Crise financière - Mesures en faveur de l'accès au crédit bancaire : réactions mitigées des élus locaux

Le président de l'Association des maires de France (AMF) s'est félicité de la création par le gouvernement d'une enveloppe de 5 milliards d'euros destinée au financement des investissements des collectivités locales (voir ci-contre notre article "Cinq milliards d'euros pour le "refinancement" des collectivités"). L'annonce faite le 20 octobre par le Premier ministre est "essentielle", explique Jacques Pélissard, "dans la mesure où l'investissement public local constitue un levier majeur du soutien à la croissance économique du pays".
De son côté, le président du Sénat a salué "la réactivité" de François Fillon. L'enveloppe promise, qui sera financée par les fonds d'épargne de la Caisse des Dépôts, "devrait permettre de fournir les ressources nécessaires pour permettre aux collectivités de faire face aux graves incidences que l'assèchement du crédit pourrait engendrer et de poursuivre les plans d'investissement engagés", a souligné Gérard Larcher dans un communiqué. Il ajoute que la future réforme des collectivités territoriales "devra prendre en compte les aléas comme ceux qui apparaissent actuellement".
La réaction de l'Association des petites villes de France est plus mitigée. Si l'APVF salue une "prise de conscience de la gravité de la situation", elle estime que 5 milliards d'euros "ne suffiront pas à soutenir l'investissement public local et à relancer véritablement la croissance économique". Les élus des petites villes rappellent aussi que la croissance des dotations de l'Etat prévue par le projet de budget pour 2009 sera inférieure à l'inflation réelle et donc que les collectivités locales verront leur "pouvoir d'achat" reculer.
Son de cloche très proche du côté de l'Assemblée des départements de France (ADF). Les mesures du gouvernement sont "encourageantes mais insuffisantes", déclare le président de la commission finances et fiscalité locales. "Lors des appels d'offres que passent les collectivités, les banques ne répondent plus qu'à hauteur de 30% du montant demandé", témoigne Pierre Izard, qui préside le conseil général de Haute-Garonne. En outre, "les mesures prises ne vont pas régler le vrai problème : celui de la crise économique qui s'annonce", indique-t-il.

 

T.B. / Projets publics

 

Bataille de chiffres

Quel est le poids des produits structurés dans la dette des collectivités locales ? Selon l'agence Fitch Ratings, ces emprunts indexés sur des indicateurs boursiers ou des cours de change monétaires représenteraient entre 30 et 35 milliards d'euros, soit près du quart de l'encours total de dette des administrations publiques locales. La "dette spéculative" représente "entre 5% et 10%" seulement de la dette totale des collectivités locales, affirme de son côté l'Association des petites villes de France, faisant référence à des informations qui lui ont été communiquées par son vice-président, Philippe Laurent.
Le président de la commission des finances et de la fiscalité locales de l'ADF minimise lui aussi les chiffres avancés par Fitch. "Il faudra faire le bilan sur 20 ans", conclut-il, car "les collectivités locales ont payé moins cher [ndlr : leurs crédits] pendant cinq ans".
Selon la dernière note de conjoncture établie par Dexia, l'encours de dette des collectivités locales s'établira fin 2008 à 126 milliards d'euros.