grandes orientations et priorités et doit maintenant être "décliné de façon opérationnelle".

La première de ces orientations : "Un CNFPT fédérateur, partenaire et promoteur de la pertinence de l’action publique locale." Il s'agit, en d'autres termes, de réaffirmer son rôle de "lieu de rencontre des employeurs et des agents territoriaux", de "centre de ressources et d'expertise". Le CNFPT "est en position de parler au nom des élus et des agents territoriaux", il est "la seule structure nationale" représentant les collectivités et doit donc être considéré comme "la maison des territoriaux", dit François Deluga, tout en précisant que cela ne "remet pas en cause" le rôle d'autres acteurs comme les centres de gestion ou la coordination des employeurs territoriaux. Et que cette approche peut être déclinée localement, en faisant des implantations locales du CNFPT "des lieux ouverts" : "Nous avons 175.000 mètres carrées de locaux, cela peut être utilisé par les collectivités notamment, en tant que tiers-lieux".

"Accompagner les collectivités pour répondre aux grands enjeux publics locaux" : sous l'intitulé de cette deuxième priorité figure notamment, selon François Deluga, la nécessité de toujours mieux identifier et anticiper les nouveaux besoins et évolutions en termes de formation. Le CNFPT évoque par exemple les "problématiques prioritaires que sont la résilience et l’aménagement des territoires, l’autonomie et la dignité des personnes, la santé publique, la cohésion sociale, les valeurs de la République, le vivre ensemble, la sécurité et la tranquillité publiques".

Sur ces besoins, il y a les tendances de long terme… et les besoins qui peuvent apparaître plus soudainement. Ainsi, dès le début de la crise sanitaire ont afflué des demandes des collectivités visant à "remonter le niveau numérique de leurs agents", se souvient France Burgy, directrice générale du CNFPT, citant aussi des formations sur "le management à distance"… ou une formation à mettre en place via téléphone portable pour des agents chargés du nettoyage des écoles par temps de covid. Et pour cette année, toujours en lien avec les changements induits par le télétravail, France Burgy voit émerger des demandes liées au "nouveau rapport au travail" – sur la frontière plus poreuse entre temps professionnel et temps privé, sur la façon de retrouver "la valeur ajoutée du présentiel", sur le réaménagement des espaces de travail…

Pour François Deluga, la priorité n°3, "Garantir un égal accès à la formation et à une offre de qualité", est sans doute en réalité la première. "Egal accès" de tous les agents quel que soit leur catégorie, leur statut, la taille de la collectivité… D'où, souligne le président, le souci constant de territorialisation, d'évolution des pédagogies, de communication en direction des publics les plus éloignés de la formation, d'amélioration des outils… "Depuis 2010, nous avons doublé la part des catégories C, mais ce n'est pas encore suffisant et cela dépend des secteurs", estime-t-il.

Autre axe : "Accompagner les projets et les évolutions professionnelles des agents". En partant d'un constat : "Un grand nombre d'agents sont aujourd'hui demandeurs de mobilités, et pas uniquement géographiques". D'où l'importance de l'enjeu des transitions voir reconversions professionnelles, auquel le Conseil supérieur de la fonction publique territoriale (CSFPT) a d'ailleurs consacré un rapport en septembre dernier. Des transitions qui, on le sait, s'imposent pour certaines agents (pour ne citer qu'un exemple : des Atsem ne pouvant plus exercer leur métier du fait de facteurs physiques) dans la plupart des collectivités. Cela passe entre autres par la "modularité des préparations aux concours et des formations statutaires", par la Validation des acquis d’expérience (VAE) ou la Reconnaissance d’équivalence des diplômes (RED). Se pose alors dans certains cas la question de la certification des formations, sur laquelle le CNFPT compte continuer à travailler, afin de pouvoir attester du niveau d'un agent formé souhaitant par exemple partir exercer son nouveau métier dans une autre collectivité.

Enfin, le dernier axe mis en avant par le projet concerne le "modèle économique" du CNFPT. Ce modèle, basé sur la mutualisation des cotisations des collectivités, doit être conforté. Ce qui implique de "trouver de nouvelles ressources". À ce titre, François Deluga continue de plaider pour le retour du "1%" (et rappelle au passage qu'au taux actuel de 0,9% ne peut être additionné le 0,1% dédié à l'apprentissage, qui relève d'un autre budget). On retiendra notamment que le CNFPT souhaite "nouer des partenariats avec des collectivités volontaires" qui seraient preneuses d'une offre de formation dépassant le cadre de ce que la cotisation "permet et autorise" (exemple : une grande ville souhaitant que le CNFPT forme 200 agents en intra) et donc prêtes à payer une forme de supplément.

On saura d'ailleurs que le CNFPT a déjà eu l'occasion de dépasser son cadre habituel d'intervention en étant appelé à former, au-delà des agents territoriaux, des personnels de l'État, celui-ci prenant alors en charge le coût des formations hors fonction publique territoriale. Tel est par exemple le cas sur France Services ou d'autres grands dispositifs tels qu'Action cœur de ville ou le plan Pauvreté.