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Ministres délégués et secrétaires d'État ont eux aussi leurs fiches de poste

Dix membres du gouvernement n'avaient pas encore eu leurs décrets d'attributions : les ministres délégués et secrétaires d'État. C'est désormais chose faite. Les dix décrets sont parus ce 9 juin au JO. Dont celui de Christophe Béchu, ministre délégué chargé des collectivités territoriales. Et ceux des six secrétaires d'État dépendant directement de Matignon, aux fonctions assez comparables à celles de délégués interministériels.

LES MINISTRES DÉLEGUÉS

  • Christophe Béchu, Monsieur Collectivités

C'est la brique qui manquait au trio gouvernemental pour les collectivités, après la publication des décrets d'attributions des ministres Amélie de Montchalin et Gérald Darmanin (voir notre article du 2 juin sur les 17 décrets d'attribution des ministres de plein exercice). Le décret définissant les missions de Christophe Béchu en tant que ministre délégué chargé des collectivités territoriales auprès du ministre de l'Intérieur et de la ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires. On n'y apprend au final pas grand-chose : "Il propose et exécute les mesures nécessaires à la réalisation de la politique du gouvernement concernant les collectivités territoriales", est-il résumé. Il exerce les attribution des deux ministres "en matière de décentralisation"… mais aussi, c'est à relever, celles d'Amélie de Montchalin en matière de "cohésion des territoires". Ce qui élargit potentiellement beaucoup son périmètre.

  • Gabriel Attal, comptes publics, y compris locaux

Aux côtés de Bruno Le Maire à Bercy, Gabriel Attal est le nouveau ministre délégué chargés des comptes publics. Pas de surprise pour lui : le décret d'attributions est un copié-collé de celui publié il y a cinq ans pour son prédécesseur, Olivier Dussopt. Les dossiers sur son bureau : préparation et exécution du budget, impôts, cadastre et publicité foncière, douanes et droits indirects, gestion budgétaire et comptable publique, domaine, retraites de la fonction publique de l'État, achats et immobilier de l'État, "stratégie pluriannuelle des finances publiques", comptes sociaux… et "règles relatives aux finances locales", un domaine par conséquent à cheval entre Bercy et l'Intérieur.

  • Un troisième pilier au Quai d'Orsay

Les trois ministres délégués de Catherine Colonna, la ministre de l'Europe et des Affaires étrangères, ont chacun des portefeuilles bien distincts.

Au commerce extérieur et à l'attractivité, Franck Riester va continuer à faire ce qu'il faisait dans le gouvernement Castex, puisque son décret d'attribution n'a pas bougé d'une virgule. Il y est question de promotion des exportations, d'"expansion économique hors de France", de "développement international des entreprises françaises", de négociations commerciales européennes et internationales, de promotion de la France à l'étranger, de "politique d'attractivité du territoire"…

Même chose pour Clément Beaune en tant que ministre délégué chargé de l'Europe : aucun changement par rapport aux attributions dont il bénéficiait dans le précédent gouvernement. "L'ensemble des questions relatives à la construction européenne, y compris les questions institutionnelles", lui sont toujours confiées.

Il y a en revanche un nouveau ministère délégué créé au Quai d'Orsay. Celui confié à Chrysoula Zacharopoulou, qui sera spécifiquement chargée "du développement, de la francophonie et des partenariats internationaux" : aide au développement, coopération culturelle et scientifique, coopération avec les organismes internationaux à vocation francophone, contribution aux "négociations relatives à la santé mondiale, la sécurité alimentaire, la nutrition et l'agriculture durable, ainsi que celles sur la lutte contre le réchauffement climatique", action humanitaire…

LES SECRÉTAIRES D'ÉTAT

  • Olivier Véran, entre Parlement et participation citoyenne

L'ancien ministre de la Santé Olivier Véran n'est plus que secrétaire d'État. L'un des cinq secrétaires d'État directement placés auprès de la Première ministre. Le voilà chargé "des relations avec le Parlement" (autrement dit des relations entre le gouvernement et le Parlement… un enjeu dont l'importance et la complexité dépendront évidemment de l'issue des législatives), mais aussi de "la vie démocratique", ce qui inclut les relations avec le Conseil économique, social et environnemental (Cese) et le "développement de la vie démocratique", notamment "la participation citoyenne aux politiques et décisions publiques sous ses différentes formes". Le possible futur Conseil national de la refondation annoncé par Emmanuel Macron n'est pas mentionné mais on peut supposer qu'il ferait partie du périmètre.

  • Isabelle Rome, la lutte contre toutes les discriminations

Magistrate puis haut-fonctionnaire au ministère de la Justice, Isabelle Rome devra désormais se charger "de l'égalité entre les femmes et les hommes, de la diversité et de l'égalité des chances".
Sur le premier sujet, il est question de droits des femmes, de lutte contre "toute discrimination liée au sexe, de parité et d'égalité professionnelle, de "lutte contre le harcèlement et contre les violences sexistes et sexuelles", mais aussi de "prise en compte de la maternité et de la paternité" et de "développement des modes de garde, notamment collectifs, des jeunes enfants"…
Sur la diversité et l'égalité des chances, les attendus sont larges et vagues : "politique en faveur de l'égalité des chances dans les domaines politique, économique, social, éducatif et culturel", "mesures destinées à faire disparaître les discriminations, notamment en matière d'éducation, d'enseignement supérieur, d'emploi, de logement, de santé et d'accès aux responsabilités dans la société". Avec une mention spécifique pour les "discriminations envers les personnes lesbiennes, gays, bi et trans".

  • Quelle enfance pour Charlotte Caubel ?

De quoi va s'occuper Charlotte Caubel en tant que secrétaire d'État chargée de l'enfance ? Ce n'est pas son décret d'attribution qui nous le dira puisque celui-ci indique simplement qu'elle "connaît, par délégation de la Première ministre, de toutes les affaires dans le domaine de l'enfance que cette dernière lui confie"… Durant le précédent quinquennat, Adrien Taquet, alors secrétaire d'État chargé de la protection de l'enfance et des familles, s'était pas mal centré sur la protection de l'enfance et sur la stratégie "1.000 premiers jours". Mais il dépendait du ministère de la Santé et des Solidarités. Pour l'heure, les premiers rendez-vous de Charlotte Caubel ont semble-t-il surtout porté sur la protection de l'enfance. Reste à voir si ses prérogatives s'étendront à la petite enfance (avec notamment le service public de la petite enfance qu'ambitionne Emmanuel Macron, sachant que le sujet est en revanche mentionné pour sa collègue Isabelle Rome) et/ou à la jeunesse.

  • Justine Benin, la mer dans tous ses états

Elle n'a beau être que secrétaire d'État, la Guadeloupéenne Justine Benin hérite en fait exactement des mêmes attributions qu'Annick Girardin, ministre de la Mer de plein exercice dans le précédent gouvernement. La liste est longue et couvre toutes les dimensions des enjeux maritimes, qu'ils soient écologiques, économiques ou diplomatiques : "rayonnement et influence maritimes", navigation (plaisance, activités nautiques), ressources sous-marines, pêche, transports maritimes, ports, protection des milieux, gestion intégrée des zones côtières et domaine public maritime, industrie navale et nautique, énergies renouvelables en mer, tourisme sur le littoral…

  • Olivia Grégoire, le rendez-vous du mercredi

Olivia Grégoire s'est déjà livrée à l'exercice à trois reprises depuis sa nomination. Celui de la conférence de presse rendant compte des travaux du conseil des ministres. Un rôle précédemment joué par Gabriel Attal. La tâche la plus visible du secrétaire d'État porte-parole du gouvernement, même si le bref décret d'attributions évoque aussi plus globalement sa "mission d'information sur les activités du gouvernement", qui inclut entre autres le fait de répondre aux sollicitations des médias, notamment en cas de crise, en s'appuyant notamment sur le service d'information du gouvernement (SIG).