Transports - Mobilités actives : le Club des villes et territoires cyclables réclame "une vraie stratégie nationale"
Le Club des villes et territoires cyclables a longuement réagi dans un communiqué, le 3 novembre, à la communication présentée la veille en conseil des ministres par Ségolène Royal et Alain Vidalies sur le développement des mobilités actives, en réclamant "une vraie stratégie nationale" en la matière, "plus qu'une politique des petits pas".
Faisant référence à la stratégie de développement de la mobilité propre publiée le 28 octobre, en annexe de la programmation pluriannuelle de l'énergie - PPE (lire notre article ci-contre), la ministre de l'Environnement et le secrétaire d'Etat chargé des transports ont d'abord rappelé l'enjeu du développement du vélo et des modes actifs "qui répond à un impératif écologique et de santé publique et participe au développement économique et à la cohésion sociale" avant de détailler les décisions prises pour favoriser l'usage du vélo (Plan d'action mobilités actives dit Pama mis en œuvre en 2014, création d'une indemnité kilométrique vélo, dans le cadre de la loi de transition énergétique, initiatives des territoires à énergie positive).
Mesures "emblématiques"
Ils ont aussi présenté plusieurs "mesures emblématiques" pouvant être mises en œuvre dès à présent : lancement d'une concertation avec les collectivités territoriales intéressées par la mise en place d'une indemnité kilométrique vélo (IKV) ; définition du statut du trottoir et réglementation du partage de la voirie en agglomération, compte tenu des nouveaux engins de déplacement personnel ; mise en place systématique de sas vélos aux feux au fur et à mesure des réaménagements et élargissement de la signalisation au sol pour favoriser le désencombrement des trottoirs ; développement du gravage des vélos avant leur mise en vente pour lutter contre le vol ; reconnaissance du certificat de qualification professionnelle "éducateur mobilité à vélo" pour favoriser l'usage de celui-ci en dans le cadre scolaire et périscolaire ; mise en place de consultations mobilité-santé à destination des publics en difficulté, etc.
"Accompagner les efforts des collectivités"
Mais pour les élus, cela ne suffit pas et il est temps que la France se dote, à l'instar de plusieurs pays européens, d'"une véritable stratégie nationale en faveur du vélo et de la mobilité active, lisible, transversale, ambitieuse". Ils regrettent que la seconde phase du Pama n'ait pas été engagée au lendemain du bilan d'étape établi le 15 septembre 2015 par Alain Vidalies, et notamment dans la foulée de la COP21 accueillie par la France. "La démarche du Plan national d'action engagée en 2013 doit être dynamisée pour constituer cette stratégie nationale de nature à accélérer les changements nécessaires, accompagner les efforts des collectivités et mettre en cohérence les actions de l'Etat", soulignent-ils.
Parmi les mesures annoncées le 2 novembre, ils reconnaissent toutefois "quelques avancées" comme la reconnaissance de la qualification professionnelle "Éducateur mobilité à vélo" ou la mise en place de consultations mobilité-santé. Mais le renvoi de l'application de l'indemnité kilométrique vélo aux agents des collectivités à une "concertation avec les collectivités territoriales intéressées" "ne saurait répondre à l'attente de nombreuses collectivités qui ont manifesté leur volonté de la mettre en place en adoptant des délibérations et des vœux depuis sa création dans la loi pour la transition énergétique en 2015", estiment-ils.
Fortes attentes sur le report modal
Ils rappellent que la Stratégie de développement de la mobilité propre, dans le cadre de la PPE, prévoit un report modal important de la voiture solo vers les modes actifs (marche et vélo) : de 2,7 % en 2008 (en nombre de déplacements dans les transports de courte distance), leur part doit ainsi atteindre 12,5 % en 2030. "Le report de la mise en place de l'IKV dans le secteur public, le renvoi à une étude d'impact de la création d'un item vélo dans le barème fiscal, l'absence de calendrier et de financement de mesures comme le 'développement du gravage des vélos avant mise en vente' ne sont pas de réelles priorités d'actions, alors que la stratégie nationale bas-carbone qui fixe une baisse des émissions de GES dans le secteur des transports de 10% sur la période 2019-2023 et de 21% sur la période suivante implique la mise en place d'incitations et de véritables leviers", soulignent les élus du Club.
Volonté de développer le vélo à assistance électrique
Ils se disent aussi étonnés que le gouvernement, qui étudie actuellement la mise en place d'un bonus écologique pour l'achat d'un deux-roues motorisé électrique, ne retienne pas leur proposition d'élargissement de ce bonus à l'achat de vélos à assistance électrique (VAE) qu'ils considèrent comme un "vrai service à la mobilité" et un "outil puissant du report modal de la voiture solo vers les modes alternatifs". Les parlementaires pour le vélo disent avoir porté cette demande auprès du secrétaire d'Etat aux Transports en soulignant que les ventes de VAE sont en constante progression – 100.000 unités en 2015 – et en rappelant que la récente étude d'évaluation des services vélos réalisée par l'Ademe a mis en évidence que l'aide à l'achat de ces vélos entraîne une baisse notable de l'usage de la voiture. "Couplée à la location longue durée, cette aide représente 650 à 1.400 km en voiture évités par usager et 200 kg de CO2 économisés en moyenne, relèvent-ils. En outre, l'assistance électrique augmente fortement la portée du vélo avec une moyenne des distances parcourues de 7,6 km pour les trajets domicile-travail alors qu'elle est de 3,4 km à vélo standard."