Médicosocial : tout le monde veut une prime et doute que les départements en aient les moyens
Pas moins de 18 associations du secteur social et médicosocial (*) adressent une lettre ouverte au président de la République pour s'inquiéter du sort de la prime exceptionnelle. Les signataires rappellent que "le gouvernement a rapidement mis en avant l'idée d'une prime exceptionnelle pour valoriser le rôle des soignants dans la crise. Cette initiative, tout à fait adaptée à la situation et méritée par les personnes concernées, a été peu après étendue aux professionnels des Ehpad". De nombreuses associations ont alors fait valoir "le nécessaire élargissement" de cette prime à tout le secteur social et médicosocial (protection de l'enfance, insertion, handicap...).
Selon les signataires, "de nombreux interlocuteurs ministériels ont salué la pertinence de cette demande, et nous ont affirmé qu'elle allait recevoir une réponse positive de la part des pouvoirs publics", accord de principe qui "a pu être confirmé à de nombreuses reprises". Mais, "le temps qui passe fait naître quelques incertitudes quant à la décision de sa mise en œuvre". La remarque vise notamment l'absence de textes, mais aussi "l'idée que la prime ne serait pas la même pour tous les professionnels concernés, certains allant jusqu'à annoncer que son attribution et son montant seraient laissés à l'appréciation des financeurs concernés".
Conséquence : "Nous ne pouvons plus nous satisfaire de cet accord de principe fragilisé par cette confusion". Les signataires réaffirment donc "avec force" la nécessité d'accorder une prime à tous les professionnels du secteur, avec "une mise en œuvre rapide". Mais ils s'inquiètent aussi des incertitudes qui subsistent du côté de départements. Les associations considèrent en effet que "compter sur l'engagement des départements à octroyer cette prime ne saurait tenir que si l'État est directement le financeur et le garant et que, par conséquent, une dotation spécifique soit prévue dans le cadre de la prochaine loi de finances rectificative". Disposition qui ne figure pas dans le troisième projet de loi de finances rectificative présenté au conseil des ministres du 10 juin (voir notre article ci-dessous du même jour).
L'interview donnée à Localtis par Jean-René Lecerf - président de la commission "finances locales" de l'ADF (Assemblée des départements de France) et président du conseil départemental du Nord – ne devrait pas vraiment les rassurer (voir l'interview ci-dessous du 11 juin 2020). Sur la prime aux services d'aide à domicile (Saad), par exemple, il explique que "l'État nous autorise à le faire, mais sans apporter un centime". En pratique, quelques départements – dont le Nord (voir notre article ci-dessous du 9 juin 2020) – ont commencé à verser une prime, mais avec des modalités, voire des montants très variables.
(*) ANMECS, ANPF, Apajh, APF France Handicap, Citoyens & Justice, Cnape, Cnaemo, CNDPF, Croix-Rouge française, Fehap, Fnat, FN3S, FNLV, Gepso, GNDA, Nexem, Unapei et Uniopss.