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Economie / Environnement - Lutte contre le gaspillage alimentaire : les recettes du rapport Garot

Remis à Ségolène Royal et à Stéphane Le Foll le 14 avril, le rapport de l'ancien ministre Guillaume Garot sur le gaspillage alimentaire propose notamment de rendre obligatoire le don des invendus consommables aux associations qui en font la demande et d'organiser des assises territoriales de la lutte contre le gaspillage alimentaire débouchant sur des agendas locaux.

"Lutter contre le gaspillage alimentaire, c'est s'engager pour une société plus solidaire et plus responsable", affirme Guillaume Garot dans l'introduction de son rapport sur le sujet qu'il a remis le 14 avril aux ministres de l'Ecologie et de l'Agriculture. "Aujourd'hui, il nous faut passer une nouvelle étape contre le gaspillage alimentaire, poursuit le député PS de la Mayenne et ancien ministre chargé de l'agroalimentaire. Les bonnes volontés ne suffisent plus. Nous avons besoin d'une véritable mobilisation collective pour bâtir cette politique et ce nouveau modèle, autour d'un objectif simple : diviser de moitié le gaspillage d'ici 2025." Chaque Français jette de 20 à 30 kg de nourriture par an. Pour l'ensemble de la chaîne alimentaire, 140 kg par habitant sont jetés. Le coût du gaspillage alimentaire est évalué entre 12 et 20 milliards d'euros par an, rappelle Guillaume Garot dans son rapport. "L'alimentation n'est pas une marchandise comme les autres. Il faut tout faire pour ne plus jeter. C'est un scandale éthique et aussi une question de pouvoir d'achat", souligne l'ancien ministre.

Journées locales de collecte

Face à ce phénomène "inconscient et irrationnel", il faut commencer par faire oeuvre de pédagogie auprès du grand public, en l'éclairant notamment sur les dates de consommation, et en organisant des "journées locales de collecte". "Ces journées doivent permettre à chacun de connaître les actions solidaires de son quartier, de connaître les associations, d'organiser des actions de solidarité durables, de recruter de nouveaux bénévoles, de mobiliser les commerçants, les écoles", indique le rapport qui précise que les entreprises de distribution, les associations et les collectivités locales peuvent en prendre l'initiative. Plusieurs mesures fortes visent la grande distribution pour qui le rapport réclame une stricte "interdiction de jeter", en critiquant notamment l'habitude de "javelliser" les denrées jetées pour les rendre impropres à la consommation, une pratique régulièrement dénoncée par les ONG.

Invendus : dons obligatoires aux associations

"Nous considérons que la grande distribution doit mettre en oeuvre différents leviers pour ne plus avoir à jeter", souligne Guillaume Garot. Il suggère notamment une meilleure gestion des stocks et "des rayons anti-gaspillage, proposant des produits qui approchent de la date de péremption, vendus moins cher". Mais, également, "donner au consommateur les bonnes informations accessibles et lisibles" sur l'état du produit. Surtout le rapport propose de rendre obligatoire le don des invendus alimentaires consommables à toute association caritative habilitée qui en fait la demande. Cette obligation pourrait faire l'objet d'un amendement dans le projet de loi sur la transition énergétique pour la croissance verte, a indiqué le ministère de l'Ecologie. En attendant, le Sénat a déjà autorisé le 10 avril les supermarchés à distribuer les invendus alimentaires à des associations, à l'occasion de l'examen sur le projet de loi Macron. Si les denrées ne peuvent plus être consommées par les humains, le rapport Garot préconise de créer de nouveaux circuits, vers l'alimentation animale ou la valorisation énergétique à travers la méthanisation.

Agence nationale contre le gaspillage alimentaire et assises territoriales

Du côté des producteurs, il reconnaît que la part des agriculteurs dans le gaspillage alimentaire en France est "faible". Mais ils doivent disposer de solutions en cas de surproduction ou d'aléas économiques, comme cela s'est produit depuis l'été dernier avec l'embargo qui a brutalement fermé le marché russe aux produits agricoles européens. Guillaume Garot propose ainsi d'élargir à tous les produits agricoles le mécanisme déjà appliqué au lait, "qui permet aux producteurs agricoles de bénéficier de la défiscalisation dans le cadre de l'aide alimentaire", y compris quand le produit est transformé ou conditionné.
L'ancien ministre propose aussi des outils de politique publique pour encourager ce changement de pratiques, dont la création d'une agence nationale contre le gaspillage alimentaire qui aiderait à "lever les verrous et les blocages administratifs", ainsi que 1.000 contrats de service civique pour aider les collectivités à mener des actions de proximité contre le gaspillage alimentaire. Il suggère aussi d'organiser des assises territoriales de la lutte contre le gaspillage alimentaire qui devront déboucher sur la constitution d'un agenda local contre le gaspillage. Celui-ci devra être conçu comme "un véritable programme de travail pour les collectivités et les populations concernées, avec des objectifs quantifiés, des moyens et des projets identifiés, un programme d'évaluation des actions, ainsi qu'un calendrier précis et partagé." Cet agenda pourra être adossé au plan local de prévention des déchets et à un programme alimentaire territorial et s'appuyer, par exemple, sur les circuits d'approvisionnement local ou s'articuler avec la réforme des temps périscolaires, en proposant des actions spécifiques aux écoles, précise encore le rapport. 

 

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