Premier conseil des ministres pour un gouvernement de "préfiguration"
A l'issue du premier conseil des ministres du gouvernement Borne, la porte-parole Olivia Grégoire a confirmé que de nouvelles nominations interviendraient après les législatives, notamment pour le logement et les transports. Elle a aussi indiqué que le projet de loi "pouvoir d'achat", qui sera complété par des propositions ministérielles arbitrées par Matignon, sera présenté avant les élections.
Le gouvernement d'Elisabeth Borne nommé vendredi s'est réuni dès ce lundi 23 mai à 10h en conseil des ministres. Un premier conseil visant avant tout pour Emmanuel Macron à "aborder les fondamentaux" et "rappeler le cap", selon les mots d'Olivia Grégoire, la nouvelle porte-parole du gouvernement, lors du point presse suivant la réunion. Un "cap" fait de "trois priorités" : éducation, santé, écologie. Et d'"une urgence" : le pouvoir d'achat.
Comme on le savait (voir notre article du 18 mai), cette urgence se traduira par un premier projet de loi (l'appellation projet de loi de finances rectificative n'a pas été utilisé mais il s'agit bien de cela) qui sera tout prochainement présenté en conseil des ministres, avant même les élections de juin, pour pouvoir être présenté – en cas de majorité – "juste après les législatives". D'ici là, "les ministres sont en train d'y travailler", avec des réunions prévues à Matignon, pour arbitrages de la Première ministre. Autrement dit, le contenu prévu aujourd'hui "pourra être complété par les propositions des ministres".
Pour l'heure, le "texte pouvoir d'achat" s'articule en deux séries de mesures, a rappelé Olivia Grégoire. D'une part "aider tous les Français à régler leurs dépenses contraintes" en "agissant sur les prix" : ceux de l'énergie avec le bouclier tarifaire prolongé jusqu'à la fin de l'année, de l'alimentation avec le "déploiement du chèque alimentation" et des transports avec la "ristourne" sur le carburant. D'autre part, "augmenter les revenus" : hausse des prestations sociales, dont les petites retraites ; relèvement du point d'indice des fonctionnaires ; mesures en faveur de la rémunération des salariés (triplement et pérennisation de la "prime Macron") et des indépendants.
"Le gouvernement que vous constituez est avant toute chose (...) un gouvernement pour agir", a lancé le chef de l'Etat en pointant "un contexte inédit" avec la crise du Covid-19, "dont nous sortons à peine si tant est qu'elle soit totalement terminée", le "retour de la guerre en Europe" et des "défis inédits" pour la société française. "Agir donc rassembler notre pays", a-t-il dit dans son début de prise de parole, exceptionnellement retransmis, en saluant de nouveaux ministres venus du monde politique comme de la société civile. Un "gouvernement tout à la fois de continuité, de nouveautés", a-t-il assuré avec, assise à sa gauche, la nouvelle ministre des Affaires étrangères, Catherine Colonna, et à sa droite Bruno Le Maire, reconduit à l'Economie et désormais numéro deux du gouvernement.
De nouvelles nominations en vue
Olivia Grégoire s'est ensuite fait l'écho des "trois pactes fondamentaux" qui feront l'ossature du quinquennat : le "pacte productif", un "pacte entre les générations" (items cités, pêle-mêle : petite enfance, "conjurer les inégalités de destin", école, aînés, professionnels de santé, égalité hommes-femmes, inclusion…) et un "pacte républicain" (sécurité, justice et "solidarités nouvelles avec les territoires en difficulté").
Elle a par ailleurs évoqué "un gouvernement en mouvement", notant que les premiers déplacements s'étaient enchaînés depuis vendredi, avec par exemple celui de Brigitte Bourguignon sur le thème de la lutte contre les déserts médicaux ou celui de Gérald Darmanin sur les mineurs non accompagnés (MNA).
"En mouvement", aussi, parce que l'actuel gouvernement n'est "que la préfiguration de celui que les Français auront après les législatives", a indiqué la porte-parole, confirmant ainsi que l'équipe sera "complétée" par de nouvelles nominations de ministres délégués ou secrétaires d'Etat et mentionnant les domaines du logement et des transports - deux champs qui resteront bien "sous la responsabilité" d'Amélie de Montchalin.
Et il pourrait aussi y avoir du mouvement, non seulement bien sûr en cas de défaite de l'alliance pro-présidentielle "Ensemble !" aux législatives, mais aussi simplement en cas de défaite de tel ou tel membre du gouvernement lui-même candidat à ce scrutin. Olivia Grégoire a en effet confirmé l'information donnée dimanche par la presse : "Les ministres perdants devront démissionner". 14 d'entre eux sont potentiellement concernés. Dont Elisabeth Borne.
Interrogée sur le choix d'avoir associé transition écologique et collectivités locales sous un même ministère, la porte-parole a affirmé que le redécoupage ayant donné lieu à "la réunion de ces deux périmètres" est "extrêmement important", en ce qu'il montre que la transition écologique doit irriguer "l'ensemble des politiques publiques" et être mise en œuvre en tenant compte des "spécificités des territoires".