Mobilité électrique : deux caps symboliques franchis en 2024, selon l'Avere France
Alors que la fin de la vente des véhicules thermiques reste programmée pour 2035, l'Avere France se réjouit que deux caps symboliques aient été franchis en 2024, avec plus de 150.000 points de recharge désormais ouverts au public et plus de 2 millions de véhicules électriques et hybrides rechargeables en circulation. Mais l'association qui oeuvre pour le développement de la mobilité électrique en France alerte sur le resserrement des dispositifs d'aides à l'acquisition de véhicules alors qu'il faudrait un "soutien adapté et pérenne" permettant de rendre les véhicules électriques accessibles au plus grand nombre.
Pour l'Avere France, "2025 sera une année décisive pour la mobilité électrique puisqu’elle marque le lancement du compte à rebours vers la fin programmée de la vente des véhicules thermiques en 2035". Alors que l'industrie automobile doit relever ce défi existentiel en un temps record, l'association spécialisée dans le développement de la mobilité électrique en France se réjouit que "deux caps symboliques" aient été franchis en 2024.
Léger recul des immatriculations sur un marché automobile déprimé
Sur un marché automobile en berne, 464.714 immatriculations de véhicules électriques et hybrides rechargeables légers neufs ont été enregistrées l'an dernier, représentant une part de marché de 22%. Parmi eux : 317.501 véhicules électriques (-3,35% par rapport à 2023) et 147.213 hybrides rechargeables (-9,88 %). Au total, plus de 2 millions de véhicules électriques et hybrides rechargeables étaient en circulation fin 2024. Le maintien des dispositifs de soutien a aussi permis d’accompagner l’immatriculation de nouveaux poids lourds électriques l'an passé à des niveaux similaires voire légèrement supérieurs à ceux de 2023 relève l'Avere France, qui reconnaît toutefois que la partie n’est pas gagnée pour atteindre l'objectif fixé par la France dans la Stratégie nationale bas carbone (SNBC) de 70.000 poids lourds électriques sur les routes en 2030.
Réseau de recharge en expansion
L'association se réjouit également d'"un réseau de recharge en pleine expansion". Au 31 décembre 2024, la France comptait 154.694 points de recharge ouverts au public (sur plus de 2,2 millions de points de charge d’après les estimations d’Enedis), soit une progression de 31% par rapport à l’année précédente. "L’année 2024 s’achève avec un bon taux de disponibilité technique des infrastructures de recharge à 93% mais aussi un excellent taux d’accès immédiat aux stations de recharge à 95%", note l'association qui assure le suivi de ce développement à travers son baromètre commun avec le ministère de la Transition écologique, élaboré par Gireve. Depuis novembre dernier, ce baromètre s’est enrichi de six nouveaux indicateurs sur la qualité de service de recharge et la consommation énergétique.
Avec l’Association française des opérateurs de recharge (Afor) et Enedis, l’Avere France suit également les déploiements des infrastructures de recharge en résidentiel collectif. Les chiffres définitifs de 2024 seront connus en février 2025, mais l'association juge la tendance "extrêmement positive" avec des taux d’équipement des copropriétés en hausse de 10% sur les trois premiers trimestres de 2024. Mais avec la raréfaction du soutien budgétaire au développement des infrastructures de recharge ouvertes au public, les déploiements reposent aujourd’hui uniquement sur les investissements des aménageurs et des opérateurs, constate l'association. Si les déploiements en voirie publique et en résidentiel collectif peuvent continuer de faire appel au programme Advenir, qui a été renouvelé début juillet avec 200 millions d’euros supplémentaires jusqu’en 2027 elle estime qu'il faudra réfléchir en 2025 avec le gouvernement et toutes les parties prenantes à de nouveaux dispositifs permettant d’"accompagner de façon pérenne la bonne marche des déploiements".
Demande d'un "plan d'urgence" pour soutenir la décarbonation
Alors que les dispositifs d'aides à l’acquisition avec été resserrés par le gouvernement Barnier par souci d'économies budgétaires, l'Avere France juge que dans la phase actuelle d'amorçage de la transition énergétique, les politiques publiques comme le bonus ou la prime à la conversion ont un caractère "indispensable". Début décembre 2024, elle a donc appelé le gouvernement à réunir les parties prenantes pour établir un plan d’urgence de soutien à la décarbonation des transports jusqu’à fin 2027, en mettant en avant en avant un triple enjeu : "respecter notre trajectoire de décarbonation, garantir notre souveraineté industrielle et énergétique et enfin, redonner du pouvoir d’achat aux ménages".
Feuille de route 2025 : objectif 2035
Pour cette année, l'Avere France s'est dotée d'une feuille de route dans la perspective de 2035, avec comme objectif d'accélérer les immatriculations et les déploiements d’infrastructures de recharge sur tout le territoire. Elle compte faire de nouvelles propositions au gouvernement pour continuer d’accompagner particuliers et entreprises dans la décarbonation des mobilités légères et lourdes, en proposant un nouveau cadre fiscal incitatif et en renforçant les dispositifs existants extra-budgétaires comme la taxe incitative relative à l'utilisation d'énergie renouvelable dans le transport (Tiruert). Autre enjeu "majeur" pour l'association : la "démocratisation de la mobilité électrique".
"Les objectifs ambitieux de décarbonation ne pourront être atteints qu’avec un soutien adapté et pérenne permettant de rendre les véhicules électriques accessibles au plus grand nombre", souligne-t-elle.
L'Avere France compte aussi mettre l'accent sur le verdissement des flottes d'entreprises, en rééditant un guide sur le sujet et en en organisant des ateliers de travail. Elle compte aussi contribuer aux travaux législatifs et gouvernementaux sur de nouvelles incitations encourageant les entreprises à accélérer la conversion de leur parc (lire notre encadré ci-dessous). Sur les mobilités lourdes, elle vise également les collectivités, à travers la réédition d'un guide sur les bus électriques. Par ailleurs, l’association prévoit des actions ciblées pour accompagner l’évolution du cadre réglementaire autour des stations de recharge tant en dépôt qu’en itinérance.
Enfin, elle appelle à poursuivre les efforts pour densifier le maillage du territoire en infrastructures de recharge. Son étude Hit the Road prévoyait en 2023 qu’il faudrait déployer entre 300.000 et 400.000 points de charge d’ici 2035 pour répondre à la demande de recharge. "Le rythme devra donc rester soutenu, en particulier sur les grands axes routiers où le gouvernement devra lancer une deuxième vague de déploiements pour répondre à une demande croissante", souligne-t-elle. Elle compte faire des recommandations pour accélérer les investissements dans les zones à pourvoir.
› Verdissement des flottes automobiles : vers une nouvelle proposition de loiÀ l’issue de la présentation, le 18 décembre dernier, des résultats de leur mission flash sur le verdissement des flottes automobiles des entreprises et des administrations, les députés Gérard Leseul (Socialistes et apparentés, Seine-Maritime) et Jean-Marie Fiévet (EPR, Deux-Sèvres) ont annoncé leur intention de déposer une nouvelle proposition de loi sur le sujet, qui s’appuiera sur les 21 recommandations issues de leurs travaux. Créée le 24 septembre 2024 par la commission du développement durable, la mission avait pour objectif d’effectuer un état des lieux du respect des obligations de la loi d’orientation des mobilités ("LOM") et d’identifier les freins à la transition énergétique des flottes automobiles. La LOM a en effet instauré des quotas de verdissement aux flottes d’entreprises et de l’administration. Ces flottes ont l’obligation d’intégrer une part minimale de véhicules à faibles émissions lors du renouvellement annuel du parc automobile, selon un calendrier progressif jusqu’à 2030. Environ 3.500 groupes d’entreprises sont concernées par ces quotas, notamment les grands groupes, et les sociétés de location longue et courte durée, représentant plus de la moitié des immatriculations de véhicules neufs. Outre le fait de contribuer à la décarbonation du secteur du transport, ces flottes permettent par ailleurs de développer et pérenniser un marché de l’occasion des véhicules électriques, grâce à un renouvellement plus fréquent que celui des particuliers. Mais pour les rapporteurs, "l’électrification des flottes des entreprises progresse trop lentement". Selon la direction générale de l’énergie et du climat, entre 54% et 60% d'entre elles et un peu plus de 50% de celles des collectivités ne respecteraient pas le quota imposé par la LOM. Les députés formulent donc une vingtaine de recommandations visant à accélérer l’électrification des flottes automobiles et à faciliter la mobilité verte en entreprise, tout en assurant la souveraineté énergétique et industrielle de la France. Pour renforcer la mise en œuvre de la LOM, ils proposent ainsi d’instaurer un mécanisme d’incitation progressif en rendant passible d’une amende le non-respect des quotas de verdissement, de rendre passible d’une amende le défaut de transmission par les entreprises de la part de véhicules à très faibles émissions lors du renouvellement annuel, d’abaisser le seuil d’entrée dans le périmètre de l’obligation de verdissement des flottes de 100 à 50 véhicules légers à partir de 2028 et de cibler le renouvellement des flottes automobiles sur les véhicules à très faibles émissions (électriques ou hydrogènes). Ils préconisent également de remettre au premier plan la question de la mobilité dans les entreprises et d’accompagner le développement des bornes de recharge chez les salariés et dans les entreprises par une fiscalité adaptée. Enfin, ils recommandent de favoriser la filière française et européenne des véhicules électriques, par une majoration dans la comptabilisation des véhicules respectant le score environnemental minimal, pour l’atteinte des quotas de verdissement. |