Biodiversité - Marais poitevin : un nouveau départ pour le parc naturel
Deuxième zone humide de France, le parc interrégional du marais poitevin s'étend sur 160.000 hectares et compte 180.000 habitants. Il est aujourd'hui géré par un syndicat mixte qui œuvre depuis sa création à la rédaction d'une charte pour retrouver le précieux label de parc naturel régional (PNR) perdu en 1996. Déclassement exceptionnel dans l'histoire des PNR et dû au défaut de préservation suffisante de cette zone humide face à l'agriculture intensive. Dans le même sens, en 1999, la Cour de justice européenne avait condamné la France pour manquement à la directive Oiseaux, avant de classer l'affaire en 2005 après la désignation de nombreux nouveaux secteurs en zone de protection spéciale (ZPS).
Un large consensus autour de la charte
La nouvelle charte a été votée à la quasi-unanimité des adhérents du parc (93 sur 95 communes, 3 départements, 2 régions), contrairement à la première refusée par la moitié des communes en 2006 et recalée également par le CNPN. "Malgré les conflits d'usage, nous avons réussi à mettre tout le monde autour d'une table, sans drames et dans un climat apaisé", se réjouit Yann Hélary, président du parc interrégional. Les acteurs politiques locaux, Delphine Batho et Ségolène Royal en tête, ont tous salué cette "avancée importante" comme le souligne également Elisabeth Borne, préfète de la région Poitou-Charentes. Le décret de labellisation devrait être publié en mai prochain.
Un engagement pour 12 ans
La charte contient un programme d'actions pour une période de 12 ans concernant la biodiversité, l'urbanisme, le développement économique, etc. "Il s'agit par exemple de reconquérir la zone humide en modifiant la gestion hydraulique (arrêt du drainage), en restaurant les cours d'eau ou en instaurant des pratiques agricoles alternatives", illustre la préfète coordinatrice, également présidente de l'établissement public du marais poitevin (EPMP). Créé par la loi Grenelle 2 de 2010, cet EPMP est l'organisme unique en matière de règlements d'eau et de gestion quantitative*. Le sujet de la répartition de la ressource en eau ne relève donc plus du parc et ne figure pas dans la charte. "Notre objectif est de trouver un bon compromis entre des enjeux contradictoires. Tout en sachant que des niveaux d'eau élevés sont un préalable indispensable à la restauration de la biodiversité", expose la présidente.
Un compromis difficile
L'enthousiasme est bien moindre du côté de la coordination pour la défense du marais poitevin. "Pour obtenir un consensus et sous prétexte de la création de l'EPMP, la charte a été vidée de son contenu par rapport à la précédente. Pour nous, le label est moins important que la consolidation de l'EPMP. La labellisation est un nouveau départ pour le parc qui devra démontrer qu'il est à la hauteur des ambitions d'un PNR", conclut François-Marie Pellerin, président de l'association.
Sylvie Luneau / Victoires-Editions
* A noter que depuis le 1er janvier 2014, l'institution interdépartementale du bassin de la Sèvre niortaise gère le domaine public fluvial.