Finances locales - Malgré la reprise de 2017, l'investissement public local demeure à "un niveau faible"

L'Observatoire des finances et de la gestion publique locales (OFGL) s'est penché sur la situation de l'investissement local. Conclusion : la nette reprise de l'an dernier (+6,5%) ne lui a pas permis de retrouver le niveau moyen atteint au cours des 20 dernières années.

On savait depuis la présentation fin janvier du dernier baromètre de la commande publique de l'Assemblée des communautés de France (ADCF) et de la Caisse des Dépôts que l'investissement public, tous secteurs compris, a connu enfin en 2017 une franche reprise, estimée à +7,1%. En hausse de 5,1 milliards d'euros, l'investissement public a représenté l'an dernier une dépense de 77,3 milliards d'euros, selon ce baromètre. Lequel précisait que les collectivités territoriales sont à l'origine de plus de la moitié de ce redécollage (54%).
Une étude, que l'Observatoire des finances et de la gestion publique locales (OFGL) placé auprès du Comité des finances locales (CFL) a dévoilée à la presse ce 27 mars, confirme la reprise l'an dernier des dépenses d'équipement des collectivités territoriales, en l'estimant à 6,5%. La quatrième année du mandat municipal est traditionnellement propice à la montée en puissance des investissements des communes et de leurs groupements, a rappelé André Laignel, président de l'observatoire. L'élu socialiste a aussi jugé que la décision prise sous le quinquennat de François Hollande de mobiliser un milliard d'euros pour soutenir l'investissement local a eu "un effet direct".
S'il se réjouit de ce regain de santé des dépenses des collectivités en faveur des équipements locaux, le maire d'Issoudun n'en reste pas moins inquiet. Entre 2014 et 2016, ces dépenses ont connu un recul sans précédent de 22% (en euros constants). L'observatoire a comparé le niveau des investissements de 2017 avec le niveau moyen des 20 dernières années, en neutralisant la hausse des prix et de la population. L'investissement réalisé l'an dernier apparaît alors inférieur de 5 milliards d'euros, soit de près de 13% par rapport à la moyenne sur longue période.

Base de données sur l'investissement local

"On reste à un niveau d'investissement extrêmement faible", a souligné Thomas Rougier, secrétaire général de l'OFGL. "On peut soulever des inquiétudes sur la situation du patrimoine public", pointe la note remise à la presse. Un report ou un étalement des travaux d'entretien sur les infrastructures peut permettre de réaliser des économies à court terme, mais s'avérera sur longue période plus coûteux pour les derniers publics, a dénoncé pour sa part André Laignel : les travaux qu'il faudra engager après plusieurs années de sous-investissement seront plus conséquents.
Au-delà de ces constats ponctuels, l'observatoire compte contribuer activement à l'information sur l'investissement public local. Son prochain objectif est la mise en place, en principe au mois de mai 2018, d'une plateforme de données sur le sujet. L'utilisateur pourra sélectionner un groupe de communes ou de départements, ce qui générera "la production d'une sorte de data visualisation sur l'investissement (des budgets principal et annexe)", a expliqué Thomas Rougier. L'outil permettra "à chaque collectivité de savoir où elle en est, de savoir si ses modèles de financement sont performants ou pas", a complété André Laignel.
Opérationnel depuis octobre dernier, l'observatoire créé par la loi Notr du 7 août 2015 a réalisé deux autres études, l'une sur les subventions d'équipement versées entre collectivités locales, l'autre, encore provisoire, sur les dégrèvements, abattements et exonérations de fiscalité directe locale et leur compensation. Localtis reviendra sur ces travaux dans ses prochaines éditions.