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Elections professionnelles - Nicole Le Dieu de Ville : "Nos organisations vont être fortement impactées"

L'Association nationale des directeurs des ressources humaines des départements (ANDRHD) tient son congrès national ces 18 et 19 septembre à Rouen. Sa présidente, Nicole Le Dieu de Ville, évoque à cette occasion les enjeux du moment pour les DRH, en particulier à la veille des élections professionnelles.

Localtis : Le colloque portera notamment sur le nouveau contrat social qui résultera des élections professionnelles du 6 novembre. Pourquoi ?

Nicole Le Dieu de Ville : Avec l'Acte II de la décentralisation, les départements doublent presque leurs effectifs. Les TOS et les agents des DDE - principalement des agents de catégorie C - qui ont rejoint la FPT avaient pour tradition, lorsqu'ils étaient à l'Etat, de se mobiliser fortement lors des élections professionnelles. Ils vont sans doute continuer à le faire. Donc cela va changer le paysage. On va sans doute retrouver des syndicats qui étaient très implantés dans la fonction publique de l'Etat et qui ne l'étaient pas dans les collectivités. A l'issue de ces élections, le contrat social va donc être refondé et cela va beaucoup impacter nos organisations.

 

Quels sont pour les DRH les enjeux de ces élections professionnelles ?

Les élections sont un moment extrêmement fort dans la vie des DRH. Ils appliquent toute leur conscience professionnelle pour faire en sorte que ce rendez-vous qui n'a lieu que tous les six ans soit légal et se passe dans un bon climat. Il faut ainsi que toutes les listes soient placées sur un pied d'égalité, que toutes aient droit à la parole. A partir du moment où un syndicat considère qu'il n'a pas la place qui lui revient, cela pourrit le climat social et on en sort difficilement indemne. Organiser de bonnes élections, c'est donc un véritable enjeu pour la vie interne de la collectivité.

 

L'organisation des élections s'est-elle déroulée pour l'instant sans incidents ?

Il y a plusieurs difficultés. Au moins deux syndicats, l'UNSA et la FSU, doivent prouver qu'ils répondent aux critères de la représentativité syndicale pour être en capacité de présenter des candidats au premier tour. Or, l'un et l'autre ne veulent pas systématiquement donner les preuves qui leur sont demandées. Cela veut dire que dans le pire des cas, on peut avoir un second tour au mois de décembre. De plus, j'entends dans beaucoup d'endroits que si ces syndicats ne peuvent pas être présents au premier tour, ils appelleront leurs électeurs au boycott de façon à ce que le quorum des 50% ne soit pas atteint. Si cela devait arriver, beaucoup de collectivités seraient contraintes d'organiser un deuxième tour au mois de décembre. Il existe aussi un risque qu'après les élections, un syndicat se disant représentatif nationalement et s'estimant floué décide d'attaquer en justice les syndicats qui n'ont pas prouvé leur représentativité nationale. A partir de ce moment, il faut refaire les élections. Dans ce contexte, les DRH doivent redoubler de prudence pour permettre aux présidents [ndlr : des conseils généraux] de disposer d'un système de légalité quasiment parfait.

 

Quels sont les autres sujets à l'ordre du jour du congrès ?

Nous travaillerons beaucoup sur ce qui sera vraisemblablement une nouvelle donne sociale. Avec plusieurs questions : comment répond-on à une perte de pouvoir d'achat ? Répond-on uniquement par de l'argent ? N'a-t-on pas d'autres outils ? Nous attendons bien sûr à ce sujet les dispositions du Premier ministre sur le chèque transport [ndlr : la prime transport]. Autre question que nous nous poserons : n'y a-t-il pas aujourd'hui une autre manière d'appréhender le travail ? Il faut accepter de se faire bousculer dans ses habitudes de travail et de pensée pour imaginer d'autres systèmes. A l'heure où l'administration électronique se développe et les transports sont devenus plus chers, qu'en est-il par exemple du télétravail ? On devrait tirer trois ou quatre idées qui sortent des raisonnements classiques, très claniques, de notre administration.

 

Propos recueillis par Thomas Beurey