Archives

Défense civile - Nouvelles menaces : la France mal préparée

Le dispositif de défense civile français est mal préparé aux nouvelles formes de menaces terroristes, sanitaires et écologiques. C'est le constat d'un rapport qui dénonce notamment la culture des collectivités qui "ne veulent pas assumer les risques majeurs".

Terrorisme, peste aviaire, Sras, catastrophes industrielles type AZF... La France est mal préparée pour faire face aux nouvelles formes de menaces, constate le Haut comité français pour la défense civile (HCFDC), dans un rapport publié jeudi 28 février. En une centaine de pages, ce document élaboré par un panel de médecins, experts en sécurité et chercheurs analyse les nombreuses failles dans la défense civile, présentée comme le "parent pauvre" des grandes orientations budgétaires sur la défense et la sécurité en France. "Il aura fallu sept ans pour que la France prenne la mesure des attentats du 11 septembre 2001 et réexamine son dispositif de défense et de sécurité", écrit le HCFDC, cinq ans après la publication de son livre blanc sur la défense civile. Les auteurs espèrent ainsi alimenter la réflexion autour du livre blanc sur la défense et la sécurité, demandé par Nicolas Sarkozy, et du livre blanc sur la protection civile, prélude à une loi de programmation annoncée par Michèle Alliot-Marie lors de ses voeux à la presse, le 16 janvier dernier. Ils fixent quatre grands chantiers pour améliorer la situation.

Un "pavillon orange" pour les territoires

Les rapporteurs constatent en premier lieu les retards pris en matière d'information et de communication et dénoncent un "manque de volonté" des pouvoirs publics dans ce domaine au prétexte de "ne pas affoler la population". Ils estiment que "l'Etat, face aux crises réellement majeures, ne pourrait prendre aujourd'hui en charge les citoyens sans que ceux-ci soient capables d'assurer eux-mêmes leur autoprotection et leur autogestion, ce qu'ils ne sont pas, à ce jour, prêts à faire au sens matériel et psychologique". Les rapporteurs critiquent également la culture des collectivités locales "qui ne veulent pas assumer les risques majeurs nationaux et transverses (technologiques, terroristes, etc.) qui doivent de leur point de vue rester de la compétence étatique, mais qui, parallèlement, se rendent compte de la demande croissante de leurs administrés pour une protection globale". Ils relèvent ainsi qu'en 2006, seulement 600 villes sur les 10.000 inscrites en zones à risques avaient élaboré un plan de secours communal (PSC). 15% des villes du pourtour méditerranéen l'avaient fait au printemps 2007. Depuis lors, la situation a peu évolué alors que moins de 900 PSC ont été approuvés (auxquels s'ajoutent 270 autres PSC dans des communes non soumises à cette obligation).
Le rapport propose une refonte du dispositif d'alerte avec un système satellitaire dont le coût serait partagé entre l'Etat et les collectivités, et financé par un partenariat public-privé. Il préconise une labellisation "défense et sécurités civiles" des territoires avec un pavillon "orange" semblable au pavillon bleu des plages qui indiquerait l'effort de préparation et de communication réalisé par les collectivités.

Infrastructures à risque

Le rapport regrette par ailleurs qu'il n'y ait pas en France - "situation quasi unique en Europe" - de sites internet publics sur les risques et conduites à tenir. Une carence qui a toutefois été récemment comblée en matière de risques de crues avec le nouveau dispositif d'alerte "pluie-inondation". Les auteurs jugent par ailleurs "insuffisantes" les capacités de gestion de crises de l'Etat et suggèrent d'accorder plus d'importance aux "facteur humain en insistant sur les formations de gestion des crises à tous les niveaux de l'Etat et des collectivités". Ils suggèrent d'augmenter les crédits du Fonds d'aide à l'investissement qui ont sévèrement diminué ces dernières années. Une proposition qui devrait satisfaire la Fédération nationale des sapeurs-pompiers, alors que le parc immobilier des Sdis nécessite de lourds investissements.
Troisième chantier : les secteurs d'activités d'importance vitale, comme les transports de passagers ou de produits dangereux. Le rapport reconnaît que la législation française est "très en avance" dans ce domaine mais regrette que les infrastructures les plus à risques, telles que les tunnels de TGV, les barrages et les stocks ou les transports de produits chimiques très dangereux (chlore, phosgène) soient "encore trop vulnérables à des actions terroristes simples".
Le haut comité alerte enfin sur le manque de préparation aux risques NRBC (nucléaire, radiologique, biologique, chimique) "faute de moyens et de financement régulier". Entre les moyens locaux encore trop faibles et les moyens nationaux, "forcément longs à mobiliser", le rapport propose de créer une sorte de réserve : des "moyens zonaux de renforts" financés par l'Etat et les collectivités de la zone (départements et régions).

 

Michel Tendil