Naissance d’un "réseau européen des polices locales"

Une pierre, deux coups. Profitant du lancement officiel, ce 14 novembre, du programme PACTESUR2 de sécurisation des espaces publics, le maire de Nice a annoncé la création d’un "réseau européen des polices locales", qui sera ouvert aux 250 villes adhérentes au Forum européen pour la sécurité urbaine (Efus).

Le maire de Nice a donné ce 14 novembre, à Paris, le coup d'envoi officiel de l'acte II du programme européen PACTESUR relatif à la "sécurisation des espaces publics". Ce dispositif vise singulièrement "à améliorer le développement de bonnes pratiques grâce à l'organisation de formations de haut niveau pour les forces de sécurité locales et à l'échange de forces de police entre les villes". Il entend également sensibiliser les autorités publiques, les acteurs privés et les citoyens à la nécessité d'une coopération la plus large dans le domaine de la sécurité. 

Travaux pratiques

À l'initiative de ce programme, qu'elle préside, la cité niçoise fait naturellement encore partie des villes – avec Turin, Liège et Madrid – qui conduiront ce PACTESUR2, aux côtés des deux partenaires historiques : le Forum européen pour la sécurité urbaine (Efus) et l'Association nationale des communes du Piémont. Onze "villes associées" (1) pourront également participer à la dizaine d'événements prévus d'ici la fin 2025, dont trois "académies de police" – séminaires de trois jours alliant cours, exercices et simulations, visites, échanges… Pour les équipes des villes animatrices, s'y ajouteront des sessions en conditions réelles : à l'occasion d'un événement urbain international organisé par l'une des villes partenaires, les représentants de la police locale des trois autres villes passeront une semaine complète aux côtés de leurs homologues chargés de son organisation et de sa gestion. Le programme prévoit également la remise d'un manuel de recommandations en matière de continuum de sécurité public/privé à la Commission européenne à l'issue des travaux (fin 2025).

Erasmus des polices locales

"Doté de 2 millions d'euros et financé à 90% par la Commission européenne", PACTESUR2 permettra à la ville de Nice de recevoir "plus de 650.000 euros de subventions afin de créer de nouvelles zones d'entraînement sur le centre Beltrame [centre de formation des forces de sécurité] et de doter notre police municipale d'outils innovants", a souligné Christian Estrosi.
L'acte I de ce programme avait été lancé en 2019 pour 4 ans. Il réunissait à l'époque les mêmes acteurs, à l'exception de Madrid, qui n'était alors que l'une des onze villes alors "associées" (2). Les travaux avaient, déjà, donné lieu à la remise d'un mémorandum à la Commission. Ils s'étaient également traduits par la signature d'une "Déclaration de Bruxelles" qui en constituait la synthèse, et qui suggérait notamment la mise en place d'un "Erasmus des polices locales".

Naissance d'un "réseau européen des polices locales"

Profitant de l'occasion, Christian Estrosi a par ailleurs annoncé la création d'un "réseau européen des polices locales", que présidera là encore sa ville. Destiné à leur donner une plus grande "visibilité", il entendra notamment "démontrer, s'il en était encore besoin, que les polices municipales, locales ou régionales ont une place prépondérante dans les problématiques de sécurité", qu'elles ne sont "pas des polices 'supplétives' mais bien 'complémentaires'". Ce sont "des forces de sécurité intérieure pleine et entière qui doivent être pleinement reconnues comme telles", a rappelé lors du lancement celui qui est également à la tête, en France, de la commission consultative des polices municipales (CCPM – voir notre article du 17 mai). Ce réseau sera ouvert aux 250 villes et régions adhérentes à l'Efus. Il a lui aussi pour vocation d'organiser des échanges entre polices locales, hors et pendant des événements particuliers (comme le carnaval de Nice), l'organisation d'académies de police ou encore l'élaboration de futurs projets européens dans les domaines de la sécurité. Il mènera en outre une réflexion sur la création de "l'Erasmus des policiers locaux" souhaité par ailleurs.

La Cnil, une "institution poussiéreuse"

Sans surprise, Christian Estrosi n'aura pas non plus manqué l'occasion de plaider pour l'élargissement des prérogatives des polices municipales françaises : pouvoirs d'enquête, utilisation des drones, de la reconnaissance faciale… "À chaque fois que je me rends à Madrid, croyez bien que j'envie les Madrilènes", a-t-il avoué, déplorant une nouvelle fois d'être de son côté entravé par la Cnil, qualifiée d'"institution poussiéreuse" (voir notre article du 25 avril). Dans le cadre d'Efus, l'ancien ministre entend d'ailleurs plaider pour une harmonisation des compétences au niveau européen. "C'est un message que je porterai à l'occasion de la prochaine CCPM", a-t-il également indiqué.
 
* Bratislava, Lisbonne, Tallinn, Bologne, Riga, Vilnius, Xabià, Gdansk, Budapest (7e arrondissement), Kordelio-Evosmos (Grèce) et "Safe-Brussels", chargé de la sécurité de la ville de Bruxelles.
** Avec Xabià, Munich, Essen, Riga, Gdansk, Athènes, Lisbonne, Londres, Édimbourg et Leeds.