Culture - Mesures de protection du patrimoine : bientôt trois dispositifs au lieu de dix ?
Aurélie Filippetti a profité des 30e Journées européennes du patrimoine pour présenter, le 13 septembre, "les nouvelles mesures de sa politique en faveur du patrimoine". Après avoir rappelé le rôle "irremplaçable" de l'Etat en la matière, la ministre de la Culture a rappelé les grandes lignes du futur projet de loi sur les patrimoines. Elle n'a toutefois apporté que peu de précisions nouvelles par rapport à ce qui en était déjà connu depuis l'annonce du projet à l'automne dernier (voir nos articles ci-contre du 19 novembre et du 14 septembre 2012). Elle n'a pas non plus indiqué de perspectives pour d'adoption du texte, se contentant d'indiquer qu'il "sera prochainement présenté au Parlement".
Simplifier pour mieux protéger
Le projet de loi "devra répondre aux nouvelles questions posées par l'aménagement des territoires, l'accès des publics aux différentes formes de patrimoine, la transmission aux générations futures de la richesse culturelle de notre pays". La principale novation devrait être la simplification du dispositif de protection, avec le passage de la dizaine de catégories actuelles à seulement trois : sites historiques, sites classés et abords. Le projet de loi prévoit toutefois de créer un label spécifique "Patrimoine du XXe siècle". Par ailleurs, un plan local d'urbanisme à caractère patrimonial (ou un plan de sauvegarde et de mise en valeur) devra être élaboré dans les cités historiques. Le projet de loi harmonisera également les délais et procédures d'avis dans les cités historiques et les abords.
Aurélie Filippetti a aussi annoncé son intention de profiter du projet de loi pour mettre en œuvre les propositions du rapport d'Alain Seban - le président du Centre Pompidou - sur la dynamisation de la circulation des collections publiques sur l'ensemble du territoire. Il s'agira notamment de lever les contraintes juridiques et techniques qui pèsent sur la circulation des œuvres. Mais la ministre compte aller plus loin et souhaite que, "sur le fondement de ce qui est proposé dans le rapport Seban, le ministère de la Culture et de la Communication mette en place un dispositif de circulation des œuvres conservées dans les fonds régionaux d'art contemporain ou les musées vers des lieux tels que, par exemple, l'entreprise".
Le Centre des patrimoines de Cergy-Pontoise définitivement enterré
Le dossier accompagnant la conférence de presse présente également une douzaine de chantiers du ministère en matière de patrimoine. Certains en sont au stade du simple projet, comme la renaissance du Musée national de la voiture et du tourisme à Compiègne (créé en 1927, mais qui n'est ouvert que partiellement) ou la création du Centre de conservation et d'étude des mobiliers issus d'opérations archéologiques sous-marines dans le quartier de l'Estaque à Marseille (où se trouve déjà le département des recherches archéologiques subaquatiques et sous-marines du ministère de la Culture).
Mais on retiendra surtout l'installation des réserves du musée du Louvre - toujours menacées par une crue centennale - "à proximité immédiate du Louvre-Lens". Selon le ministère, cette implantation traduit l'ancrage territorial renforcé du Louvre dans la région Nord-Pas-de-Calais et correspond au souhait des collectivités territoriales concernées". Elle signe aussi l'enterrement définitif du projet d'un Centre de réserves et de restauration à Cergy-Pontoise. Toutefois, le ministère de la Culture "approfondira parallèlement son partenariat avec Cergy", autour du projet de laboratoire Patrima, centre de ressources et d'expertise autour de la conservation et de l'entretien du patrimoine. Mais ce projet reste encore très flou et le dossier de la conférence de presse - pourtant consacrée au patrimoine - le garde d'ailleurs de la citer.
Le coût de la nouvelle opération Louvre-Lens devrait être de 60 millions d'euros - partagés à parts également entre le musée du Louvre (grâce aux revenus du Louvre-Abou Dabi) et les collectivités territoriales - pour un bâtiment d'une superficie d'environ 23.500 m2.