Santé - Marisol Touraine : les hôpitaux doivent s'engager dans une logique territoriale
Inaugurant, le 20 mai, les salons de la Santé et de l'Autonomie - organisés par la Fédération hospitalière de France et qui regroupent les salons HopitalExpo, GerontHandicapExpo et Health-ITExpo -, Marisol Touraine a prononcé un discours très attendu sur la place des hôpitaux dans la stratégie nationale de santé et levé le voile sur la future "loi de santé".
Tout en "revendiquant pleinement [sa] rupture avec la loi HPST [Hôpital, patients, santé et territoires, ndlr], avec son esprit, avec sa méthode", la ministre des Affaires sociales et de la Santé a affirmé que "le service public hospitalier n'a pas vocation à rester figé" et indiqué vouloir "aller plus loin sur la réforme du financement", notamment en faisant évoluer la T2A (tarification à l'activité). Elle a toutefois reconnu qu'"en 2013, nous avons eu des désaccords. En tout cas de l'incompréhension. Il y a eu la volonté partagée de les dissiper, de les dépasser pour la campagne 2014". Mais ceci ne dispensera pas le secteur hospitalier de "nouveaux efforts". La ministre n'a pas cité de chiffres, mais elle avait elle-même évoqué, il y a un mois, celui de trois milliards d'euros d'économies supplémentaires à l'horizon 2017.
"Une responsabilité nouvelle vis-à-vis de son territoire"
Marisol Touraine a également détaillé la place de l'hôpital public dans la stratégie nationale de santé, qui sera mise en œuvre par la future loi de santé. Sur ce point, elle a indiqué que "l'hôpital doit assumer une responsabilité nouvelle vis-à-vis de son territoire". En d'autres termes, l'enjeu n'est plus de raisonner par structure - ce qui pousse à la rivalité et au cloisonnement -, mais "en fonction des besoins de santé identifiés en proximité". Avec pour conséquence un accent très fort mis sur la coopération et la mutualisation. La ministre de la santé a ainsi donné sa vision d'"un hôpital ultra-connecté avec l'ensemble des offreurs de soins, évidemment, mais aussi avec tous les acteurs du monde social et médicosocial de leur bassin de vie".
Cela passe notamment par une relance du dossier médical partagé (DMP), véritable serpent de mer aujourd'hui enlisé. La mise en place d'un "DMP 2" sera donc au cœur de la loi de santé. Ce nouveau DMP bénéficiera en priorité aux patients atteints de maladies chroniques et aux personnes âgées relevant des expérimentations Paerpa (personnes âgées en risque de perte d'autonomie), prévues par l'article 48 de la loi de financement de la sécurité sociale pour 2013. Autre mesure annoncée dans le même esprit : la généralisation d'une "lettre de liaison" à chaque sortie de patient, afin de faire le lien entre l'hôpital et la médecine ambulatoire.
Hôpitaux locaux : toute leur place, mais pas tous leurs lits
Sur le sujet délicat de l'avenir des hôpitaux locaux, Marisol Touraine a affirmé vouloir "rassurer les hôpitaux de proximité, qui assurent des prises en charge sur l'ensemble du territoire". Ces établissements sont en effet "un élément clé des parcours de soins parce qu'ils sont au croisement des soins de ville, de l'hôpital et du secteur médicosocial" et "ont ainsi toute leur place dans la stratégie nationale de santé". Recevant les administrateurs de la FHF le 28 avril dernier, la ministre de la Santé s'était dite toutefois "pas favorable à un moratoire sur la fermeture des lits sanitaires dans les hôpitaux locaux", selon le compte-rendu de la Fédération.
Qualité des soins et nouvelles pratiques
La loi de santé devrait également comporter des dispositions sur la qualité des soins, la lutte contre les actes inutiles et le développement de nouveaux modes de prise en charge, comme la chirurgie ambulatoire. Elle proposera aussi de "nouvelles manières de travailler à l'hôpital". Ceci suppose en particulier de "redonner du sens aux pôles et à leur mode de fonctionnement", mais aussi de "poursuivre le rééquilibrage de la gouvernance, afin de renforcer la cohérence de l'exécutif des établissements". Le projet de loi devrait aussi proposer des mesures sur l'attractivité des carrières pour les médecins à l'hôpital et le renouveau du dialogue social.
Si la FHF est plutôt favorable aux grandes lignes de la stratégie nationale, elle n'a en revanche pas été convaincue par les mesures budgétaires. Son président Frédéric Valletoux (maire de Fontainebleau) a évoqué une politique "du rabot" et contesté le caractère surévalué de certaines économies annoncées, par exemple grâce à la chirurgie ambulatoire. Dénonçant le "bureaucratisme débridé" qui noie les établissements sous un flot de circulaires, il a invité le gouvernement à étendre le choc de simplification aux hôpitaux.