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Élisabeth Borne fait son entrée à Matignon

C'est finalement Élisabeth Borne qui a été choisie par Emmanuel Macron pour succéder à Jean Castex à Matignon, qu'elle rejoint après avoir occupé trois portefeuilles ministériels et, auparavant, mené une carrière de haut-fonctionnaire avec alternance de passages dans le privé et en cabinet. Sans oublier un poste de préfet. Pas de mandat électif dans son parcours en revanche. Mais une longue succession de dossiers impliquant les collectivités (son nom a été mentionné dans 472 articles de Localtis !). Plusieurs associations d'élus locaux ont déjà réagi à sa nomination.

Élisabeth Borne, nommée ce lundi 16 mai Première ministre, a fixé sa priorité lors d'une cérémonie de passation de pouvoirs à Matignon en fin de journée : face "au défi climatique et écologique sur lequel il faut agir plus vite et plus fort, je suis convaincue que nous pourrons le faire en associant encore davantage les forces vives de notre territoire, parce que c'est bien au plus près des Français qu'on trouvera les bonnes réponses".

Lors de sa première prise de parole en tant que cheffe de gouvernement, Élisabeth Borne a par ailleurs rendu un hommage appuyé à son prédécesseur : "Tu as su conquérir le coeur des Français en sillonnant sans relâche notre pays en allant à leur rencontre", lui a-t-elle déclaré, observant partager "beaucoup de choses en commun", "même si nous venons de familles politiques différentes".

Jean Castex avait pris la parole le premier sur le perron. "Je ferai en ce qui me concerne un pas de côté, en sortant de la vie politique nationale dans laquelle je ne suis finalement entré qu'un peu par effraction en juillet 2020", a-t-il indiqué sous les applaudissements nourris des personnels réunis dans la cour, évoquant notamment les "circonstances tout à fait exceptionnelles" liées à la crise sanitaire et son souci de "protéger, apaiser, expliquer, rassembler, fédérer". Il a en outre rendu un hommage appuyé aux "agents et fonctionnaires de l'État et du service public" et plus particulièrement aux personnels de santé. Il a invité Élisabeth Borne "à ne jamais oublier" les "millions" de concitoyens silencieux qui sont "la colonne vertébrale de la France".

Jean Castex avait présenté lundi vers 16h sa démission à Emmanuel Macron. Dans un message publié sur Twitter, le chef de l'État a listé les priorités qu'il attendait de la nouvelle cheffe du gouvernement : "écologie, santé, éducation, plein-emploi, renaissance démocratique, Europe et sécurité".

Après un week-end dominé par les noms des anciennes ministres Catherine Vautrin, Valérie Létard ou Marisol Touraine, l'hypothèse Élisabeth Borne s'est finalement imposée. Décrite comme une technicienne tenace et loyale, elle est perçue par la macronie comme ayant fait ses preuves au gouvernement pendant tout le précédent quinquennat, des Transports au Travail en passant par l'Écologie. Cette ancienne directrice de cabinet de Ségolène Royal avait également le mérite d'appartenir à l'aile gauche de LREM. L'hypothèse de sa nomination était toutefois vue avec circonspection par certains proches d'Emmanuel Macron jugeant le profil de cette ingénieure devenue préfète "pas assez politique", alors qu'elle se frottera pour la première fois au suffrage universel lors des législatives de juin dans le Calvados - une candidature qu'a confirmée son entourage lundi soir. Pas de mandat national ou local dans le parcours d'Élisabeth Borne donc, certains évoquant à ce titre un manque d'"ancrage" politique de terrain.

Transports, Transition écologique, Travail

Deuxième femme nommée Première ministre sous la Ve République, Élisabeth Borne, 61 ans, est diplômée de l'École nationale des Ponts et chaussées et de Polytechnique, avec une carrière de haut fonctionnaire marquée par plusieurs postes en cabinet ministériel et ponctuée de passages dans le privé. Ministère de l'Équipement, direction régionale de l'Équipement d'Île-de-France, conseillère au ministère de l'Éducation nationale auprès de Lionel Jospin puis de Jack Lang, passage à la Sonacotra (Adoma) en tant que directrice technique… avant de rejoindre en 1997 le cabinet de Lionel Jospin à Matignon en tant que conseillère technique chargée des transports pendant cinq ans. Elle sera ensuite directrice de la SNCF, directrice des concessions chez Eiffage, directrice générale de l'urbanisme à la mairie de Paris sous Bertrand Delanoë puis nommée préfète de la région Poitou-Charentes et de la Vienne. Retour en cabinet en 2014 en tant que directrice de cabinet de Ségolène Royal au ministère de l'Écologie. Elle prendra un an plus tard la tête de la RATP.

Après l'élection d'Emmanuel Macron en 2017, Élisabeth Borne avait d'abord géré le portefeuille des Transports dans les gouvernements d'Édouard Philippe, où elle a mené à son terme la réforme de la SNCF et porté la loi d'orientation sur les mobilités (LOM). Elle avait ensuite remplacé François de Rugy comme ministre de la Transition écologique et solidaire lors du remaniement de juillet 2019.

À son arrivée au ministère du Travail en remplacement de Muriel Pénicaud en juillet 2020, déjà en pleine crise sanitaire, elle a notamment géré le dossier de la réforme de l'assurance chômage. Présentée en mars 2021 dans une version "adaptée" à la crise, cette réforme est pleinement entrée en vigueur en décembre, après avoir été un temps suspendue. À son actif, le plan "Un jeune, une solution". Elle avait aussi hérité du dossier des retraites un temps remisé. Elle a multiplié ces derniers mois les interventions dans les médias pour défendre l'action du gouvernement, notamment le "bouclier anti-licenciement" du chômage partiel.

Témoignage comme un autre du fait que ses postes successifs l'ont amenée à piloter ou suivre des dossiers impliquant les collectivités : les archives de Localtis comptent pas moins de 472 articles mentionnant le nom d'Élisabeth Borne !

La nouvelle équipe gouvernementale, promise resserrée, est désormais attendue dans les prochains jours... en attendant les élections législatives des 12 et 19 juin.

  • Les premières réactions côté élus locaux

Intercommunalités de France – L'association représentant l'intercommunalité (ex-ADCF) affirme avoir "toujours entretenu des relations constructives avec l’ancienne ministre du Travail", avec laquelle elle a signé "un accord de partenariat en faveur de l’emploi et des qualifications dans le cadre du plan de relance". En tant que ministre des Transports, c'est la préparation de la LOM qui avait donné lieu à des échanges. Aujourd'hui, Intercommunalités de France espère notamment pouvoir échanger avec Matignon sur les sujets de réindustrialisation, de transition écologique et énergétique, de cohésion sociale et territoriale.

Régions de France – Les élus régionaux "veulent croire qu’Élisabeth Borne aura à cœur de s’appuyer sur une méthode partenariale pour relancer les relations entre l’État et les régions, et construire le partenariat stratégique dont notre pays a tant besoin dans le domaine de la transition écologique et de la souveraineté industrielle". L'association rend "hommage au travail accompli par Jean Castex", marqué par "un attachement constant aux territoires".

Départements de France – François Sauvadet, le président de l'Assemblée des départements de France (ADF), a salué Jean Castex, "grand Premier ministre, fin connaisseur des territoires, des hommes et des femmes qui les animent, homme de dialogue, pragmatique", et évoqué "le travail que nous avons pu mener pour faire aboutir la loi 3DS". Il rappelle que les départements ont travaillé avec Élisabeth Borne "sur les questions d’insertion" et souhaite pouvoir "poursuivre le dialogue pour redonner aux départements une capacité d’agir".

Maires ruraux – Le président de l'Association des maires ruraux de France (AMRF), Michel Fournier, sollicitera "très rapidement un entretien" avec Élisabeth Borne. "Et son expérience peut-être plus urbaine que rurale ne sera en aucun cas pour nous un prétexte pour ne pas porter l'exigence des habitants ruraux, au contraire", indique Michel Fournier, qui compte lui soumettre "les 100 mesures rurales qui devront être à l'agenda politique dans les prochains mois".

 

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