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Lutte contre la radicalisation dans le sport : l'Ile-de-France proposée comme région pilote

Le gouvernement a proposé jeudi  30 novembre, de faire de l'Ile-de-France la région pilote du futur plan gouvernemental de lutte contre la radicalisation dans le domaine sportif, surveillé de près en raison des "risques de contagion" parmi les licenciés.
"Si l'immense majorité des clubs comme des licenciés ne sont pas concernés, le sport n'est malheureusement pas pour autant à l'abri d'atteintes à la laïcité, mais aussi parfois de radicalisation islamiste", a expliqué à l'AFP Patrick Karam (LR), vice-président de la région, lors d'un colloque sur ce thème qu'il organisait à Paris.
Lors de cette rencontre, le chef de l'unité de coordination de la lutte antiterroriste (Uclat), Loïc Garnier, a indiqué que plus de 800 individus fichés pour radicalisation fréquentaient des clubs sportifs, "ce qui est significatif car ils (y) sont potentiellement contagieux" pour les autres licenciés.
"Si la majorité des personnes fichées pour radicalisation ne sont pas dans des clubs, en revanche une grande majorité de ceux qui sont passés à l'acte et ont commis des attentats en France - comme Mohamed Merah, les frères Kouachi ou Amedy Coulibay - et en Europe ont été licenciés sportifs", a souligné Patrick Karam.
Parmi les disciplines particulièrement surveillées figurent "le rugby à XIII, le basket-ball, les arts martiaux, les sports de combat (boxe, muay thaï, kickboxing), la musculation, le tir, le football ainsi que d'autres sports non encadrés par des fédérations comme le paintball, l'airsoft ou la MMA" (combat libre), a détaillé Patrick Karam.
Pour éloigner cette menace, la région Ile-de-France, qui compte 19.300 clubs et 2,4 millions de licenciés représentés par 74 ligues et comités régionaux, forme depuis 2017 des "référents" dédiés à la lutte contre la radicalisation. Ils sont chargés d'aider les clubs à reconnaître les signes d'une éventuelle radicalisation, vérifier s'ils sont fondés et donner l'alerte le cas échéant.
La région prévoit d'amplifier le mouvement en 2018 en dépêchant "des formateurs de formateurs" auprès des ligues, comités et clubs.
Lors du colloque, Muriel Domenach, secrétaire générale du comité interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation (CIPDR), a proposé que la région Ile-de-France "devienne pilote du développement des mesures qui seront actées dans ce prochain plan de prévention de la radicalisation".
Le gouvernement doit arrêter d'ici à la fin de l'année un nouveau plan national contre la radicalisation qui sera inspiré des plans d'actions établis par les préfets dans les départements touchés par l'extrémisme islamiste, à l'origine de nombreux attentats ces dernières années en France.
"Nous devons nous attaquer à la racine du problème" et "travailler en profondeur en particulier (...) pour lutter contre la ghettoïsation de certains quartiers", avait souligné en octobre le président Emmanuel Macron en annonçant ce plan qui "sera arrêté à l'occasion d'un comité interministériel".
Aucun pays n'a encore trouvé "la baguette magique" pour éradiquer la radicalisation, mais il faut "que l'on travaille à partir des bonnes pratiques, celles qui fonctionnent, et de la mobilisation des élus" locaux, a ajouté Muriel Domenach.
La France compte "autour de 500 détenus très radicalisés et 1.500 personnes en voie de radicalisation", avait souligné début novembre la ministre de la Justice, Nicole Belloubet, pour souligner l'urgence de mettre en place de nouveaux dispositifs de déradicalisation.