Mobilité hydrogène : la région Occitanie met 150 millions d'euros sur la table
Carole Delga, la présidente de l'Occitanie, a dévoilé ce 22 mai son plan pour accélérer le développement "à grande échelle" de solutions hydrogène vert dans cette région. Il sera soumis fin juin au vote des élus régionaux.
Ce n'est pas le premier mais en quelque sorte le second plan en faveur de l'hydrogène en Occitanie. En effet, la région a déjà fait réaliser une étude stratégique sur cette filière. "Nous connaissons notre écosystème et savons qu'il est favorable. Nos bases sont très solides dans ce domaine", a soutenu Carole Delga lors de la présentation le 22 mai de son plan régional en faveur de l'hydrogène vert.
Coup d'accélérateur
Son projet emblématique est l'HyPort, une solution de production et de distribution d’hydrogène pour basculer les écosystèmes aéroportuaires de Toulouse Blagnac et de Tarbes vers cette solution, et desservir à la fois des véhicules sur pistes et d'autres à usages urbains. L'aéroport toulousain sera le premier à en être équipé début 2020. Le département le plus avancé est sans aucun doute le Tarn : le syndicat départemental d'énergies et celui de valorisation des déchets ménagers et assimilés (Trifyl) y sont très actifs dans ce domaine. Du côté des entreprises, on trouve, entre autres, la PME Safra qui construit des bus hydrogène. Les deux bras armés de la région, l'agence de développement économique (AD'OCC) et l'agence énergie climat (Arec) animent cette filière réputée pour bien fonctionner, "de façon fluide", observe l'élue. S'y distinguent deux poids lourds : Safran Power Units, qui développe à Toulouse une pile à combustible, et Alstom, des motrices à hydrogène à Tarbes. Côté recherche, les pôles compétents ne manquent pas : laboratoire Laplace, Liten/CEA Tech, École des Mines d'Albi, LBE, Laas, etc. "Il y a d'une part cette forte dynamique, de l'autre un phénomène d'essoufflement au niveau national, depuis le plan hydrogène acté l'été dernier. Trois appels à projets étaient évoqués, ce sera finalement deux... Le timing est bon pour prendre le lead", confie Carole Delga.
Vers un achat groupé de trains hydrogène
Ce plan hydrogène vert est doté de 150 millions d'euros sur la période 2019-2030. 20 millions d'euros doivent être consacrés au soutien des moyens de production, de stockage, de distribution, et à divers projets dont HyPort, HYdroMed (bateau polyvalent navette et pêche) et un de production sur le littoral régional (H2 vert). 45 millions d'euros seront investis dans le développement des usages : autobus à hydrogène avec Safra, développement de systèmes hybrides dans l'aviation, barge à hydrogène sur le port de Sète. L'acquisition de trois rames de train hydrogène est prévue dans le cadre de la réhabilitation de la ligne de chemin de fer allant de Montréjeau à Luchon. En 2021, leur circulation y sera testée durant deux ans.
La région Occitanie pilote aussi un groupe de travail à Régions de France sur les trains hydrogène. Un achat groupé de rames est en réflexion avec cinq autres régions (région Sud, Centre-Val de Loire, Nouvelle-Aquitaine, Grand Est, Bretagne). "Sachant que la liste des régions n'est pas close. Celles citées finalisent le choix des lignes sur lesquelles ces trains seront expérimentés", précise Carole Delga. Si trois rames sont en moyenne commandés par région, la commande groupée atteindrait la vingtaine d'unités.
La région compte aussi soutenir la demande (25 millions d'euros du budget) en développant sa propre flotte de véhicules et via un dispositif de soutien à l'acquisition mis en place auprès des collectivités. Un éco-chèque hydrogène est prévu, d'au moins 4.000 euros, pour aider les professionnels et taxis à s'équiper. Enfin, pour inciter les communes et intercommunalités à se doter de stations H2 souvent en lien avec des flottes captives, l'Occitanie mobilise 10 millions d'euros. Elle lancera un appel à projets "pour favoriser l'émergence d'écosystèmes territoriaux pilotes" et un autre d'ici la fin de l'année pour associer les citoyens dans cette bascule vers des solutions innovantes.
La Normandie, cette autre région à la pointe
Dans un communiqué diffusé le 20 mai, la région Normandie annonce un renforcement de son maillage de stations hydrogène avec, d’ici la fin de l’année, une dizaine de nouvelles stations mises en service sur son territoire. Ces stations alimenteront "dans un premier temps" une flotte d'une centaine de véhicules. Une première station de recharge a déjà été installée à Rouen. Dans l'Eure, un syndicat intercommunal d'énergie en a commandé trois grâce aux participations des agglomérations d’Evreux, de Vernon et de Louviers. Le déploiement de ces stations est subventionné à hauteur de 50% par l’Union européenne via l’Inea et de 20% par la région, soit jusqu’à 70% au total.